Restos / Bars

Miga : La maison des délices

Coréen et aux antipodes des restos tendance, le Miga est une rareté sur le Plateau. Ses atouts: une cuisine familiale, des produits frais, des prix d’ami et surtout, une authenticité désarmante.

Kyung Hee Yoo est débarquée au Québec il y a quatre ans. Loin de sa Corée du Sud natale, elle a transformé un ancien snack-bar du Plateau, angle Rachel et Rivard, en une salle à manger toute simple où elle nous fait découvrir la cuisine de son pays. Une cuisine de femmes, réalisée avec soin et dévotion.

Dans son resto-corridor où s’alignent des banquettes rembourrées et des tables en arborite, Kyung Hee s’affaire avec son fils et sa soeur. D’une gentillesse et d’une délicatesse tout orientales – chaque fois qu’elle s’éloigne d’une table pour aller chercher un plat à la cuisine, elle s’incline en souriant, derrière son tablier en vinyle rouge pétant -, Kyung Hee s’efforce de parler français et, ma foi, même si elle manque un peu de confiance, s’en tire très bien.

En plus d’assurer le service aux tables, elle fait également la cuisine, dont le fameux kimchi traditionnel, ce plat de chou coréen fermenté dont il existe plusieurs variations. Celui de Kyung Hee, généreusement condimenté de piment rouge, est le meilleur que j’aie mangé à Montréal jusqu’à maintenant.

À TABLE!

Le menu plastifié, où s’alignent une vingtaine de plats photographiés et numérotés, ne fait pas honneur aux plats réels. Par exemple, la salade d’algues, qui n’a l’air de rien sur le menu, est pourtant un poème lorsqu’elle arrive sur la table. Le petit monticule de légumes (chou, concombre, algues translucides) finement émincés à la mandoline est surmonté d’une "framboise" de caviar rouge vif et de lanières d’algues nori. L’ensemble offre une agréable sensation de fraîcheur en bouche ainsi qu’un savant équilibre des saveurs.

En plat principal, mon invité, un indécrottable carnivore, a jeté son dévolu sur le riz avec (boeuf) kalbi, un mets traditionnel coréen constitué de tranches de côte de boeuf. Il est servi sur un lit de légumes passés à la mandoline, chou, carotte et petites têtes de brocoli, et accompagné de riz gluant. Avec son goût légèrement caramélisé, la viande grillée et coupée en minces galettes fait penser aux fameux spare ribs chinois, mais en moins sucré et en pas du tout sirupeux. C’est délicieux.

Pour ma part, j’ai choisi le doenjang pot, une soupe-repas au tofu et fruits de mer. De généreux morceaux de pâte de soja moelleuse, quelques crevettes et beaucoup de légumes émincés (chou, carotte, courgette, poivron rouge) baignent dans un bon bouillon maison de style miso japonais. Elle vient accompagnée d’un bol de riz gluant. Bien que savoureuse et réconfortante, cette soupe ne réussirait pas à elle seule, par contre, à rassasier un appétit d’ogre.

Quand on sort du Miga, on a l’impression d’avoir bien mangé, c’est-à-dire d’avoir mangé sainement. De plus, pas question de boire de l’alcool puisqu’il n’y a pas de carte des vins. Au choix: thé vert ou jus.

Petits détails intrigants: les cartes d’affaires de Kyung Hee portent la mention "Dieu vous aime" et à la sortie, votre attention est sollicitée par la présence discrète d’une version poche du Nouveau Testament. Le Miga, restaurant béni des dieux?

PETITES DOUCEURS

Les desserts se résument à deux propositions: une boule de crème glacée au thé vert et des petits gâteaux de riz. La crème glacée ressemble à celle qu’on retrouve dans tout bon resto japonais. Les gâteaux de riz, par contre, sont tout à fait étonnants. Petits cubes aux coins ronds façonnés à la main, à la texture élastique et au goût salé, leur centre est fourré d’une pâte de fèves rouges. Un dessert totalement déroutant pour un palais nord-américain habitué au gâteau au chocolat!

EMBALLANT /

La gentillesse dévouée de la famille Yoo.
La fraîcheur irréprochable des ingrédients.
L’invitation au voyage et la découverte de la savoureuse cuisine coréenne, trop peu répandue au Québec.

DÉCEVANT /

Avec ses tons de brun et de beige, le décor n’est pas ce qu’il y a de plus joyeux. Heureusement que les murs sont ornés des peintures naïves de la proprio, qui apportent un peu de pep au décor. Au Miga, tout est dans l’assiette.

COMBIEN? /

Les prix sont on ne peut plus abordables. Pour deux convives, avant taxes et service: le midi, comptez une vingtaine de dollars, et le soir, une trentaine. Une aubaine.

QUAND? /

Du lundi au samedi, de 11 h 30 à 21 h 30.

OÙ? /

Miga
432, rue Rachel Est
Tél.: 514 842-4901