Il faut d’abord retrouver la rue Marguerite-D’Youville, qui n’a rien à voir avec la place D’Youville. Mais c’est tout près. Sur un angle de rues avec une vue imprenable sur le Vieux-Port. Au loin, on distingue les formes cubiques d’Habitat 67. Ce qui jure à peine avec l’atmosphère moderne du DNA. Si l’immeuble est ancien, les parois de verre et les lampes de métal qui habillent la salle sont résolument 21e siècle. En fait, "ça fait plutôt 2000", a rétorqué l’ami Jef. Du post-moderne un peu daté, si vous préférez. Qu’importe. Les amateurs de design sobre apprécieront le volume de la salle et ses jeux de verre et de miroirs. On distingue à peine les contours. La lumière est abondante. Dans le coin panoramique, une table est accompagnée d’une balancelle. Pour duo amoureux les yeux vers l’horizon. À côté, derrière le rideau de perles, un lounge aux couleurs flamboyantes. Et écrans plats pour amateurs de rondelles branchés. Très design.
À TABLE!
DNA, nous disions. D pour Derek Dammann (le chef) et A pour Alexandre Cruz, les deux partenaires dans l’aventure. Un drôle de nom pour une cuisine pas scientifique du tout. Plutôt un essai de "cuisine du marché" (encore?) aux relents méditerranéens, parce que c’est la mode. Un essai? Eh bien on n’a pas été convaincu par la saisonnalité du citron, de la poire, de la lime, de la grenade, de la coriandre, du cresson, des haricots verts et des asperges présents sur le menu. À moins de considérer que, c’est vrai, il y a toujours une belle saison pour la cuisine du marché quelque part… sur la planète.
Bref, trêve d’analyse pointue sur le véritable sens d’une cuisine du marché, reste que le menu est alléchant. En commençant par cette suite de pétoncles à cru, arrosés de jus de grenade et d’un peu du fruit, décorés de fines tranches de gingembre grillées, de confettis de noix de coco et de coriandre fraîche. Beaucoup de force et de fraîcheur dans l’assemblage. On a beaucoup aimé. Le tartare d’agneau aussi, d’ailleurs. Belle chair aromatisée aux amandes, à la menthe et au parmesan, servie avec des croûtons beurrés d’un pesto de menthe. Vivifiant.
On nous a invités à visiter la cave. Il n’y avait pas trop de clients. Au sous-sol, on découvre une belle sélection de bouteilles venues du monde entier. Parfois en importation privée. Après avoir choisi un succulent mourvèdre sud-africain à bon prix, nous nous sommes attaqués aux plats. La salle s’est remplie, et ces derniers sont devenus plus banals. Moins précis. Le gigot d’agneau (de Kamouraska) avait été annoncé saignant. Il est à peine rosé. La chair est ferme et la sauce trop courte. Une sauce au vin, pourtant, agréable. La salsa à l’amande et la caponata de courge peinent à relever le plat. C’est bien dommage. Même déception du côté des joues de porc, loin d’être tendres comme seule une longue cuisson sait faire. Une purée non identifiée et fade supporte difficilement la viande, malgré la présence de chou rouge et de pancetta. Dur, dur…
FINALE
La tarte au citron Meyer a beau être annoncée comme une spécialité de la maison, elle est un peu liquide. La saveur est franche, cependant. L’autre intrigue de la soirée est cette crème glacée au pain brun, à la texture évidemment très fibreuse. Il paraît que des clients reviennent pour elle. Nous, nous lui avons trouvé un côté très "All-Bran". Les nutritionnistes vont adorer.
EMBALLANT /
Le design des lieux réalisé par Bruno Braën (maître d’oeuvre, notamment, des restos Club Chasse et Pêche, La Porte et du bar Bily Kun), surtout pour ceux qui aiment le high-tech. La belle vue et surtout la balancelle, dans le coin. Réservez-la.
DECEVANT /
Passé les entrées franchement séduisantes, l’ensemble manque un peu de "pep" et de rigueur. Cuissons imprécises et saveurs parfois absentes. Pourtant, c’est bien essayé.
COMBIEN? /
Comme d’habitude, allais-je dire. Une quarantaine de dollars par personne est un minimum pour vous amuser.
QUAND? /
Du mardi au vendredi, de 11 h 30 à 14 h 30 et de 18 h à 22 h 30. Samedi et dimanche, ouvert en soirée seulement.
OU? /
DNA restaurant
355, rue Marguerite-D’Youville, angle Saint-Pierre
Tél.: 514 287-3362