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Marché public dans l’ambiance du 18e siècle de Pointe-à-Callière : Ici naquit la cuisine française

À l’occasion de la quinzième édition du Marché public dans l’ambiance du 18e siècle de Pointe-à-Callière, discussion avec l’historien-gastronome Jacques Lacoursière.

Jacques Lacoursière entretient une collaboration vieille de 11 ans avec le Marché Public de Pointe-à-Callière qui met en scène, pour une quinzième année consécutive, l’ambiance d’une place publique de la Nouvelle-France. Flanqué d’un habit d’époque, Jacques Lacoursière y a souvent tenu le rôle de l’écrivain public. Cette fois-ci, il agira plus à titre de cuisinier et spécialiste de l’alimentation en Nouvelle-France. Toujours en costume, entouré de paysans, d’ouvriers et d’autres musiciens ambulants, l’historien de Shawinigan renseignera le public sur ce que l’on mangeait et buvait à l’époque de la Nouvelle-France. Une occupation parfaite pour cet amoureux inconditionnel de la bouffe qui connaît les moindres méandres de l’histoire du Québec. "J’ai toujours été féru de bonne chère. Il y a 20 ans environ, j’étais même président de l’Association canadienne pour la presse gastronomique et hôtelière", dit-il avec énergie au bout du fil. Il n’occupe plus le poste, mais sa passion pour le sujet ne devrait pas s’éclipser de sitôt.

CUISINE NOUVELLE EN NOUVELLE-FRANCE

En parcourant correspondances et bouquins, Jacques Lacoursière a déniché des informations surprenantes. "Contrairement à la croyance populaire, les tomates et les pommes de terre – deux légumes phares de l’alimentation québécoise "découverts" par les Européens plus au sud sur le nouveau continent – sont apparus sur le tard. Ce n’est qu’en 1780 que les pommes de terre s’intègrent à l’alimentation d’ici, tandis que les tomates arrivent vers 1850", explique-t-il avant d’ajouter, amusé, que "pendant trop longtemps, on a pensé que les tomates donnaient le cancer et que les pommes de terre n’étaient bonnes que pour les animaux!"

Au fil de ses recherches, Lacoursière a constaté que la nourriture de qualité foisonnait en Nouvelle-France. Elle bénéficiait d’influences riches et singulières, à la fois européennes et autochtones. Par exemple, les autochtones ont fait connaître aux colons leurs "Trois Soeurs" – le maïs, la courge, les haricots. Et puis, au dire de l’historien, "il y avait beaucoup plus de fines herbes en Nouvelle-France qu’il y en a aujourd’hui au Québec. Les administrateurs coloniaux profitaient de l’abondance des produits du territoire et retournaient en France avec leurs découvertes gastronomiques. C’est ainsi qu’ils y ont introduit le topinambour, maintenant utilisé à profusion en France. Par ailleurs, les Filles du Roy qui débarquaient au Québec se mariaient à des colons provenant de plusieurs régions de France – la Normandie, la Bretagne, et Poitou, entre autres. Maris et femmes s’échangeaient leurs recettes régionales, ce qui, indirectement, a contribué à la création de la cuisine française". En fait, se risque Lacoursière, "je crois que c’est plus au Québec qu’en France que la cuisine française est née!"

Le 23 août de 10 h à 20 h
Le 24 août de 10 h à 18 h
À la place Royale et aux abords du Musée Pointe-à-Callière
Événement gratuit
Info: www.pacmusee.qc.ca