Le nom de ce nouveau resto-bar rapproche le cerisier ornemental, symbole japonais de la beauté éphémère, et ce fruit que, dit-on, le bouddhisme "révéla" au reste du monde. On ne saurait faire plus exotique. Ni plus accrocheur, car, je l’avoue, ce nom m’a accroché dès la première fois que je l’ai lu sur un communiqué de presse présentant l’établissement en termes de "concept urbain, menu recherché… décor contemporain". Le décor est superbe en effet, avec ces longs voiles diaphanes tombant devant les grandes baies vitrées, ces grands visages de geishas, ces îlots aménagés dans l’immense salle à manger… Accompagnée par un guitariste dont je n’ai pas pu savoir le nom, la chanteuse Clio Valérie jazze l’ambiance. On nous a installés tout près du bar à sushis, ce que j’apprécie. Mais nous voici littéralement juchés sur ces chaises-tabourets qui font la joie de certains – dont je ne suis pas. Qui plus est, la table est un peu plus haute qu’il ne faudrait par rapport aux sièges. "Vous n’avez rien de plus… bas?" Celui qui nous a conduits jusque-là m’assure d’un air désolé que les autres places sont prises.
Un serveur s’amène au bout de quelques minutes pour nous proposer l’apéro. J’opte pour une Hoegaarden. Mon amie se fait servir un verre d’Etchart blanc et ouvre de grands yeux quand le serveur précise (?): "C’est un 2006, je crois." Une jeune serveuse se pointe et place résolument nos assiettes à pain à notre droite. "Ne dis rien", suggère mon amie. Lit-elle dans mes pensées? Nous mettons du temps à nous décider devant une carte aussi prolixe. La "Découverte mango" (tartare de saumon et crabe) enchante le couple assis à ma droite et avec lequel nous échangeons quelques mots. Linguine aux crevettes et poireaux, escalope de veau aux pommes et migneron, sushis au choix du chef, contre-filet de porc au poivre noir et mignon de boeuf au gorgonzola devraient faciliter la vie aux plus timorés. Nous évoluons plutôt du côté des makis, temakis, nigiris, magurozukes, sashimis, kappas, unagis et hosomakis, sautant d’une rubrique à l’autre, aussi intrigués qu’indécis. À force de voir passer des assiettes (magnifiques!) et de voir manger autour de nous, notre faim plaide l’urgence et nous passons commande.
Mon amie commence par un "potage du moment" au poulet et riz, nuancé d’une "pointe" de citron. Servi à une température idéale, il se laisse savourer et, pour un peu, on en redemanderait. Mon entrée est constituée de deux gyozas au boeuf, chauds et savoureux. Toutefois, sur le pourtour et aux extrémités, la pâte est un vrai casse-dents. "On a dû les faire cuire trop longtemps", explique notre serveur. Puis c’est l’attente de ma seconde entrée, en l’occurrence une délicieuse crevette tempura dont je ne fais qu’une bouchée. Ma compagne, elle, entame à peine ses ikas (calmars frits): elle les avait commandés dans la rubrique des tapas, mais une "petite erreur" lui vaut d’en recevoir une belle assiettée. Elle ne s’en plaint certes pas, surtout que les mollusques, tendres et bien assaisonnés, ne souhaitent que son bonheur – et le mien aussi, pendant qu’on y est. Quelques rondelles plus tard, elle montre des signes de satiété et, sans doute pour se redonner de l’entrain, commande un second verre d’Etchart.
Nos assiettes reparties, nous attendons de nouveau… mais pendant un temps infini. La chanteuse et son guitariste ont pris une pause. Les voilà qui reviennent. Quelques clients tardifs arrivent; d’autres s’en vont, dont le couple de la table voisine, arrivé peu après nous. Et puis, enfin, nos plats de résistance s’amènent, jolis à croquer. Alors, croquons!… La salade Sakura Mango comporte, en plus des laitue et trévise, des mangues confites, des wontons frits, des crevettes en tempura, du gingembre, maïs nain et tomates cerises, tout cela mouillé d’une vinaigrette à l’huile de sésame. Le délice et l’abondance réunis, mon amie ne se tient pas de joie. Pour moi, l’Okinawa: homard flambé au saké, crabe (du vrai), échalote épicée (pas trop) et masago (oeufs d’éperlan). Cinq morceaux, dodus et roulés serré. Et avec ça, bien entendu, les inévitables wasabi, tranches de gingembre et sauce soya. C’est un véritable régal que ce plat, bien que deux des rouleaux se révèlent, sur un côté, d’une dureté inexplicable. Mon plat est vide avant même que je m’en rende compte. J’en commanderais encore, si je ne me retenais pas. "Retiens-toi", conseille mon amie, pressée de se taper une petite marche digestive. Nous nous passons pour cette raison de dessert et de café.
Sakura Mango
797, boul. Lebourgneuf, local 100
Québec
Tél.: 418 977-9110
Menu du jour: 12 à 24 $
Table d’hôte: 25 à 31 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 60,55 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com