Restos / Bars

Portofino : Promesses italiennes

Qu’il s’agisse de la cuisine ou du service, le Portofino ne laisse rien au hasard et met un point d’honneur à vous satisfaire.

On ne s’attend pas, un lundi soir, à l’ambiance festive qui règne habituellement dans ce bistro italien. L’ambiance n’a cependant rien de morose. Nous ne nous étonnons pas que les clients soient encore peu nombreux en ce début de soirée. Ce sont, pour la plupart, des touristes anglophones. De temps à autre nous parviennent quelques mots d’italien. Et, tout à coup, les gens semblent arriver de partout, touristes ou pas. À quelques pas derrière moi, un peu sur la droite, le four à pizzas n’a pas fini de fournir, et pour la salle et pour ceux qui viennent chercher ce qu’ils ont commandé. Le personnel ne chôme évidemment pas. Bières, apéros, bouteilles et verres de vin, antipasto, salades, plats de gnocchis ou de pâtes diverses semblent se livrer à un ballet sans musique. En fait de musique, pas de chanteur ce soir? On nous apprend que Guillermo Saldaña y sera à partir de 20h. Dommage, car il est certain que nous serons déjà partis. "Ce sera pour la prochaine fois", assure mon invitée en levant son verre. Nous trinquons, à la Moretti tous les deux. Sur la carte, on retrouve des familiers – scallopine di vitello ai funghi, risotti, divers poissons et fruits de mer, dont les gamberini giganti aglio e sambuca. Tout en bas, sur la page de droite, "Les Caprices du chef" me font de l’oeil, surtout les linguines à l’encre de seiche. Cela devient une obsession, car c’est ce que j’ai pris les deux dernières fois ici. Je me trouve une diversion, en l’occurrence la panoplie de pizzas. Deux me sont totalement inconnues: la massaia (au canard confit) et la voronov (sauce rosée, poivre vert et vodka), contrairement à la populaire Margherita. Mon invitée, elle, a dérivé en direction des viandes. Ce qui ne l’empêche pas de déclarer qu’elle se prendra une pizza. Il me faut une entrée de toute urgence, car la faim commence à me troubler la vue. Nos commandes passées, je m’intéresse un moment au décor. Bien qu’il n’ait pas changé, je découvre ici et là des aphorismes que je n’avais pas remarqués lors de ma dernière visite (s’ils y étaient). Non è bello ciò che è belle ma è bello ciò che piace. Dans ce cas, mon entrée de lumache della mamma est belle, simplement parce qu’elle me plaît. D’abord par une excitante odeur d’ail. En bouche, cet ingrédient ne s’impose pas trop, se laissant envahir par d’autres saveurs – celle de la mozzarella gratinée, celle des gros morceaux de tomate fraîche qui vous jutent doucement contre le palais, celle des escargots, tendres et savoureux par eux-mêmes, qui se retrouvent dans un environnement idéal. Point de vue d’un mangeur, bien sûr, car j’ignore ce que les mollusques eux-mêmes en pensent. Deux chips de taro, un peu brûlées, sont vite remplacées par la serveuse à qui je signale la chose. Tout va donc pour le mieux. Trop. Je commets l’erreur de ne rien laisser de cette copieuse entrée et, sans oser l’avouer, je souhaite qu’il ne reste plus de cannelloni della casa. Mon invitée n’avait pas choisi d’entrée. Elle a trompé sa faim à coups de bouchées de pain aux olives, aux noix, etc. Un ou deux escargots l’ont aussi aidée à tenir le coup. Alors, quand arrive son immense pizza parsemée de rondelles de salsiccia, elle semble se tenir pour ne pas applaudir. La pizza est délicieuse: c’est presque un pléonasme de dire cela ici. La saucisse n’est pas relevée; je la qualifierais même de douce. En ce qui me concerne, mon souhait ne s’est pas réalisé. Mes cannelloni della casa sont bel et bien là, fumants, odorants, invitants. Carnivore que je suis, il me suffit de me rappeler qu’ils sont farcis de veau pour réveiller mon ardeur. La farce comporte aussi des épinards, je n’y peux rien. Et du fromage; c’est pas grave. Et ce mélange a le mérite de me faire oublier que j’avais déjà trop mangé. Béchamel et sauce tomate nappent les cannellonis dodus, moelleux. Si j’avais secrètement déploré un petit excès de poivre dans les escargots, là, je ne trouve rien à redire. De loin en loin, entre deux bouchées, mon invitée semble pensive: sa faim n’est plus et cela doit la rendre triste. Je la console en évoquant le fait que l’entrée avait comblé ma faim à moitié et que ce plat principal en comble les trois quarts. "Mais ça fait une fois et quart…" Justement. Il va sans dire que le dessert et le café devront bien se passer de nous.

Portofino Bistro
54, rue Couillard, Québec
Téléphone: 418 692-8888
Table d’hôte: 24,95 à 31,95 $
"Les Caprices du chef": 23,75 à 33,75 $
Menu du jour: 10,95 à 14,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 79,58 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com