Dans le nom de ce resto, le mot Club a disparu pour faire place à Resto.Partage. Cela donne le ton. La table d’hôte renchérit, vous incitant au libre échange avec ceux qui prennent place à votre table, et la rubrique des "mercredis 8 à 8" vous le rappelle encore… Pour vous mettre dans l’ambiance, on vous propose toute une gamme d’alcools, du scotch aux portos, en passant par les champagnes et les mousseux, les vodkas, les cocktails… Mon invitée s’est fait servir l’un de ces derniers, un Raspberry Ruby à base de vodka, de Cointreau, de pamplemousse rose et de citron. Je lève à sa santé mon verre de Rickard’s Red. Tout est bien qui commence bien. "Francs et spontanés", "Frais et parfumés", "Délicats et charmeurs", "Vifs et fringants", etc.: ainsi vous présente-t-on les vins. Le nom de chacun est assorti de gros points de couleur qu’il s’agit de repérer ensuite sur l’un ou l’autre des menus… pour avoir une idée de ce que peut être un mariage parfait. Le rouge doit être la couleur du jour: mon invitée arrête son choix sur le Red Bicyclette (merlot, vin de pays d’oc, 2004), qui devrait s’entendre aussi bien avec son entrée qu’avec son plat de résistance. Depuis un moment, en effet, elle a opté pour le strudel de gibier et l’émincé de boeuf croustillant. J’en suis encore à supputer les mérites respectifs des médaillons de cerf rôtis (sauce mélasse et bourbon), des noix de ris de veau poêlés à l’érable et vinaigre de cidre, du pavé de bar noir du Chili, des crevettes coco à la sauce thaïe, du foie gras de canard et des cannellonis à la viande. Las de saliver à vide, je m’octroie une bonne gorgée d’eau. Pour un peu, le verre me tombait des mains. Un verre très… design, mais pas vraiment pratique. Trapu, lourd, épais et de grand diamètre, il ne vaut vraiment que pour le coup d’oeil. Trop rempli, qui plus est. Bref, il me reste à m’interroger sur le filet de boeuf au bleu bénédictin fondant (sauce au porto). Après quoi, ayant tout lu (et presque tout bu, question apéro), je me sens brusquement agressé par la faim et me décide dare-dare pour un… tartare. En attendant d’être servis, mon invitée et moi commentons avec un brin d’envie les assiettes servies autour de nous, le décor qui n’a pas changé depuis notre dernière visite, l’étourdissante variété de cocktails, la gentillesse du personnel et la lenteur du service (une constante de la maison). Rien à redire, il s’agit d’une belle entrée: le tartare de boeuf Sterling Silver dressé comme en timbale et coiffé d’un câpron. Câpres broyées, câpres entières et oignons s’y mélangent, donnant un léger croquant à une viande goûteuse, mais (peut-être) trop finement hachée. Tout à côté, une salade imprégnée (mais un peu trop) d’une bonne huile d’olive et semée de copeaux de parmesan. Le strudel de gibier est un charme. Quand je songe à m’y intéresser, il a déjà perdu quelques plumes, si je puis dire, et mon invitée nage en pleine euphorie. "Habituellement, c’est toi qui choisis ce genre de plat…" dit-elle sans avoir l’air de regretter quoi que ce soit. La farce déborde, invitante, et rien ne me retient. Ma fourchette ramène donc un savoureux mélange de viande, de champignons et de camembert fondu parfaitement assaisonné et juteux à souhait. La pâte elle-même, humidifiée, en a pris le goût. Le boeuf croustillant est escorté d’un petit bol de sauce piquante (demandé exprès par mon invitée). Pour être croustillante, la viande l’est – sans raideur aucune, toutefois. Elle tient dans un bol identique à celui dans lequel se présente le riz blanc au jasmin (cuit à point). L’une et l’autre vous distillent en bouche de subtils arômes d’orange et de jasmin qui finissent par se confondre. Devant moi, quatre crevettes géantes – poêlées, tendres et dodues – s’entrelacent dans un environnement d’asperges et d’épinards souligné à grands traits de sauce émulsionnée au citron. "J’en aurais eu assez de deux… trois au maximum…" dis-je. "Ne compte pas sur moi pour t’aider", réplique immédiatement mon invitée. Elle m’a tout l’air "aïk", comme on dit parfois aux Antilles d’une personne hébétée d’avoir trop mangé. Je le suis d’ailleurs moi-même, à quelques bouchées près. Je me dis "chiche!" et gagne mon pari de ne laisser qu’une demi-crevette dans l’assiette. Les cafés ne sont cependant pas de trop.
Aviatic Resto.Partage
450, rue de la Gare-du-Palais
Québec (Québec)
Téléphone: 418 522-3555
Table d’hôte: 25 $ (sans les vins) et 49 $ (avec vins)
Menu du jour à partir de 13 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 91,16 $
Cuisine :
Légende /
grande table : 5 étoiles
très bonne table, constante : 4 étoiles
bonne table : 3 étoiles
petite table sympathique : 2 étoiles
correcte mais inégale : 1 étoile