Restos / Bars

Bob le Chef : Le bordel dans la cuisine

Depuis trois ans tapant, le déjanté Bob le Chef partage ses secrets culinaires sur les ondes de la webtélé 33mag. Et la popularité du cuistot trash à la sauce débile gonfle comme une bonne pâte à pain. Ricardo tremble déjà derrière son immuable sourire.

Oubliez les petits bols de verre fashion de Josée et les envolées lyriques de Daniel. Bob le Chef cuisine avec un moule croûté et des GladWare, parle avec l’accent ado-de-14-ans (bien qu’il en ait 31), concocte des biscuits au pot et n’hésite pas à assaisonner ses clips de concepts olé olé. Parmi ses plus délirants scénarios: ficeler un rôti pendant qu’Ed Hardcore faisait de même avec sa femme et fouetter une mayo entre ses cuisses derrière un magazine porno. L’Anarchie culinaire selon Bob? Vous y êtes!

Scandale? Imposture? Pas du tout. Derrière sa casquette de travers et ses tattoos, le réellement nommé Robert James Penny cache une formation de cuisinier et un passé de chef dans deux restos branchés de Montréal, le Misto et le Roméo. Mieux encore, le sympathique skateux est investi d’une mission plus qu’honorable: donner l’envie aux jeunes de cuisiner. "Je fais une cuisine pas chère, simple, accessible, avec des ingrédients faciles à trouver. Mais le plus important pour moi, c’est de montrer les bonnes techniques. C’est ce qui apporte les bons résultats", explique le chef, étonnamment sérieux. Un désir de simplicité qui n’empêche pas la crème brûlée et le gravlax de s’immiscer entre le pain de viande et la limonade.

Si l’indiscipliné Bob franchit souvent la délicate limite du mauvais goût (voir sa capsule sur les concombres), c’est surtout pour capter l’attention de son auditoire. "Le scénario fait que les jeunes apprennent de façon subliminale, ce qui marche le mieux. C’est aussi important de garder l’atmosphère détendue. Les jeunes aiment mon show parce qu’il est pas snob." Les collaborations marrantes (Omnikrom et son pain trop banane), les chansons liées aux recettes (The Man-Eater pour le croque-monsieur) et le langage cru du chef ("vous allez chier la recette") contribuent aussi à faire de son émission un produit éclaté et délicieusement novateur.

Si Bob le Chef est unique en son genre, il faut remercier son fidèle acolyte Alexis Brault (co-idéateur, caméraman, monteur) et son épouse… "C’est elle qui a eu l’idée, avoue Bob. Ça faisait longtemps qu’Alex et moi, on cherchait une façon de combiner nos talents, soit crack d’Internet et cuisinier. Mais on ne savait pas trop où se garrocher. Puis la femme d’Alex a suggéré qu’il me filme quand j’allais leur faire à souper pis de mettre ça sur Internet. On l’a essayé pour le fun, ça a pogné tout de suite, pis c’est devenu une drogue." Des 500 personnes qui ont visionné le premier clip, l’audimat est passé à 60 000 visiteurs par mois. Et pas seulement des jeunes: des apprentis de tous âges qui ne pigent rien à ce que raconte Daniel Vézina, des parents ravis de voir leur ado manier la casserole grâce aux bons soins de Bob…

Pas plus fou qu’un autre, le cordon-bleu du Web profite de sa récente célébrité pour échafauder des projets. Ceux qui rêvent de voir Bob sévir au petit écran (MusiquePlus revient sur les lèvres de nombreux fans) seront ravis d’apprendre qu’il a proposé un pilote d’émission à divers télédiffuseurs. Il travaille aussi à finaliser un livre de recettes qui devrait paraître en novembre, où on trouvera notamment une section 18 ans et plus contenant ses recettes favorites à base d’alcool. L’ouvrage s’intitulera-t-il Get Rich or Die Cooking, tel que suggéré sur son blogue? "Ah, ça, je ne sais pas encore. Ce titre-là, ce sera soit pour le livre, soit pour le film sur ma vie, après que je serai allé en désintox, déconne-t-il. "Après la pause, Bob le Chef sombre dans l’enfer de la drogue" (rires)…"

Rendez-vous avec Bob le Chef au www.boblechef.com ou au www.33mag.tv.