Franchement, le genre est une surprise dans le coin. Une brasserie à la française. Plutôt distinguée. Construite dans de tout nouveaux bâtiments, place Valois. Des lieux qui contrastent avec le style vieillot de la rue Ontario. Les proprios n’ont pas lésiné sur les moyens. Tout en longueur, l’espace est constitué de boiseries de cerisier chics rehaussées de jolis et simples vitraux multicolores. C’est grand. Bruyant.
On admire la lampe en forme de femme-statue qui tient dans ses mains deux globes, très Art déco. "Je l’ai trouvée à New York, dit fièrement le patron. C’est un original." Nous en sommes jaloux. Mais en fait, le patron possède aussi la Croissanterie Figaro, rue Hutchison. Même style, en plus épuré. Les portes-fenêtres donnent sur une terrasse couverte tout aussi spacieuse. Qui donne sur la petite place pleine de verdure. Sur le trottoir, un violoniste s’essaie au classique, avec quelques fausses notes. Peu importe. Après une tentative trop fraîche de prendre l’apéro dehors, retour en salle.
CLASSIQUES
Un autre regard sur la cuisine. Elle est soigneusement protégée par des vitres givrées. Un accommodement raisonnable? "Ça ne vous aurait pas dit, une cuisine ouverte? C’est à la mode." Réponse: "Celui qui a dessiné les lieux s’appelle Luc Laporte, et ses restaurants n’ont pas encore fermé." Des exemples du travail de cet architecte réputé? Leméac, L’Express, la brasserie Holder… C’est vrai, c’est du sérieux! Nous nous inclinons donc devant tant d’assurance pour commander l’apéro. Embarras du choix dans cette carte des vins à n’en plus finir qui offre une panoplie d’importations privées à des prix pas du tout sérieux. On en compte au moins une vingtaine en bas de 50 $. Après quelques hésitations au service (il y a un nouveau), voilà les verres. Puis les entrées. Une fricassée d’escargots et de champignons. Portobellos et pleurotes sautés, petits escargots nageant dans une sauce très crémeuse: résultat, on sauce allègrement son bout de pain. Le croustillant de chèvre, un autre classique, est surprenant: le fromage est frit dans une pâte de brick, à la tunisienne. Très réussi. Un petit mesclun sans surprise mais très agréable joue les seconds violons.
Évidemment, vous commencez à me connaître: j’aime le tartare. Celui du Valois est, il faut le souligner, parmi les meilleurs mangés depuis longtemps. Viande hachée très finement au couteau, assaisonnement riche (câpres, cornichons, moutarde, sauce Worcestershire), légèrement trop vinaigré cependant. On était proche de la perfection. Les frites (à l’huile d’arachide, est-il précisé) étaient dorées et fraîches d’une huile toute neuve. Sérieusement, ça faisait longtemps.
Difficile de se décider ensuite. Bavette à l’échalote? Saumon sauce vierge? Que de bons tests. Mais les raviolis, c’est pas mal non plus. Ceux-ci sont visiblement du jour, cuits al dente, farcis de ricotta et baignant dans une sauce crémeuse aux champignons. Simplement verdis d’un peu de persil et de ciboulette. Visiblement, le chef prend son travail au sérieux.
DESSERTS
Avouons-le, nous sommes devenus verts de jalousie devant la texture soyeuse de la simple crème caramel à la vanille. Décidément, le bonheur tient à un fil… Le vacherin est monté à l’envers. Boule de crème glacée à la vanille entourée d’une couronne de meringue surmontée d’un coulis de framboises. Vous êtes sûrs que vous ne prendrez pas de dessert?
EMBALLANT /
Les serveurs en habit, très classes. Le design des lieux, séduisant. Un menu qui ne s’oblige pas à épater la galerie. Des plats bien construits, délicieusement réalisés.
DECEVANT /
Le bruit. On vous prévient, les conversations d’amoureux en tête à tête chuchotant des petits mots d’amour, ce ne sera pas facile. Le service, parfois erratique. Bon courage aux débutants.
COMBIEN? /
Des prix tout à fait honnêtes. Matin, midi et même en soirée. Pas besoin de dépenser comme des fous. Le soir, une trentaine de dollars par personne devraient suffire à la tâche.
QUAND? /
Tous les jours, de 8 h à 23 h.
OU? /
Le Valois
25, place Simon-Valois (angle Ontario)
Tél.: 514 528-0202