"Bienvenue! Comment avez-vous entendu parler de nous? Tous nos amis viennent ici." Un grand gaillard nous accueille en nous tendant chaleureusement la main. C’est Martin. L’un des éléments du trio qui a ouvert Le Magnifique en février dernier. Ses deux complices sont Mélanie et Philippe (Phil pour les intimes), couple en amour comme en affaires. À trois, ils font la chaîne: Martin à l’accueil, Mélanie au service et Phil aux fourneaux.

Pour mettre au monde leur bébé, ils ont choisi le local de l’ancien restaurant italien Modigliani. Vous vous souvenez? Le Modigliani était chargé et chaleureux, il y avait des plantes et des tableaux partout. Le Magnifique est à l’opposé: aéré, ouvert, épuré… mais tout aussi chaleureux. Les trois comparses ont tout rénové avec des matériaux recyclés: pierre, bois, métal. Un bar a été ajouté; la cuisine se dévoile aux regards. C’est très réussi.

Le chef propose une cuisine de style bistro, avec des airs de France, d’Italie et du Québec: viandes et poissons grillés, frites, légumes vapeur al dente, sauces à base de crème et de vin. Le menu change au gré des arrivages et des saisons. Mais ce qu’il y a de particulier, c’est qu’il s’inspire de certains principes popularisés par Richard Béliveau et Denis Gingras, auteurs du livre Les aliments contre le cancer, publié chez Trécarré en 2005. Une inspiration que Mélanie relaie aux tables avec moult explications. Un discours à prendre avec un grain de sel cependant.

Si ici on suit certaines règles nutritionnelles, nos trois amis ne sont pas des ascètes. Car carnivores ils sont, et bien boire et rigoler ils aiment. À preuve, ils suivent le calendrier des événements sportifs, et tout est prétexte à ce que les copains débarquent pour se grouper devant les écrans de télé pour suivre un combat de boxe ou de hockey. Pour l’occasion, Phil allume son gril et prépare des côtes levées, du steak et du poulet BBQ. Mais attention, pas n’importe quelle volaille, du poulet de Cornouailles! Sur le tableau noir au-dessus de la cuisine, la date du premier match des Canadiens de la saison est soulignée à gros traits. Est-ce que Le Magnifique arrivera à supplanter la Cage aux sports dans le coeur des amateurs? Les paris (sportifs) sont ouverts…

À TABLE!

Premiers arrivés sur la table: un trio de sels. Un cristal de sel australien, et deux gros sels en provenance d’Hawaï; l’un est vert et l’autre rouge. Viennent ensuite les entrées: des Ginoviolis, une sorte de raviolis farcis aux champignons et à la ricotta servis dans une sauce à la crème, ail et vin. Ces pâtes, nommées en l’honneur d’un des amis de Mélanie (Gino), se situe entre le dumpling et le ravioli. Sympathique. La deuxième entrée est un duo de tartare et de carpaccio de boeuf. Le tartare, savoureux, est rehaussé avec justesse, sa texture est soyeuse. Mon invité s’en donne à coeur joie pour m’aider à finir mon plat, car la portion est plus que généreuse.

Quant aux plats principaux, nous avons droit à une bavette et à des cailles. La bavette, marinée dans le rhum, est d’une tendreté sans pareil. Elle surpasse celle d’un filet mignon régulier. Il faut le faire! Cette bavette est la meilleure que j’ai mangée. Elle est accompagnée de frites convenables mais sans plus, et nappée d’une sauce à base de vin et de crème.

Les cailles (il y en a deux) sont servies non désossées. Leur peau grillée est légèrement sucrée à l’aide de miel. Elles sont savoureuses et se laissent dévorer. Seule ombre au tableau: l’une d’elles est trop cuite sur le dessus et pas assez en-dessous. Elle est accompagnée de frites, comme pour la bavette.

Les deux viandes sont accompagnées par les mêmes légumes: quelques asperges, haricots jaune et vert, petites carottes, et un dôme de salade mesclun dont la vinaigrette est tellement discrète qu’on se demande s’il y en a une. Les légumes sont cuits vapeur al dente. On les devine frais, mais ils n’ont pas grande personnalité. Ils auraient été plus intéressants grillés, enrobés d’une bonne huile d’olive et saupoudrés de quelques herbes aromatiques.

PETITES DOUCEURS

Trois choix seulement: une coupe de crème glacée à la vanille et au basilic servie avec des petits fruits antioxydants (fraises, framboises, bleuets)… et un jet de Tia Maria; une fondue au chocolat noir individuelle servie avec des rondelles de bananes, des framboises, des fraises et des mûres; et une crème brûlée classique faite selon les règles de l’art.

EMBALLANT /

L’atmosphère amicale, la convivialité et l’enthousiasme contagieux des proprios.

DÉCEVANT /

Le discours sur l’alimentation anticancer est plus éloquent que ce qui nous est proposé dans les assiettes. Tant qu’à y être, pourquoi ne pas pousser le concept plus loin?

COMBIEN? /

Comptez environ 70 $ pour deux, avant taxes, vin et service.

QUAND? /

Du mardi au samedi, de 18 h à 23 h.

OÙ? /

Le Magnifique
1251, rue Gilford Est
Tél.: 514 590-0066
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