Restos / Bars

Snobismes d’aujourd’hui : Coeur de dandy

Clubs sélects, costumes chics, parfums de l’air du temps, menus raffinés et mondanités, suivez notre petit parcours frivole pour amateurs de snobismes d’aujourd’hui.

On l’imaginait sirotant une coupe de champagne, nonchalamment accoudé au bar, écoutant vaguement un air de jazz sous les boiseries et les lustres du cabaret de l’Hôtel de la Montagne. Pour retrouver sa trace, on a compulsé avec méthode l’ouvrage du collectionneur de traités de savoir-vivre et professeur parisien Frédéric Rouvillois, Histoire du snobisme, publié récemment chez Flammarion. On le rêvait élégant, fumeur de havanes, allumant avec classe un cigarillo à La Casa del Habano, le viril et raffiné cigar lounge de la rue Sherbrooke. On croyait le rencontrer chez Ricks Barber Shop, cultivant le vieux style dans l’atmosphère rétro raffinée d’une échoppe de barbier de qualité, au coeur de Westmount. Mais le dandy d’aujourd’hui hante de nouveaux lieux.

BOIRE DU CHAMPAGNE

Pour goûter aux charmes de la Garçonnière, il faut descendre quelques marches de pierre avant de pénétrer dans un micro-lounge aux murs de briques sombres, situé dans le demi-sous-sol d’une maison ancienne du Vieux-Montréal. Dans ce nouveau repaire au nom sulfureux, on peut inviter sa maîtresse ou son amant d’un soir ou d’une vie à une dînette improvisée en toute simplicité autour d’un verre de champagne. Au menu: caviar d’Abitibi, huîtres fraîches, foie gras de canard, poissons fumés, fondue de gibier, fromages fins et truffes au chocolat belge… Bref, de quoi satisfaire tous nos caprices de gosses de luxe. Les amateurs de bulles pourront y découvrir chaque soir entre 15 et 20 champagnes différents et une sélection de chics mousseux, à déguster au verre ou à la bouteille (à partir de 130 $ pour une bouteille de Nicolas Feuillatte Brut). Le dandy épicurien averti s’y pointera tard le soir: cet antre de gourmandise est ouvert jusqu’à 3 h du matin, du mercredi au samedi.

CHAUSSER SES BOTTES

Qu’il soit le fils spirituel de Philippe Dubuc, adoptant la silhouette longiligne, ou qu’il se balade en culotte de tweed surdimensionnée façon Chaplin (enfin, dans son cas, c’est davantage une référence au costume oversized vu chez Comme des garçons), le dandy des temps modernes porte une attention particulière à ses chaussures. Règle générale, il ne laisse pas la patine les gagner, en prend un soin jaloux et abuse de sa carte plastique pour se les procurer. Dans le registre de la chaloupe qui fait jaser, les créations vancouvéroises de John Fluevog font bonne figure. On a d’ailleurs croisé notre homme, rue Saint-Denis, en flagrant délit de lèche-bottine. C’est que l’on reçoit en boutique ces jours-ci de nouveaux modèles, dont un sublimissime bottillon à bout légèrement arrondi et au talon haut de 2,5 pouces. Nom de code? Perry. Prix? Pas encore disponible. Au magasin, on prédit la razzia, surtout que, question d’exclusivité, on n’en aura en inventaire qu’une ou deux paires par pointure. C’est à regret que notre distingué ami doit laisser ses coordonnées au vendeur (les arrivages se font par bateau pour des questions environnementales). Résultat? La marchandise se fera désirer encore quelques semaines et notre dandy se consolera en se procurant de superbes boots lacées jusqu’à la mi-cheville du nom de Jet Stream Noreaster, pour la rondelette somme de 225 $.

FAIRE TOURNER LES TÊTES

On se retourne au passage du dandy. Et s’il est tout près, on incline la tête pour mieux cueillir les exquis effluves qui s’exhalent discrètement de son cou. C’est qu’il s’y connaît en matière de jus et préfère de loin flirter avec la parfumerie de niche, parce qu’il est absolument impensable qu’il fleure le même Aqua di Gio que son voisin de table. C’est donc dans la boutique-écrin du parfumeur Claude André Hébert que l’on se retrouve, en suivant le sillage de notre homme. Et bien que monsieur Hébert – que l’on soupçonne aussi d’appartenir au club sélect des dandys – propose des créations personnalisées, sa collection régulière se compose évidemment d’odeurs fraîchement uniques. Le flacon de prédilection de monsieur "m’as-tu senti", c’est Bombay, un enivrant et viril mélange de vétiver, cardamome, bois de santal et cannelle. 90 $ les 50 ml, 125 $ les 100 ml.

TENIR SALON

Quand le dandy passe au salon, question de classe, il préfère s’installer dans un fauteuil anglais en cuir vintage. La faune du Plateau a quant à elle troqué son vieux Sofa Bar contre l’atmosphère et la cave du Chesterfield, le nouveau bar à vin de la rue Rachel. Le dandy y vient pour les concerts de jazz du mardi soir, les 5 à 7 gastronomiques des jeudis et vendredis (les jolies tapas méditerranéennes sont concoctées par le chef Franco Parreira), pour participer à des dégustations de vin les mercredis et faire la fête en élégante compagnie tout au long de la semaine.

CARNET DANDY/

Hôtel de la Montagne
1430, rue de la Montagne
514 288-5656
www.hoteldelamontagne.com

La Casa del Habano
1434, rue Sherbrooke Ouest
514 849-0037
www.havanahouse.com

Barber Shop Ricks
5590, rue Sherbrooke Ouest
514 487-8894

Garçonnière
343, rue Saint-Paul Est
514 543-8274
www.bargarconniere.com

John Fluevog
3857, rue Saint-Denis
514 509-1627
www.fluevog.com

Claude André Hébert Parfums
125, avenue Laurier Ouest
514 303-7426
www.claudeandrehebert.com

Chesterfield
451, rue Rachel Est
514 544-5316
www.chesterfieldmtl.com

Histoire du snobisme
de Frédéric Rouvillois
Éd. Flammarion, 2008, 410 p.