Actuellement étudiant à l’université, j’ai vécu mon lot de beuveries. Les soirées universitaires étant arrosées à souhait de Budweiser, Sleeman et autres Molson, je me suis toujours cru relativement expert en bière. Cela fait un bon moment que mon palais sait faire la différence entre une Corona et une Saporo, entre ce qui propulse rapidement au lit et ce qui propulse moins rapidement au lit. Inutile de dire, donc, que pour mon premier article en tant que stagiaire au Voir, je me croyais en terrain connu. Un peu déçu, je m’attendais à assister à un phénomène assez répandu autour des bancs de classe: une heure de cours formel, strictement théorique, frôlant l’ennui. Loin de là, pourtant. Mon ignorance fut mise à nue. Petit retour.
LA PREMIÈRE GORGÉE DE BIÈRE
Guy Lévesque, le sympathique professeur qui se charge de me donner un cours abrégé d’une heure (celui-ci dure normalement cinq heures), ne tarde pas à me communiquer son enthousiasme. Dès le début du cours, il s’exprime d’une voix vive et passionnée. "Pour apprivoiser une bière, il faut prendre le temps de flirter avec sa blonde, sa rousse, sa brune!" J’avoue qu’un tel processus d’apprentissage avait de quoi piquer mon attention de jeune homme fraîchement sorti de son adolescence et me convaincre que la bière – qu’elle soit rousse, blonde ou brune – gagne à être mieux connue, mieux appréhendée. Comme notre flamme amoureuse. En apprenant à "travailler" son goût, comme le dirait si bien maître Lévesque, l’étudiant découvre un monde de saveurs. Cela est vrai dans mon cas. Je perçois de la pomme verte – plus particulièrement de la grosse Granny Smith – dans la St-Ambroise brune qu’on me sert et des bonshommes d’épices dans un verre d’Unibroue 17e anniversaire.
"À nous cinq, les enseignants réguliers de l’École de biérologie MBière Mario D’Eer, Tony Forder, Claude Boivin, Serge Noël et moi-même, nous cumulons environ 80 ans d’expérience dans le monde de la bière." Quel est le secret pour devenir expert dégustateur? "J’ai commencé à tâter le domaine par une pratique toute simple: la dégustation de bières. Puis, emporté par mon amour pour ces dernières, je me suis mis à faire mon propre brassage à la maison et à écrire dans des magazines spécialisés comme le défunt Ça brasse au Québec", explique Guy Lévesque. Il faut dire que le prof en connaît un rayon. Il est en mesure de bien estimer le pourcentage d’alcool d’une bière juste en évaluant sa clarté. Et il la "démystifie": la couleur, dit-il, "n’est pas de l’alcool". Je me suis toujours trouvé puissant en buvant une "lourde" et "forte" Guinness bien noire. J’ai eu tort. Malgré sa couleur et son aspect intimidant, la typique Guinness Draught renferme 4,2 % d’alcool (la Extra Stout contient le même pourcentage). Ce genre d’astuces foisonnent tout au long du cours. Ma tête en est encore remplie. Je pars à l’instant tester mes connaissances sur une terrasse ensoleillée.
L’École de biérologie Mbière offre des ateliers d’initiation à l’occasion du Mondial de la bière les 31 mai et 1er juin à la gare Windsor, 1160, rue de La Gauchetière Ouest, tél.: 514 722-9640; info: www.festivalmondialbiere.qc.ca.
Inscriptions: www.festivalmondialbiere.qc.ca/fr/mbiere/ecole/