Restos / Bars

Citi-zen : Samouraï urbain

Japonais et contemporain, le Citi-zen est une arène chic où les samouraïs de la business se donnent rendez-vous pour croiser le fer et brasser des affaires autour du gril Teppanyaki.

Avant, à cette adresse du boulevard de Maisonneuve, il y avait le resto l’Île de France avec son décor conservateur et sa cuisine du Vieux Continent. Maintenant, on y découvre le Citi-zen, un établissement de grillades japonaises très contemporain, mais qui n’a de japonais que les plats, puisque le proprio est chinois (M. Jack Tao, également propriétaire du Zen Ya) et le chef, vietnamien (M. Mike Ha, ancien chef du Sho-Dan). Mais on reste tout de même en Asie.

M. Tao a mis le paquet pour faire du Citi-zen un restaurant haut de gamme créé pour les gens d’affaires. Profitant du fait que son père était incidemment propriétaire d’une carrière de marbre en Italie, M. Tao a fait venir d’immenses bas-reliefs pour recouvrir les murs. La déco, ultra zen, se décline en brun chocolat, beige et blanc. Seuls îlots de couleur: quelques jets de lumière bleue et un fabuleux lustre en verre de Murano rouge qui surplombe le hall d’entrée.

Au centre trône la pièce de résistance: le fameux gril Teppanyaki, une immense plaque circulaire sur laquelle le chef fait griller des aliments en maniant les spatules avec la dextérité d’un samouraï.

À TABLE!

Le menu compte des entrées chaudes et froides, des soupes et des salades-repas, et une table d’hôte qui comprend trois groupes de propositions: le Shogun, un assortiment de viandes, le Hokkaido, un choix de poissons et fruits de mer, et le Samurai, un mélange des deux. J’ai opté pour le bar chilien du groupe Hokkaido et mon invité, pour le contre-filet de boeuf du groupe Shogun.

Les plats principaux étaient précédés par quatre entrées dont les deux premières étaient une soupe miso aux fruits de mer goûteuse, et une salade de mesclun et d’algues wakamé "chlorophyllées" et rafraîchissantes. Pour la troisième entrée, nous avions le choix entre un rouleau croustillant (Harumaki) ou des dumplings au porc servis dans un verre à martini avec une sauce aux arachides; les rouleaux constituent un meilleur choix. La dernière entrée était un trio de la mer (Sandenmori): une moule Motoyari servie dans sa coquille et présentée dans une sauce consistante de crème, ail, fromage bleu et saké; un sushi entouré d’une feuille de riz (plus doux qu’une algue nori); et un fin tartare de saumon servi en rosace sur une rondelle de riz collant.

Fondant, le bar chilien était tout à fait divin. En cuisinant gentiment le gérant, nous avons réussi à lui soutirer une partie de la recette secrète. Pour obtenir cette texture soyeuse, le chef enveloppe le poisson de gros sel dans un coton fromage, puis le traite au saké. Quant au contre-filet de boeuf, aussi tendre qu’un filet et servi selon la cuisson demandée, il a été cuit sur le gril et flambé au brandy devant nos yeux. La magie opère.

La viande et le poisson étaient tous deux accompagnés des mêmes légumes: une rondelle de purée de pomme de terre recouverte de quelques feuilles d’épinard fondant et d’un morceau de champignon Portobello. Sur le côté, quelques asperges, un bok choy et des lanières de poivrons rouge et jaune. Un jet de sauce, une disposition selon les règles de l’esthétique zen, et le tour est joué.

La table d’hôte du soir est, sans être bourrative, vous l’aurez deviné, très généreuse. Malgré la qualité des ingrédients, l’originalité des plats et le talent indéniable du chef, les clients boudent le resto le soir, trop pressés d’aller faire dodo après le boulot. L’heure du lunch, par contre, est bourdonnante. Pour retenir les travailleurs après les heures de bureau, le chef est en train de cogiter sur un nouveau menu du soir, orienté vers les 5 à 7 et les plats cuisinés à emporter. Il songe également à ajouter un comptoir à sushis. Espérons que ses efforts porteront fruit.

PETITES DOUCEURS

Côté desserts, il n’y a qu’un choix: une boule de crème glacée Tempura. Eh oui, comme pour les légumes. Sauf que la pâte est légèrement sucrée. Trois choix de saveurs: vanille, thé vert, sésame noir. Nous avons opté pour la dernière que nous avons partagée. La dame glacée s’est présentée entourloupée de crème fouettée et de tranches de fraises, façon shortcake. Est-ce que c’est bon? Disons que le goût de friture qui se mélange à celui de la crème glacée est plutôt étrange…

EMBALLANT /

Le raffinement et l’originalité des plats, le décor et une carte comptant une dizaine de sakés.

DÉCEVANT /

Dans ce coin du centre-ville, les clients boudent les restaurants le soir. L’endroit est pratiquement désert. Même la musique d’ambiance de style crooner et lounge n’arrive pas à masquer le bruit du système de ventilation. C’est pourtant un bon et beau restaurant.

COMBIEN? /

Comptez environ 90 $ pour une table d’hôte du soir, pour deux, avant taxes, vin et service.

QUAND? /

Tous les midis et soirs de la semaine.

OÙ? /

Citi-zen
801, boulevard de Maisonneuve Ouest
Tél.: 514 842-6600
Info: www.citizenrestaurant.ca