Les microbrasseries ne sont plus uniquement pour les initiés aptes à apprécier des bières qui changent de goût à chaque saison ou dont le haut pourcentage d’alcool prend le dessus sur les subtiles saveurs de la boisson. Avec un équipement de plus en plus performant et abordable, les brasseurs artisanaux obtiennent des bières variées et d’une qualité exceptionnelle. La fabrication de la bière se raffine et se démocratise… Personne ne s’en plaindra.
En plus d’avoir amélioré leurs produits, quelques microbrasseries de la région offrent une ambiance tellement agréable que les noceurs y restent jusqu’aux petites heures du matin. Voici deux enseignes qui peuvent témoigner du phénomène…
LE SIBOIRE
Installé au centre-ville de Sherbrooke depuis l’automne dernier, Le Siboire a déjà sa meute d’habitués. Lorsqu’on va prendre un pot à cette brasserie artisanale située dans une majestueuse ancienne gare (80, rue Dépôt), il est difficile ensuite de changer d’endroit au cours de la soirée. "Parfois, la clientèle vient ici avant d’aller dans un bar ou une discothèque, explique Pierre-Olivier Boily, l’un des propriétaires. Mais il y a aussi plusieurs personnes qui restent parce qu’elles ont commencé une discussion intéressante et ici, elles peuvent s’entendre parler. Les clients demeurent donc parfois jusqu’à la fermeture."
Assurément, le faible volume de la musique détonne par rapport aux autres destinations nocturnes du centre-ville sherbrookois; cela fait partie du concept de l’endroit, au dire de Pierre-Olivier Boily. "Quand tout le monde jase le soir, c’est plus une ambiance du type cafétéria avec un léger background de musique. Ici, il y a tout le temps un certain brouhaha…"
L’attrait majeur du Siboire est sans contredit ses bières artisanales (la Calvaire, la Capricieuse, la Trip d’automne III, la Quaker Stout…). "Dès le départ, on s’est donné le mandat d’éduquer notre clientèle afin de faire connaître les bières. Cet aspect est souvent négligé dans les pubs." Ainsi, vous ne risquez pas d’entendre les serveurs de l’endroit vous proposer une blonde ou une rousse. Ils vont plutôt vous définir les bières en termes d’arômes, de saveurs, d’amertume… Un client averti en vaut deux? Voilà qui expliquerait le succès du Siboire.
LA MEMPHRÉ
Une autre ville revendique le titre de "capitale de la bière en Estrie". Située au coeur de Magog depuis bientôt 10 ans, la microbrasserie La Memphré (12, rue Merry Sud) est une oasis en cette destination touristique. On peut y prendre un verre entre amis, et ce, sans risquer de se faire déranger par un chansonnier quelconque.
Le propriétaire Serge Daigle confirme le phénomène: "Avant, le monde ne faisait pas vraiment le party ici. Depuis trois ou quatre ans, on constate une évolution. Les gens "sortent" à la microbrasserie. C’est une tendance qu’on observe aussi dans les grandes villes."
Au fil des ans, l’endroit a triplé sa capacité. Les bières de La Memphré (la Blonde du boss, la Blanche aux agrumes, la Bitter, la #8, la Scotch ale…) sont tellement populaires que les brasseurs n’arrivent plus à fournir; le commerce a dû incorporer les bières de McAuslan à son offre pour suffire à la demande. Beau problème.
En plus de tenir les rênes de sa microbrasserie, Serge Daigle vend de l’équipement destiné aux brasseurs artisanaux. Les Estriens sont de plus en plus nombreux à s’équiper convenablement afin de concocter leurs bières maison. Il est d’avis que dans 10 ans, ce sont tous les petits patelins des Cantons-de-l’Est qui auront leur microbrasserie. "Ce n’est pas juste une mode, mais un besoin."
Et si l’Estrie devenait la région de la bière?