Ce caveau rustique installé en demi-sous-sol, dissimulé dans une ruelle du Vieux, a des petits airs clandestins. La porte, solide, ornée d’une tête d’orignal, est encerclée de fagots de bouleau faiblement éclairés. Il se dégage une impression de mystère…
On entre par le haut de l’escalier surplombant la salle. Parfum boisé. On s’y sent comme dans un chalet chic. Les multiples variantes de bois, planchers, murs, tables, contrastent avec la pierre brute. Des fleurs dans une vieille caisse de bois de Coca-Cola décorent le soupirail. Les haut-parleurs crachent une musique des années 80. C’est animé, branché et décontracté. L’atmosphère est tendance.
Plongé dans la carte, on reluque des petits plats alléchants, tartares, grillades, fruits de mer, une cuisine somme toute très nord-américaine, détendue, sans complexe. Avec une touche locale (fromages, crabe, sirop d’érable) et quelques accents asiatiques et italiens. Une popote éclatée, vivifiante, revigorante.
DÉLICES
Ici, on s’amuse sans timidité avec les classiques. Pour preuve, ce canard à la sauce inusitée. J’ai bien hâte de vous en parler.
En attendant, les entrées. Le gravlax, d’abord. Tendre, servi sur de petits croûtons, il respire le sirop d’érable. Une petite effilochée de concombre l’accompagne. Très agréable. Il est annoncé "aux trois sels". On se demande bien lesquels. Nomination inutile pour une préparation néanmoins très réussie.
Mais à notre grande unanimité, nous avons préféré le tartare de L’Orignal. Parfait pour une entrée en matière dans ce chalet de gastronomes. Trois étages: du thon rouge, des pétoncles, du saumon. Le thon est soigneusement haché en petits dés. Notes de tamarin et de wasabi. Au-dessus, le carpaccio de pétoncles est surmonté d’un crémeux saumon. On en tartine généreusement de délicieuses chips frites à l’huile… très cochon… vous avez entendu parler des gras trans?
Peu importe. Mon invitée de la semaine pique allègrement dans les chips pour déguster son gravlax. Une réussite.
Et comme elle est aussi très santé, elle a choisi une deuxième entrée, en guise de plat. Un gâteau de crabe sur un frais mesclun. Si la chair est très présente, il est peu relevé. Mais il se déguste fort bien et obtient la note de passage.
Mais ce qui risque bien de marquer les esprits est plutôt la poitrine de canard (nous y voilà!). Une sauce étonnante, une idée un peu folle, à base de Coca-Cola à la cerise. Un jus court, dense, dont les arômes fruités se marient très bien à la poitrine grillée et rosée. Elle est accompagnée d’une purée de pommes de terre pleine de beurre. Des légumes de saison ont été poêlés: asperges, pois et choux de Bruxelles. Un peu crus, cependant, surtout pour ces derniers. Une recette qui surprend, inusitée mais loin d’être manquée. Ce plat osé à la touche ludique laisse un sourire en finale, et ça, c’est pas mal du tout.
DESSERTS
Rien de très osé en fin de repas. On retrouve sans surprise la crème brûlée et le moelleux au chocolat. Ou peut-être ces cupcakes, qui vivent décidément une renaissance en ce moment. Bref, c’est conservateur, mais c’est bon.
EMBALLANT /
Le décor, d’abord. Enfin, nous assumons notre côté bûcheron. Contemporain, quand même. Nous sommes très fiers de pouvoir y inviter notre ami de l’étranger: il adore ce style folklorique et branché. Ensuite, ces plats éclatés, qui semblent donner un nouveau souffle à la restauration pépère. Continuez à vous laisser aller.
DÉCEVANT /
Les desserts! Vraiment, on comptait sur vous pour enfin réinventer le pouding chômeur. C’est pour quand? Les légumes, un peu crus. On a beau se convaincre que c’est la mode en ce moment, avez-vous vérifié auprès des clients?
COMBIEN? /
Un lunch à bon prix: 15 $. En soirée, il faudra cependant tripler pour vous détendre un peu.
QUAND? /
Lunch du lundi au vendredi, dès 11 h. Folles soirées du mardi au dimanche, à partir de 17 h.
OÙ? /
L’Orignal
479 de la minuscule rue Saint-Alexis (angle Notre-Dame)
On réserve au 514 303-0479