Au dernier party de Noël, j’ai assez bien étalé mon talent pour la fiesta à mes collègues. Il n’était donc pas étonnant que l’on me confie ce genre de mandat. Cette fois, j’aurais tout de même pu essayer d’y aller mollo. Mais le boulot, c’est le boulot.
TRANQUILLE, MON KOKO
La grande virée a débuté avec un 5 à 7 au nouveau resto-bar Koko de l’Hôtel Opus, à l’angle Sherbrooke et Saint-Laurent. Surprise! La retenue était au rendez-vous. Il faut dire qu’une bouteille de vin vendue cinq fois le prix de la SAQ, ça calme le pompon. Qu’importe, le Koko a une magnifique terrasse sur laquelle nous avons trinqué en écoutant le trafic de la Main. À l’intérieur, c’est du gros chic, surtout le mobilier aux motifs zébrés. Or, ce sont les toilettes unisexes qui ont fait craquer le groupe. Ils ont aimé les petits cabinets privés et les comptoirs à évier commun. Oui, hommes et femmes se lavent les mains ensemble. Alors pas question d’aller aux toilettes en gang de filles pour potiner sur le nouveau photographe. C’est donc seule que je suis allée aux W.-C. Je n’avais bu que deux verres, mais j’ai cru m’entendre potiner à moi-même.
MANGER OU BOIRE?
Une tournée des bars le ventre vide est une mauvaise idée. C’est l’avis de Mathilde, chef de la section gastronomie. Après l’apéro au Koko, nous sommes donc allés bouffer au Club social espagnol, au nord de la rue Marie-Anne. Pas de doute, il s’agit de l’endroit idéal pour le beau grand groupe que nous étions. C’est le paradis de la bonne franquette familiale. Nous avons boudé la déco plutôt kitsch de l’intérieur pour la terrasse avec vue sur la montagne. Nous étions heureux d’y manger de bonnes – et pas chères – tapas. Mieux, les tchin-tchin de sangria se succédaient à souhait. La preuve que la convivialité régnait, Christophe – M. Rédac en chef – m’a même offert une croquette de morue! C’était l’occasion rêvée pour lui demander une augmentation. Hélas, la danseuse de flamenco et ses musiciens m’ont prise de court. Christophe et les autres n’avaient d’yeux que pour le show. Il était 21 h 30, j’avais la tête qui tournait. Serveur, une autre sangria, S.V.P.!
PASSONS AU DIVAN
"Fini le romantisme latin, passons au rock!" ai-je lancé la bouche molle. Dix minutes plus tard, nous étions au Divan Orange, à l’angle de Rachel. Comme à l’habitude, l’endroit était bondé. On suffoquait, on trinquait et on se dandinait au son du band Orange Orange. Très chouette que de les voir faire du beatbox avec leurs cordes vocales. Mais ce qui charme réellement, c’est la complicité du couple sur la scène: à faire fondre de jalousie. Cela dit, pour les envies de rapprochements, ce n’est pas le beau monde qui manque là-bas. Pourvu que l’on craque pour le look petit rocker à skinny jeans. En plein mon genre. Or, les odeurs de transpiration amplifiaient les effets de mes vodkas soda. J’ai suggéré aux autres de sortir de ce four. Mon collègue Kevin n’a pas voulu suivre. Il cherchait le fameux divan orange de la place. Chaleur accablante ou abus d’alcool?
MIAMI VICE
Histoire de décanter, nous sommes allés au plus old school des bars de la Main, le Miami, campé au nord de la rue Roy. La grande beauté de l’alcool est celle-ci: il m’a fait aimer la senteur de vieux sous-sol moisi qui flottait dans le bar. Mieux, il m’a convaincue que les décorations dégotées au marché aux puces de Saint-Eustache, c’est du tonnerre! La place était vide, mais on y a fait la bringue solide. De drink en drink, ma collègue Emilie et moi nous sommes mises à chanter du Roxette en nous gavant sauvagement de pistaches qui traînaient dans des bols sur le zinc. Outrée, Mathilde a ordonné que l’on titube tous vers un autre bar.
LE PLUS HOT DES BARMANS
Pour faire plaisir à Mathilde, nous sommes descendus au sud, vers le Gogo Lounge. Elle était de bonne humeur: elle allait pouvoir s’asseoir dans les chaises en forme de mains. Pendant que Mathilde se faisait dorloter par sa chaise, Emilie gambillait sur les hits du D.J. qui la matait à son insu. Il y avait de la drague dans l’air. Moi, personne ne me flirtait et devant l’urgence de la cruise de fin de soirée, j’ai proposé que l’on traverse la rue pour atteindre le paradis du meat market: le Radio Lounge. Nous avons évité l’énorme file d’attente grâce à mes jolis clins d’oeil. En moins de deux, nous étions avec des clubbers pour qui danser accroché à un poteau est le top de la branchitude. Bourrée, mais pas assez, j’ai décidé d’enfiler un autre dernier verre. Et là, le grand choc: Joël Legendre était le barman invité! So sexy, il ressemblait à Tom Cruise dans Cocktail! Devant ce highlight incomparable, mes jambes ont flanché. Ma tête aussi. Semble-t-il que l’on m’a mise dans un taxi, and the rest is history.
Le lendemain, j’avais trois choses: un mal de bloc, un deadline et le sentiment du travail accompli.
CARNET D’ADRESSES /
Koko Restaurant-Bar
10, rue Sherbrooke Ouest (angle Saint-Laurent)
Tél.: 514 843-6000
Club social espagnol
4388, boulevard Saint-Laurent
Tél.: 514 849-1737
Divan Orange
4234, boulevard Saint-Laurent
Tél.: 514 840-9090
Miami
3831, boulevard Saint-Laurent
Tél.: 514 845-2300
Gogo Lounge
3682, boulevard Saint-Laurent
Tél.: 514 286-0882
Radio Lounge
3553, boulevard Saint-Laurent
Tél.: 514 281-6913