Je l’ai immédiatement recommandé à des amis qui sortaient voir un show à La Tulipe, à quelques coins de rue de là. Ce chaud lapin, avec son petit air bistro, convient parfaitement au Montréalais pressé. À celui qui recherche un petit plat sur le pouce. Mais aussi au couple qui cherche un tête à tête tranquille. Et à la gang d’amis qui profitera des vastes banquettes en U pour fêter un anniversaire. Bref, voici un resto polyvalent. Comme il se doit dans le monde de la restauration, on a fait appel à un designer de renom pour redorer les lieux qui accueillait précédemment le Cassis. Mais quel changement! Le décor, sobre et sombre, est rehaussé de teintes rouges et orangées, de miroirs et d’une fausse fourrure genre peau de vache assez surprenante. Un bar reçoit les habitués et surtout, à voir le nombre de bisous distribués pendant une soirée, les amis des proprios.
À TABLE!
La carte du chef Jean-Frédéric Morency emprunte de nombreux sentiers qui cherchent visiblement à plaire à tout le monde. La douzaine d’entrées réunit les classiques salade de chèvre chaud, saumon fumé avec les exotiques crab cake, kefta et calmars frits. Pratiques, ils peuvent se déguster à la manière tapas, démontrant une fois de plus cette tendance de la restauration à ne pas s’asseoir sur le traditionnel trois services. La douzaine de plats principaux offre la même latitude culinaire: des carbonara, du tartare, des ribs et du confit de canard. D’autant que les apprêts, précisés sur la deuxième ligne, cassent parfois la tradition. Du confit de canard à la marmelade de gingembre, on ne s’y attendait pas.
Commençons donc par ce fameux crab cake, un plat populaire le long des côtes américaines, dont les recettes varient selon les endroits. Ici, le crabe est finement haché, à un point tel que l’on regrette de ne pouvoir mordre dans un morceau de chair. L’assaisonnement est bien peu relevé, pas assez robuste. Il est servi sur un lit de tomate, concombre et avocat en petits dés et couvert d’une écume au paprika fumé. Malheureusement un peu éventé.
Pour se rattraper de cette entrée en matière frustrante, voyons la pieuvre grillée. Quel beau morceau! Un tronçon généreux, cuit à point, accompagné d’une peperonata (un soyeux mélange de poivrons grillés) mêlée à une semoule de couscous aux olives noires. Toute la chaleur du Sud de l’Italie dans une assiette. Disons que nous étions aux anges.
Pour rester dans la botte, nous sommes allés dans le coin de la Carbonara. Un classique qui est très bien répété ici: assiette généreuse, pâtes al dente rehaussées de cheddar extra-fort (une entorse à la recette), de poivre noir et de beaux morceaux de flanc de porc braisés coupés en lardons. C’est nourrissant et délicieux.
Évidemment, il y avait du tartare. Évidemment, c’était tentant. Mais non, pour bien comprendre ce Chaud Lapin, il fallait goûter à la vedette des lieux: le lapin! Une belle pièce, le râble, est farcie de champignons et frappée d’une sauce aux pommes pas trop sucrée. Une succulente purée de céleri-rave au cheddar accompagne le plat, ainsi que quelques asperges encore croquantes. Une petite réussite que ce plat dont on trouve souvent que la chair est trop sèche. Sympa!
DOUCEURS
Le choix de desserts semble avoir été un peu négligé et contraste avec l’offre intéressante de la carte salée. Un crumble aux pommes, certes, mais aussi une crème brûlée. Décidément, on se répète, dans les restos. Une crème trop peu épaisse. Dommage, car il fallut casser et lever la croûte de caramel pour aller grappiller le peu de crème dans le fond. Bien réussie, pourtant.
EMBALLANT /
Une ambiance des plus amicales, un service attentionné mais pas collant, un choix de vins des plus intéressants. Ce Chaud Lapin est bien ficelé, prêt à tenir la route pendant un petit bout de temps. On est content.
DÉCEVANT /
Pas grand-chose, en fait, si ce n’est que l’on s’attend à un éventail plus ouvert de desserts, ce qui conclurait avec plus de faste ce ravissant repas.
COMBIEN? /
J’allais dire… comme d’habitude. C’est-à-dire une quarantaine de dollars par personne et plus, si affinités.
QUAND? /
Les midis, du mardi au vendredi, de 11 h 30 à 16 h. En soirée: jusqu’à 23 h. Brunch: samedi et dimanche, de 10 h 30 à 16 h.
OÙ? /
Au Chaud Lapin
1279, avenue du Mont-Royal Est
514 522-2379
Ah, les aléas du monde de la restauration! Au moment de partir sous presse, nous apprenons que le restaurant Au Chaud Lapin est temporairement fermé. Les propriétaires, joints par téléphone, nous promettent que le resto reprendra ses activités dans les prochains jours et peut-être même d’ici la fin de la semaine. En attendant, nous vous recommandons de téléphoner au 514 522-2379 avant de vous y rendre.
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com