Restos / Bars

Narcisse : Miroir, mon beau miroir…

La vue est époustouflante. Sur le toit du Narcisse, le fleuve est à vous. C’est un des plus beaux points de vue du Vieux-Montréal. Ça excuse facilement la qualité franchement moyenne de la cuisine.

Encore un projet signé Groupe Antonopoulos. Rien n’arrête cette entreprise familiale qui mise, depuis une trentaine d’années, sur le potentiel du vieux quartier avec ses restos (Verses, Méchant Boeuf, Aix cuisine du terroir, Modavie…) et ses hôtels. Aujourd’hui, le groupe emploie quand même autour de 400 personnes!

Ce Narcisse, donc, est logé dans l’Auberge du Vieux-Port, tout juste sur la rue de la Commune, en plein coeur du centre touristique de Montréal. Avant, l’Auberge abritait Les Remparts, un resto doté d’une cuisine gastronomique fort intéressante. Aujourd’hui, il a été remplacé par le Narcisse, un bistro à la cuisine franchouillarde proposant des classiques indémodables qui attirent le touriste par leurs accents parisiens. La première terrasse, au rez-de-chaussée, permet d’ailleurs de s’asseoir côte à côte et d’observer tranquillement la faune locale. À l’intérieur, élégant décor chaleureux, boisé, rehaussé de murs de pierre. Au sous-sol, une salle privée de 50 places dans un style tout aussi historique. Sur le toit, au sixième étage, la deuxième terrasse est ouverte sur le ciel. Menu personnalisé, service de valet, mazette!

BISTRO "CONTEMPORAIN"

Une appellation fourre-tout pour une cuisine qui tente en fait de moderniser ces plats incontournables que sont le croustillant de chèvre, la soupe de poisson, la soupe à l’oignon, le saumon grillé, le tartare de boeuf… On appelle ça aussi "cuisine créative", ce qui ici consiste essentiellement à marquer les assiettes d’un trait de balsamique réduit. Et, trêve de mauvaise foi, à jouer avec l’aspect de certains plats. L’exemple du croustillant de chèvre, justement. Le fromage a pris la forme d’une boule, enroulé dans une pâte de pruneaux et une tranche de bacon, recouvert d’une épaisse croûte roulée dans les graines de sésame. Un peu lourd. À côté, simple mesclun très frais et vinaigrette style balsamique. Le millefeuille tomate-féta consiste, comme son nom l’indique, en tranches alternées du fruit et du fromage. Habituellement, il met en valeur très simplement ses ingrédients. Au Narcisse, c’est dommage, la tomate manque de maturité (elles sont en retard, cette année!) et le féta est vraiment trop salé. Même si cela fait partie de sa nature, certains féta sont moins marqués par le sodium que d’autres.

Toujours populaire, le plat de pâtes aurait pu être plus estival. Les ravioles, en forme de demi-lune, sont farcies d’une duxelle de champignons et noyées dans la sauce essentiellement crémeuse, lourde, pleine elle aussi de champignons de diverses variétés. Autour, des épinards tentent de donner une touche de couleur, mais l’ensemble reste insipide et déprimant. Un peu de parmesan? Incroyable, il n’y en pas dans le restaurant!

Le tartare de boeuf, mon pêché mignon, vous le savez bien, ne pouvait échapper à la critique. La viande est de qualité moyenne et assaisonnée des habituels condiments. Trop de nerfs dans cette chair grossièrement mal coupée, si bien qu’il a été… impossible à finir! Une première dans les dizaines de dégustations du genre cumulées au fil des années. On se rattrapera au prochain, coudonc.

DESSERTS

Encore des classiques. La mousse au chocolat est (très) crémeuse, décorée de copeaux de chocolat blanc. La tarte au citron, à la texture ferme, a visiblement séduit le voisin de table. "Qui connait ça", a-t-il pris soin de préciser. Tant mieux!

EMBALLANT /
Les terrasses, bien sûr! Celle du toit, difficile d’accès, car il faut s’armer de patience pour trouver une place. Celle du rez-de-chaussée, vivante et conviviale. Le service, attentionné, sympathique, est toutefois un peu lent. La carte des vins, riche, passionnera l’amateur, mais il faut y mettre le prix.

DECEVANT /
Quelle tristesse de constater que dans d’aussi beaux lieux, on soit incapable de raffiner des plats pourtant si simples. Il ne manque pas grand-chose à Narcisse pour offrir une cuisine de qualité. Mais il lui faudra déboulonner le mythe et cesser d’admirer ses jolis reflets dans le fleuve. Ce n’est pas parce qu’on est beau qu’on a du talent.

COMBIEN? /
Comptez un minimum de 30 $ par personne pour le Trois services habituel. Vins au verre autour de 10 $. À la bouteille, misez au moins 40 $.

QUAND? /
Tous les jours de 17 h à 22 h. La cuisine ferme un peu plus tard les vendredis et samedis.

OU? /
Narcisse
97, rue de la Commune, à deux pas de la place Jacques-Cartier
Réservations: 514 392-1649