Restos / Bars

Le Local : Louis-François selon Benoît

À l’occasion de la fête des Pères, on a eu envie de passer à table avec l’un des propriétaires du Local, Louis-François Marcotte, et son plus fidèle client: Benoît Marcotte.

"Papa Marcotte", comme l’appelle affectueusement la sommelière du Local Élyse Lambert, s’attable tous les deux jours au nouveau restaurant que son fils a ouvert avec son acolyte Alexandre Gosselin (anciennement du Ô Chalet). "Je viens ici par affaires", de préciser un Benoît Marcotte qui dissimule assez mal sa fierté pour Louis-François, étoile montante de la gastronomie dont les télévores reconnaissent la bouille grâce à l’émission Le Goût de Louis, diffusée sur les ondes de Canal Vie.

Installé depuis le 1er mai dernier dans les anciens bureaux des architectes Lemay Michaud, Le Local semble en effet être le repaire des businessmen du coin, tant ceux qui portent la cravate que les jeunes entrepreneurs qui peuplent la Cité du multimédia et ses environs (lire: veste bien coupée, chemise impeccable et jean griffé). Le restaurant grouille encore longtemps après le coup de midi, comme pour affirmer le retour de la tradition des working lunches longuets et arrosés juste ce qu’il faut.

"Ce n’est pas sur le plan de la bouffe que j’ai influencé François", avoue Marcotte père, alors que l’on attend fiston qui doit être quelque part entre son restaurant-traiteur le Simpléchic de Verdun et le Vieux-Montréal. "Je maîtrise le Kraft Dinner et les poitrines de poulet, alors c’est de sa mère qu’il tient son talent de chef. Moi, c’est davantage le côté affaires et marketing que je l’ai aidé à développer." Et c’est justement cette corde que fait vibrer Louis-François au Local, où le jeune homme de 25 ans supervise cuisine et personnel. Bien sûr, on n’a pas droit à de truculentes anecdotes du temps où son fils était aux couches, mais Benoît se rappelle les débuts du Simpléchic, il y a cinq ans. "Il ne pouvait pas se servir de notre frigo à la maison pour son service de traiteur, il fallait lui trouver un local. À Verdun, les loyers étaient plus abordables. C’est comme ça que la première business de François est née."

Le loup arrive enfin, il répond trois "oui" et deux "non" aux questions qui fusent à droite et à gauche, puis fait le tour de son resto, depuis la cuisine ouverte au fond, en passant par le bar, jusqu’à l’espace lounge et l’agréable terrasse ombragée qui donne sur William. En suivant son fils du regard, Benoît nous demande de ne pas écrire ce qu’il nous dit (désolée, monsieur Marcotte), de trouver une meilleure formule pour expliquer que "ce (qu’il) essaie d’inculquer à François depuis qu’il est tout petit, c’est que la base de son succès repose sur ses compétences et la qualité du rapport qu’il entretient avec ses clients. C’est ce qui va lui permettre de durer dans le métier. Il faut qu’il reste "groundé"".

Lorsque le jeune homme de 25 ans s’assoit sur un banc de cuir du lounge devant un latte fumant, il serre la main de son père: "C’est bien qu’il soit ici souvent, ça permet de se voir un peu." Il faut comprendre que le nouveau restaurant, l’établissement de Verdun et la télé, ça laisse peu de temps pour les réunions familiales. "D’ailleurs, t’as envie de venir faire un tour à la maison dimanche?" se risque Benoît, profitant de la présence de la journaliste et du photographe. Pour toute réponse, on a droit à un clin d’oeil taquin et un sourire en coin. "J’ai une soixantaine d’employés maintenant. C’est beaucoup de gestion. Ici, on vend une expérience, de l’éphémère, un bon moment. Et pour ça, il faut que je sois présent." Tiens, tiens… il nous semble avoir déjà entendu ça quelque part.

Comme la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, le jeune chef a, de toute évidence, vigoureusement suivi les conseils de son entrepreneur de papa. Et à voir le restaurant à peine né qui ne désemplit pas malgré le fait que l’on soit mardi 15 h, les sages paroles du paternel semblent avoir porté fruit. Et tant pis si les tête-à-tête entre père et fils se font rares ces jours-ci. Papa Marcotte peut toujours se rabattre sur son plat préféré: le tartare de saumon du Local qui, sans pour autant être noyé dans une marée de condiments, "est bien relevé et a beaucoup de goût", comme Louis-François, quoi!

Le Local
740, rue William à Montréal
Tél.: 514 397-7737