Restos / Bars

Plein sud : Gourmandises épistolaires

Un lecteur qui se fend d’une véritable chronique sur un nouveau restaurant, c’est assez rare pour le souligner. Et qui mérite réponse, car nous n’avons pas eu la même expérience du Plein sud.

DÉLICES

Cher Thierry,

C’est un véritable coup de coeur que vous avez voulu nous faire partager sur le site de Voir.ca le 17 septembre dernier (pour consulter la critique de Thierry Martel, rendez-vous sur son blogue). L’heure tardive de votre message, 1 h 08, traduit même la spontanéité de vos propos. Vous avez été séduit, non seulement par l’ambiance, mais aussi par la cuisine et la gentillesse de William et Dominique, les deux patrons et serveurs. Et je vous comprends. Plein sud accueille le client avec une sympathie qui traduit la passion de nos deux complices pour la restauration. Comme vous le dites si bien, "vous trouverez en eux de bons vivants qui se feront un plaisir de partager leur temps et leurs expériences avec vous". Je partage aussi votre opinion sur "l’ambiance chaleureuse créée par les teintes de bois sombre et de rouge". Et de beige, ajouterai-je, qui donne un air très lumineux à la salle. J’ai craqué pour le mur du fond, de vieux objets culinaires dans des étagères bien éclairées, sobres, presque zen. Le comptoir du bar, en céramique rouge, est adorable. Et l’ombre du taureau noir sur fond rouge, au mur, superbe. Quant au menu, il offre bien une table d’hôte "alléchante", aux accents du Sud de la France. Canard, évidemment, mais aussi jarret d’agneau et thon rouge aux tonalités d’olives et de basilic. Et si nos deux proprios sont d’origine française, le cuistot, lui, s’appelle Olivier Cardinal, un jeune Québécois dont vous soulignez d’ailleurs le talent.

LES PLATS

C’est là que nos avis divergent un peu, en fait. Vous nous faites part du "souci du détail" dans les assiettes, ce que je n’ai pas trouvé tout à fait exact. Malgré l’évidente bonne foi de notre chef, les plats m’ont paru un peu brouillons. Pas sur le plan esthétique, car la présentation était impeccable. Plutôt sous l’aspect technique, un peu imprécis. Prenons l’exemple du foie gras poêlé. Une entrée que l’on s’offre parfois, avec de grandes attentes. L’escalope, trop mince, pas assez saisie, n’avait pas cette merveilleuse texture à la fois croustillante et fondante. Les croûtons avaient été grillés dans du gras de canard, beaucoup trop lourd. Même problème de lipides dans l’autre entrée, deux pétoncles baignant dans une tapenade pas assez resserrée, trop liquide. Les pétoncles n’avaient pas été suffisamment saisis non plus, ce qui leur donnait un air mollasson. Vous voyez que je suis difficile!

Lorsque je lis une lettre comme la vôtre, Thierry, je me demande si je ne suis pas un peu trop exigeant. D’ailleurs, ne nous sommes-nous pas dit, entre deux plats, que ce resto méritait mieux qu’une claque? On sent ici l’amour du métier, et ça fait du bien.

Heureusement, la suite s’est mieux passée. Le carré d’agneau était un petit bijou de tendreté, joliment rosé. Sa sauce à l’ail confit, réconfortante. Une petite cassolette de légumes variés (haricots verts, panais, pois mange-tout) cachait aussi une purée de chou-fleur. Un joli plat, vraiment.

Le thon n’était pas mal non plus. Un peu trop cuit, cependant. L’émincé d’artichauts et d’olives, sur le dessus, lui allait comme un gant. Quelques tomates légèrement confites, des légumes et la fameuse purée de chou-fleur fermaient la marche. Avec plaisir, malgré la répétition.

LES DOUCEURS

Vous ne nous avez pas parlé des desserts. Mais avez-vous goûté au petit pot de tiramisu à la grappa? Un délice. Par contre, le pot de chocolat aux noix et aux framboises manquait de punch. Pas assez de cacao dans la crème et trop de gélatine pour les framboises. Je vous parlais d’imprécisions: c’est exactement ce que je voulais dire.

EMBALLANT /

L’extrême gentillesse de Dominique et William. Vrai! Ils aiment leur métier et le font avec beaucoup de professionnalisme. "L’ambiance chaleureuse du décor", comme vous l’avez si bien dit. Une salle privée est disponible pour les groupes. Et grâce à des prix très raisonnables, Plein sud mérite la visite.

DÉCEVANT /

Alors, déçu? Pas tout à fait. Je sens qu’il ne manque pas grand-chose à cette joyeuse équipe pour faire de ce Plein sud un incontournable. Un peu plus de franchise dans les saveurs, de la précision dans l’exécution, et tout ira bien. Et une carte des vins plus étoffée. Je suis sûr que lorsque vous y retournerez, dans quelques semaines, vous ne serez pas déçu.

COMBIEN? /

De 18 $ à 26 $ la table d’hôte, c’est un prix franchement honnête.

QUAND? /

Du mardi au samedi, de 11 h à 14 h et de 17 h à 23 h.

OÙ? /

Plein sud
222, avenue du Mont-Royal Est, angle Hôtel-de-ville.

Au plaisir de vous y rencontrer, Thierry!