Restos / Bars

Café Griffintown : Brunch revitalisé

Dimanche midi, un doux après-midi d’automne. Que diriez-vous d’un brunch au Café Griffintown?

Un quartier mythique en pleine revitalisation. C’est ce qu’on découvre en arpentant ce bout de la rue Notre-Dame des antiquaires, à deux pas du canal de Lachine. Les condos ont poussé partout, accompagnés d’une épicerie flambant neuve et de petits commerces gourmands. Même la vénérable confiserie Lowney est en voie de reconversion en appartements. Nous sommes dans le Sud-Ouest du centre-ville. À deux pas de la rue de la Montagne, à mi-chemin entre le Marché Atwater et l’École de technologie supérieure. Depuis 10 ans, Griffintown a bien changé. Un projet controversé d’aménagement est en voie de se réaliser, bouleversant son penchant ouvrier. Car ce furent d’abord des milliers d’Irlandais qui investirent le quartier au 19e siècle. Des travailleurs forcenés du port, du chemin de fer ou de la construction du pont Victoria. D’industries aujourd’hui désuètes au bord d’un des plus beaux sites urbains de l’île. Croyez bien qu’il intéresse les promoteurs immobiliers. Pourtant, le charme de Notre-Dame opère toujours. Architecture éclectique, oui, mais aussi ombres du passé. Celles des pubs où l’on racontait l’histoire d’un fantôme, celui de Mary Gallagher, une prostituée assassinée en 1879, qui revient chaque sept ans rue William à la recherche de sa tête…

UN CAFÉ?

Le Griffintown, un ancien pub, fut une institution dans le quartier. Aujourd’hui, il est reconverti en petit bistro fréquenté par les jeunes professionnels du coin. Les premiers acheteurs, comme disent les vendeurs de condos. Des jeunes familles, aussi. Avec une caractéristique historique: on parle encore beaucoup anglais dans le coin. Et on y fait un bon café. Grâce à une rutilante et très bruyante machine à espresso. Avec la musique, c’est elle qui construit l’ambiance vivante de ce vaste local lumineux. Les murs de pierre ne parviennent pas à insonoriser cette immense caisse de résonance. Mais peu importe, cette atmosphère expressive prête à la discussion animée, même un lendemain de veille. Et le cappuccino est délicieux. Que demander de mieux?

BRUNCH

Parfois, on se dit que rien ne vaut un dimanche midi entre amis. On se remémore les bons moments de la soirée en sirotant un café. Dans l’attente de revigorants petits oeufs, uniques remèdes à un repas trop copieux. La serveuse, parfaitement bilingue, nous a pointé le tableau noir, au mur. Un menu tout simple, qui décline les oeufs bénédictine de trois classiques façons: au jambon, aux épinards ou au saumon. Un menu qui n’omet pas non plus le traditionnel déjeuner bacon/saucisse et son éternel opposant, le yogourt granola aux fruits. Au cas où vous feriez attention à votre ligne. On peut bien tenter de renouveler le genre, mais le secret d’un bon brunch, c’est ça. Des assiettes bien pleines de ces plats rassurants. Revenons d’ailleurs à notre oeuf bénédictine, un mythe alimentaire bien curieux. Il paraît que c’est un banquier de Wall Street, Lemuel Benedict, qui commanda ce plat pour la première fois en 1894 à l’hôtel Waldorf, pour soigner sa gueule de bois. Un muffin, des oeufs, du bacon et de la sauce hollandaise, voilà de quoi remettre sur pied! L’effet est efficace et garanti. Au Café Griffintown, il est bien traité. Les deux oeufs, sur leur demi-muffin, sont nappés d’une sauce ni abondante, ni lourde. Dans la version épinards, les feuilles sont fraîches, presque croquantes. Le saumon est en fait déjà préparé, à la manière d’un gravlax. Le jambon est une pièce de qualité, à la tranche épaisse. Dans les assiettes, une petite salade variée (laitue, épinards, carotte et céleri-rave émincés) et des pommes de terre presque en purée, mêlées à des oignons caramélisés. Délicieux.

ET SINON?

Ce Café Griffintown est étonnamment polyvalent. Sandwichs et soupes à midi, petits plats de saison style bistro en soirée: le chef, Dylan, avoue aller faire son tour au Marché Atwater presque chaque jour pour prendre de l’inspiration. Ne vous étonnez pas si on ne peut pas prévoir ce que vous mangerez ce soir!

EMBALLANT /

Nous avons particulièrement apprécié la séance de luminothérapie à travers les vitres du café. Et la convivialité qui règne ici, rehaussée d’une bonne humeur contagieuse. On aime aussi qu’on accepte les réservations pour le brunch, et que la petite Betty de nos amis, 2 ans, ait été accueillie avec respect. Merci. Les jeunes familles du quartier auraient toutes les bonnes raisons d’y implanter de bonnes habitudes.

DÉCEVANT /

Ce n’est évidemment pas le brunch du siècle. On m’a même fait remarquer que les oeufs pochés goûtaient un peu trop le vinaigre. L’ajout de vinaigre à l’eau de cuisson permet en effet d’être à peu près sûr de ne pas les rater. Ce n’est pas une raison pour avoir la main lourde sur la bouteille!

COMBIEN? /

De 8 $ à 12 $ pour une assiette fort généreuse, voilà un excellent rapport qualité-prix.

QUAND? /

Pour les brunchs: samedi et dimanche de 10 h à 16 h. Ouvert aussi les midis et les soirs, du mardi au samedi. Fermé le lundi.

OÙ? /

Café Griffintown
1378, rue Notre-Dame Ouest, angle de l’Aqueduc
514 931-5299
www.cafegriffintown.com

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com