Restos / Bars

Eighteen : C'est si bon…

Eighteen, dans son opulent immeuble de la rue York, ne se contente pas de "faire beau". Il offre aux yeux, et plus encore aux papilles, une cuisine sûre, belle et inventive.

Pousser la porte monumentale qui isole Eighteen du brouhaha de la rue a toujours quelque chose de solennel. On entre dans un ailleurs branché, un peu m’as-tu-vu, convenons-en, mais ô combien séduisant. Plafonds aériens soutenus par de majestueux murs de pierre; salle plus intimiste et bar branché, en mezzanine; décor léché. L’accueil est vif et efficace, tout comme le service.

Et parlons-en, du service! J’aurais pu intituler cette chronique "Hommage à Théo"… car une assiette, si belle et bonne soit-elle, perd de son panache lorsqu’elle est servie sans grâce. Retrouver ici ce Théo qui a fait les beaux jours du défunt Bistro 1908 m’assure d’un service hautement professionnel.

Mais parlons cuisine. Depuis novembre dernier, Eighteen peut compter sur l’indéniable talent du chef Matthew Carmichael. Formé par les très grands John Taylor, chef du Domus Café, et Susur Lee, chef torontois réputé mondialement, Carmichael a adopté la philosophie de ses maîtres: une cuisine où les meilleurs ingrédients régionaux sont travaillés avec une créativité qui allie modernité et tradition.

En amuse-bouche, on nous présente une chips de patate rouge, décorée de truite fumée, de crème sure et d’une touche de caviar. Belle entrée en matière. Suit un boeuf Angus "à la Susur", clin d’oeil au mentor: fines tranches de boeuf saisies et parfumées d’un jus aux haricots noirs à la cantonaise, d’huile d’oignon et de gingembre. Un délice d’équilibre. Même plaisir pour le duo de crabe: une croquette moelleuse posée sur une mayonnaise au chipotle et décorée d’une julienne de pomme Gala; un crabe à carapace molle en tempura, posé debout, comme une invitation à danser, sur une purée de patates douces. Charmant et délicieux.

Chéri fait suivre d’une morue charbonnière laquée de miel et gingembre et servie sur une purée de carottes. Pois mange-tout délicats et asperges blanches complètent une assiette dont l’apparente simplicité et l’impeccable exécution ravissent. De mon côté, l’esprit plus "volatil", je me régale d’un copieux plat d’autruche rôtie, servie bien saignante, et accompagnée de purée de marrons, bettes à carde et pavé de navet décoré de collybies, ces minuscules champignons à la saveur si délicate. Un plat tout en finesse… qui ne laissera aucune place pour le moelleux au chocolat et sa glace au caramel dont je rêvais depuis mon premier coup d’oeil au menu. Ce sera pour la prochaine fois!

C’est donc avec un grand sourire que nous terminons nos verres de vin – offerts ici en formats 3 ou 5 onces, une attention qui me réjouit toujours! -, et nous acquittons d’une addition qui se monte à une centaine de dollars, avant vin, taxes et pourboire. Pas donné, mais la qualité se paie.

Eighteen
18, rue York
Ottawa
613 244-1188
www.restaurant18.com

NOTA BENE: Je signe ici ma dernière chronique resto pour Voir-Gatineau/Ottawa. Je tiens à remercier tous les fidèles lecteurs qui m’ont accompagnée dans mes pérégrinations, pour le meilleur et pour le pire, pendant ces sept années. Poursuivez l’exploration, car la bouffe… c’est la vie!