Restos / Bars

Stuzzichi : Ritals pour la vie

On aurait bien vu ce resto dans la Petite Italie mais, coudonc, on en sera quitte pour le Vieux-Montréal. Les gars de Stuzzichi ont fait le pari fou d’une cuisine contemporaine mais typée, avec un zeste de virilité.

Réglons immédiatement la question du quartier. Le midi, abondance de fonctionnaires (de l’hôtel de ville, juste en face). Le soir, plus difficile. À l’écart des activités nocturnes de la place Jacques-Cartier, ce resto est isolé dans un coin de condos chics. À deux pas du Marché Bonsecours, direz-vous. Mais rares sont les clients potentiels qui quittent les pavés de la rue Saint-Paul pour faire le détour par Notre-Dame. Tout cela pour dire: y en aura pas de facile. Stuzzichi devra vraiment créer un effet de mode pour espérer se remplir.

Donnons-leur le temps, à cette gang d’Italiens avant tout importateurs de produits fins de la péninsule. Dans leur resto, sacs, bouteilles et pots trônent sur les étagères, prêts à emporter. Des pâtes, bien sûr, mais aussi des sauces, des crèmes et des préparations à bruschetta; des huiles d’olive et des chocolats. Tout aussi authentique se veut la cuisine d’Antonio, le jeune chef tout frais arrivé d’Italie, à peine trois poils à la barbe. Elle est servie par Eugène, qui, avec son air métis, n’a pas l’allure d’un Italien. Pourtant, il a beau être né au Zaïre, il a la tchatche toute latine. Et un sourire à faire craquer les filles.

DELICES

Le pittule est en fait une petite boule de pâte gonflée et frite. Bouchée croquante et fondante, que l’on mouille allègrement dans une bonne huile d’olive. C’est le petit amuse-bouche que nous a apporté Eugène. Juste après le pain, quand même. Une création maison, aux légumes, qui se trempe aussi délicieusement dans l’huile. C’était en attendant les entrées. La première? Les fameuses aubergines parmigiana. Un classique, sorte de lasagne sans pâte, très fromagère. Celle qui nous a été servie avait été réchauffée au micro-ondes. Un reste du midi, sans doute. C’est dommage, car le gratiné avait tout perdu de son croustillant. Il faudra donc revenir… à midi. L’autre entrée est appelée carpaccio. Mais en fait, il s’agit plutôt de fines tranches de bresaola (du boeuf séché, de la viande des Grisons à l’italienne) arrosées d’huile, évidemment, décorées de copeaux de parmesan et de jeunes feuilles de roquette. Excellente idée, du fenouil émincé: il donne une note très croquante et rafraîchissante. C’est simple, les ingrédients sont de qualité, bref, c’est bon.

Sachant notre chef tout juste arrivé de la botte, nous en attendions beaucoup de ses pâtes. Les paccheri (en vente sur les étagères) ont la forme de tubes plutôt longs et larges. Ils sont présentés au "ragu de veau" et, en fait, nagent dans une sauce crémeuse agrémentée de veau haché. Riche, mais pas mal. Le risotto est aussi un incontournable: ce soir-là, il est aux asperges. Le riz est d’une cuisson impeccable, légèrement croquant en surface, moelleux à l’intérieur. Mais on se questionne sur la provenance des asperges. D’une boîte de conserve? Possiblement. Ou alors trop cuites car, vertes ou blanches, elles sont un peu mollassonnes. Ajout sympathique: des tomates cerises coupées en quarts font le tour de l’assiette. Le rouge vous va si bien!

DESSERTS

On avait entendu parler d’un dessert à se rouler par terre. Une tarte citronnée au coulis de chocolat. Dommage, ce soir-là, il ne restait que des gelati, fort bons par ailleurs. De véritables pistaches dans l’un, du melon mêlé de safran dans l’autre. Saveur inusitée très intéressante. Ces réalisations artisanales ne sont pas faites maison, mais elles vaudront le détour lors de la très espérée prochaine canicule.

EMBALLANT /
Un local superbe, aves ses étagères de bois pleines de délices et son splendide mur de brique réchauffé par une flamme suspendue étonnante. Un service craquant, très dévoué et passionné. Une nourriture qui ne demande que de bons produits de saison, et un peu d’attention.

DECEVANT /
Un peu d’imprécision dans les plats. Avec l’impression que le soir, on recycle les plats du midi. Il va falloir être plus généreux, que diable. L’absence d’une carte des vins en attendant le fameux permis. C’est connu, c’est long. Et on ne peut même pas apporter son vin, misère. Les eaux pétillantes italiennes sont par contre de grande qualité. Ce sera le temps d’en profiter.

COMBIEN? /
Pour un convive: moins de 20 $ à midi. Doublez le soir pour un sympathique party de tapas à l’italienne.

QUAND? /
Les midis de semaine et en soirée, à partir de 18 h, tous les jours.

OÙ? /
Stuzzichi

358, rue Notre-Dame Est
Tél.: 514 759-0505