Bon, pas de vedette ce soir pour nous servir, mais en fait, on s’en fout. À la place, une adorable bénévole qui multiplie désespérément les efforts pour avoir l’air d’une pro. Ne vous inquiétez pas, la sociologie vous va très bien! Nous étions d’humeur taquine ce soir-là, ce qui a détendu l’atmosphère. Car ce n’est pas parce que Robin des Bois s’agrandit, et s’enrichit, qu’il faut qu’il se prenne pour un autre. Non mais. Bref, nous étions trois gars, à la mine très détendue, mais prêts à disserter sur les bienfaits du concept de Robin des Bois. Antoine, un copain français de passage, a trouvé qu’un resto qui remet ses profits à des organismes de charité, "c’est top!". C’est vrai qu’on est fier: ils ont quand même reversé 30 000 $ après seulement un an d’existence.

Comment ils ont fait? En invitant des bénévoles à s’occuper du resto. Notre serveuse en est la preuve, on ne lui en veut même pas.

DÉCO

Ils ont déménagé, disions-nous, et pour le mieux. Vachement joli, chez vous. On a fait un tour de regard des lieux. Spacieux, à la fois sobre et kitsch, l’espace style bistro est très convivial. Le bar très classe lui donne de la carrure. Une petite scène attend le spectacle. Ils n’ont pas manqué leur coup: c’est beaucoup plus grand, et pas mal beau. On a adoré les plafonniers, très 70’s, et le lustre… dites, vous l’avez acheté où?

DÉLICES

Rien de mieux qu’une bonne bière pour plonger le nez dans la carte. Alors, ce menu? Éclectique. Soupe à l’oignon, galettes de morue, ceviche de pétoncles, maquereau mariné au saké: on se balade sans trop se soucier où l’on va. Pas grave. La soupe à l’oignon est fondante, riche. On s’amuse à baigner les petites galettes de morue dans la trempette à la coriandre. On se régale de ce ceviche (plutôt un carpaccio…) de pétoncles, pour ses pointes de lime et, encore, de coriandre. On se bat, dommage, avec ce qui aurait pu être un excellent maquereau dans une "escabèche" de saké, s’il n’avait été trop cuit. Trois sur quatre: pas mal. Difficile d’échapper à l’indulgence lorsqu’on sait que des bénévoles s’énervent aussi en cuisine.

De toute façon, ils nous ont carrément épatés avec un plat: le tajine de mérou à la chermoula. La chair du poisson et les pommes de terre fondent carrément dans ces effluves d’ail, de cumin, de coriandre, d’olives et de citron. Du soleil comme vous n’en avez jamais eu, même après une semaine en République Dominicaine. Tout aussi séduisants, le jarret d’agneau, sauce au cidre et romaine et un risotto d’orge et chou mettent de très bonne humeur. L’onglet de boeuf, par contre, ne mérite pas de frites si mollassonnes. On se dit qu’ils finiront bien par apprivoiser leur nouvelle friteuse.

DESSERTS

Un brownie au cacao d’une légèreté époustouflante. C’est ce qu’on retiendra de la finale. Parce que, côté fromages, ils étaient vraiment trop faits. Mais nos hôtes ont été tellement polis. Vous êtes sûrs que vous ne désirez pas autre chose, à la place?

EMBALLANT /

Évidemment, on craque complètement pour le concept. Et on est bien content que Robin des Bois ait trouvé forêt à son pied. La cuisine est un peu fofolle, à la fois affriolante et réconfortante. La carte des vins amène son lot de surprises, comme ce Sherwood (!) néo-zélandais. Du bonbon pour petits gourmets.

DECEVANT /

Quelques erreurs qu’on pardonne, mais sur lesquelles il faudra se pencher: trop cuit, tiède ou mollasson, mieux vaut vérifier les plats avant de les servir.

COMBIEN? /

Tout à fait honorable. Une vingtaine de dollars à midi, une quarantaine en soirée, Robin des Bois est un voleur raisonnable. Et le pourboire va dans la caisse… de charité.

QUAND? /

De midi à minuit, tous les jours. C’est pas compliqué.

OU? /

Robin des Bois
4653, boulevard Saint-Laurent

On réserve, par prudence: 514 288-1010

On en apprend plus et on devient bénévole sur www.robindesbois.ca.

Antoine, justement, s’est promis de revenir, juste pour servir.