Nul besoin de demander: "Quoi de neuf?" La petite feuille volante vous saute littéralement aux yeux quand vous ouvrez la carte: "Nos dernières découvertes". Des fois, par jeu, on se fait languir. On fait semblant de ne pas l’avoir remarquée, on s’égare, plus loin, parmi la ribambelle de pizzas… au pistou, aux champignons, saumon, légumes grillés et toutime. Des astérisques rouges signalent la "Diabola" et la "Créole" aux amateurs de sensations brûlantes – ou mettent en garde ceux dont les papilles ne cherchent pas la bagarre. Il y a aussi ces fameux roulés, à l’italienne, végétarien, crevettes et cari, chèvre et prosciutto ou le torride "Mexicain". Les salades sont de tous types, mouillées de vinaigrette Piazzetta (au vinaigre de framboise): orange et poulet grillé, de Beauce (endives, pommes, pacanes et cheddar), chèvre chaud, pommes et camembert…

Quand celui qui nous a reçus vient nous signaler à brûle-pourpoint une recette "vraiment originale" de foie de veau, mon invitée ne peut réprimer une petite moue. Je m’apprête à acquiescer, mais elle me devance d’un "Le foie… moi, vous savez…" et ne termine pas sa phrase. Alors, on nous propose un essai, juste pour goûter, se faire une idée, etc. C’est de bon coeur et le oui finit par l’emporter. Sans doute pour se faire à l’idée ou éviter de trop y penser, mon invitée s’octroie une bonne rasade de vin rouge (d’importation privée) au nom charmant: Vin des nanas (Haut Médoc, 2004). Je lui donne la réplique avec ma Beck’s et nous précipitons le mouvement, tout à coup pressés de faire notre choix. Je me décide sans hésiter pour l’une des dernières découvertes de la maison. Mon invitée tournicote pour la forme autour des pizzas, puis se tape le… générique de la "Focaccia des îles grecques": pâte épaisse, tendre et croustillante, purée de figues, huile d’olive, féta, sauge de Crête, épinards, noix de pin grillées…

Arrive notre petite dégustation. Petite, c’est vite dit. En tout cas, ça vous embaume une petite table. Pasta au romarin, parmesan râpé et branche de persil pour l’accompagnement ou la décoration, c’est selon. Moi, je n’ai d’yeux que pour les beaux morceaux de foie de veau, luisants, et pour les deux sauces qui les escortent. L’une est aux deux moutardes (de Meaux et de Dijon); l’autre, à la grappa et aux raisins de Corinthe. Ma préférée? Tantôt l’une, tantôt l’autre – car chacune donne, à sa façon, un caractère particulier au foie de veau, savoureux en lui-même, qu’on se surprend en outre à trouver à ce point moelleux, sans amertume aucune. "Je n’en reviens pas", murmure mon invitée, comme à regret. Moi j’y reviens, encore et encore, sauces à l’appui, et ne lésinant pas le moins du monde sur les bouchées de pain.

Après une telle pré-entrée, je me sens encore d’attaque pour le gratin d’escargots au camembert (et champignons, ail, pistou, basilic frais…) – généreusement drapé de ce fromage marbré de petites brûlures. Le même avait fait mes délices la dernière fois. Nous échangeons donc les politesses d’usage et, puisqu’elle est venue pour ça, la petite assiette se dénude sans fausse pudeur. Mon invitée termine au ralenti sa chaude et délicieuse soupe aux lentilles italiennes – garnie de carottes, de poivrons, de tomates, d’orge, etc. Avant même d’être desservis, nous nous disons tout bas que nos plats de résistance sont destinés au doggie bag. Nous les accueillons crânement et goûtons chacun aux deux assiettes. D’abord, les penne au pesto et lanières de poulet, noix de pin grillées, tomates séchées avec, par-dessus, du bon parmesan frais. De la suavité en continu! Ensuite, les "Pâtes farcies del cacciatore", farce de cerf rouge, de porc, de pancetta, oignons verts, vin rouge, épices à gibier à l’italienne (romarin, genièvre, poivre noir, sauge, macis), oignons sautés au vin blanc, crème, sauce aux cèpes… Autant de saveurs qui vous investissent la bouche, se faufilent partout, vous flattent, vous picotent, vous apaisent les muqueuses. On aura beau dire, l’appétit a des ressources insoupçonnées!… Nos doggie bags seront moins garnis que prévu, mais tant pis. Pour ne pas terminer le repas de manière trop abrupte, nous commandons pour deux un gâteau royal praliné. Et deux cafés bien serrés.

La Piazzetta Saint-Louis
3100, rue de la Forêt
Québec
Tél.: 418 650-6655
Table d’hôte à partir de 16 $
Menu du jour à partir de 7,50 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 61,35 $

Cuisine :

Légende /
grande table : 5 étoiles
très bonne table, constante : 4 étoiles
bonne table : 3 étoiles
petite table sympathique : 2 étoiles
correcte mais inégale : 1 étoile