"Je suis une grande curieuse qui aime découvrir de nouveaux aliments. Le Québec regorge de produits méconnus qui sont pourtant délicieux", affirme Anne Samson. De là est venue l’idée de son livre, Cuisiner les légumes oubliés du Québec, récemment publié chez Modus Vivendi. "Pour moi, les légumes oubliés du Québec sont des légumes qui souffrent d’une mauvaise réputation et qui mériteraient d’être redécouverts. L’exemple classique est le pissenlit, considéré à tort comme une mauvaise herbe. Bourré de vitamines A et C, il est très bon cru – en salade, par exemple – ou cuit. Il faut préciser que les légumes que je mentionne dans mon livre ne sont pas tous nécessairement originaires du Québec, mais qu’ils y sont cultivés." Mère de famille, Anne Samson ouvre déjà l’appétit de ses deux jeunots de 2 et 4 ans avec ses tourtes au pissenlit. Elle compte d’ailleurs leur inculquer dès maintenant l’amour de la bonne bouffe. Une affaire de famille en fait: "Ma mère cuisinait énormément. Elle préparait des mets traditionnels du Québec comme le ragoût et les pâtés de viande. J’ai beaucoup appris d’elle, ce qui m’a permis ensuite de développer mon goût pour des recettes moins traditionnelles", raconte l’auteure.
DES GOÛTS SIMPLES
Malgré le regain de popularité des légumes et fruits locaux et le retour sur les tables des restaurants de légumes prisés par nos grands-mères comme le panais, Anne Samson pense qu’il reste un long chemin à parcourir pour renforcer la popularité de certains légumes.
En incorporant dans son livre des trucs et astuces pour éplucher, apprêter et servir potimarrons, rutabagas, pâtissons, crosnes, quenouilles et autres topinambours ainsi que des recettes simples, l’auteure espère nous les rendre plus familiers. "Je veux que les gens aient le goût de manger de la citrouille, des têtes de violon, du panais ou des salsifis! Pour leur donner ce goût, il ne faut pas les repousser avec des recettes compliquées. La courgette, par exemple, n’a pas besoin d’être cuisinée longuement. On peut la couper et l’apprécier crue, avec du sel ou un peu d’huile", lance-t-elle. N’empêche, les recettes d’Anne Samson séduisent plus qu’un légume cru. Quelques idées attrayantes: couscous à la courge musquée, aux tomates séchées et au fromage d’Oka, fricassée de topinambours, pouding chômeur au potimarron, queues de bette à carde au parmesan, ratatouille, têtes de violon amandine…
CHOYER SA CONSCIENCE
Mais le livre d’Anne Samson n’est pas seulement un livre de recettes. L’auteure y milite pour le concept de souveraineté alimentaire. Refusant néanmoins de se cantonner dans le principe futile "d’acheter québécois pour acheter québécois", Anne Samson veut convaincre le lecteur, notamment par le biais d’encadrés, que "la saveur est doublement bonne avec des légumes locaux de saison". Doublement bonne parce que les légumes locaux de saison sont plus frais et plus accessibles. "En achetant des fruits et des légumes locaux, nous contribuons à la vitalité de l’économie rurale, à la création d’emplois et à la réduction de la pollution. Nous n’encourageons pas le gaspillage d’essence, par exemple, en faisant venir au Québec des légumes qui poussent déjà chez nous", clame Samson.
UN PEU DE PIZZA, BEAUCOUP DE BETTE À CARDE
Et maintenant, en cette fin d’été et à l’aube de l’automne, de quels légumes oubliés locaux pourrions-nous faire notre festin? "C’est la saison idéale au Québec, répond l’auteure en riant. Presque tous les légumes de mon livre sont présentement de saison. Le temps des rhubarbes tire à sa fin, mais il n’est pas trop tard. Je recommande tous les légumes-tiges: chou chinois, bette à carde ou chou-rave, entre autres. Et à partir de septembre, les courges et les panais." Si Anne Samson nous recommande de manger des légumes, cela n’empêche pas l’auteure de céder quelques rares fois à la tentation de commander une pizza de l’extérieur. Mais pourquoi ne pourrait-on pas la garnir de courgettes, de chicorée, d’aubergine ou de courge spaghetti?
Cuisiner les légumes oubliés du Québec
d’Anne Samson
Éd. Modus Vivendi, 2008, 159 p.