Il y a peu, Sherbrooke était plus réputée pour le nombre de ses restaurants que pour la renommée de ses tables. On comptait nombre de tables champêtres ou de petits restaurants de qualité, mais surtout en périphérie de la ville. Bref, rien pour inciter les gastronomes de l’extérieur à s’y arrêter.
Toutefois, la réputation culinaire de la reine des Cantons-de-l’Est a pris du mieux depuis quelques années. De nouvelles tables rivalisent d’audace et de créativité. Parmi elles, Auguste, celle de l’ex-Montréalais Danny St-Pierre et de sa compagne et complice Anik Beaudoin.
Sous des dehors juvéniles et débonnaires, Danny St-Pierre est loin d’être un improvisateur, et c’est fort d’une feuille de route très impressionnante pour son jeune âge qu’il s’amène en Estrie. Il a notamment oeuvré au Toqué! de Normand Laprise, puis chez Derrière les fagots, en plus de contribuer à revamper le Laloux. Et tout ça sans parler de ses nombreuses collaborations à la télévision et, plus récemment, à la radio.
C’est en plein coeur du centre-ville de Sherbrooke que le couple a choisi de s’installer pour ouvrir son restaurant Auguste, décision qu’il qualifie de "coup de dés réfléchi". Auguste, c’est un croisement entre Augustine, la grand-mère d’Anik, et Auguste Escoffier, saint patron de la tradition culinaire française. "Imaginez une grand-mère avec un BlackBerry", ajoutent-ils pour mieux imager leur conception d’une cuisine d’inspiration française et revenant aux traditions, tout en se voulant résolument moderne.
"Sherbrooke, c’est une petite grande ville avec plein d’atouts. On veut ramener la restauration de quartier, avec des produits locaux. On veut faire une belle bouffe de grande qualité, mais dans une ambiance plus décontractée", continue Danny St-Pierre. Sur les hauts murs jaunes du restaurant, des photographies glanées à la Société d’histoire de Sherbrooke complètent cette ambiance populaire que le restaurant souhaite créer.
FINE CUISINE?
Un rapide coup d’oeil au menu nous pousse à parler de "fine cuisine". Le chef met aussitôt un bémol, d’autant plus qu’il juge cette expression galvaudée. Il n’est pas long à s’emporter vertement contre ces établissements qui prétendent offrir une "fine cuisine haut de gamme, mais qui te passent des cuisses de lapin tièdes et des légumes cuits tout croche, avec une sauce en poudre, et qui ont le culot de te demander le gros prix parce que c’est servi par des pingouins"!
"On veut réparer nos mauvais coups", diront également les deux complices. "Un restaurant, c’est potentiellement beaucoup de papier pour les menus, par exemple. On revient à ce qui se faisait dans les bistros en écrivant le menu à la craie sur de grandes ardoises", poursuit Anik. L’approche verte du couple va jusqu’à l’utilisation de produits nettoyants biodégradables. "On aimerait aussi faire du compostage et du recyclage, mais c’est présentement assez difficile au centre-ville", reconnaît Danny. "Dans le fond, on n’est pas des gens compliqués, mais on aime la qualité", résumera Anik Beaudoin.
Restaurant Auguste
82, rue Wellington Nord
Sherbrooke
Tél.: 819 565-9559
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POUR RÉVEILLER LE CHEF EN VOUS
Les émissions culinaires et les cours de cuisine attirent un nombre croissant de gens, et la tendance ne semble pas près de s’inverser. Danny St-Pierre compte d’ailleurs "ouvrir le ventre de la bête" – pour reprendre son expression – et donner des ateliers de cuisine au comptoir de son restaurant.
Mais il existe d’autres formules, comme celle que propose le gîte La Maison Hôte d’Orford, en association avec la chef à domicile Caroline McCann. Les participants arrivent au gîte le vendredi soir, puis vont rencontrer des producteurs locaux le lendemain matin, en compagnie de la chef. L’après-midi du samedi est consacré à l’atelier de cuisine, et c’est en soirée qu’on déguste le fruit du labeur collectif. Enfin, après une bonne nuit de sommeil, la journée du dimanche est libre et permet de visiter les nombreux attraits touristiques de la région. La formule est également offerte en semaine. Pour réservation: www.maisonhote.com ou www.chefadom.ca