Restos / Bars

La Perla : Perle rare

Sans tambour ni trompette, La Perla vient de fêter ses 11 années d’existence… et de succès.

Si la discrétion peut être une forme d’élégance, voilà qui ajoute aux nombreuses qualités de ce restaurant où l’on se sent vite à son aise – entouré d’attentions multiples qui vous inclinent au farniente. Au téléphone, déjà, au moment de la réservation, vous savez que le "on vous attend" n’a rien d’une formule toute faite. L’accueil vous le prouvera dès votre arrivée. Le décor? Toujours le même: simple et beau avec ses grands miroirs, ses demi-cloisons et le bar, tout au fond, qui laisse apercevoir quelques-unes des bouteilles dont on garde un bon souvenir. Le limoncello, ce sera pour plus tard… Pour le moment, une Moretti fera l’affaire. Je me suis si souvent fait dire que c’était la seule bière italienne distribuée au Québec (ou offerte seulement dans les restos) que j’ai depuis longtemps renoncé à revenir sur le sujet. Mon amie se commande un kir royal. Contrairement au rituel "Santé!" que l’on prononce en trinquant, elle murmure plutôt: "J’ai faim!" Je réponds que moi aussi. Pas de temps à perdre, donc: sus à la carte! Duo de saumon fumé à l’huile de thym persillée… feuilleté d’escargots à la crème d’ail et basilic… terrine du maître charcutier et ses confits… Nous agrémentons chaque nom de plat de commentaires ou d’interrogations, du genre "je m’en souviens très bien" ou "est-ce qu’on n’a pas déjà pris ça?" Fondue parmesan et ses confits… consommé navets et carottes… Cela me dit quelque chose… La vérité, c’est que nous prenons un certain plaisir à faire durer l’attente, à retarder ce moment où, la commande passée, nous ne pourrons plus changer d’idée. Tiens! Est-ce qu’on peut dire "rebrousser décision" comme on dit "rebrousser chemin"? Elle éclate de rire, mon amie, sachant que mon humeur badine est signe de bien-être. Ah, les viandes! Agneau en croûte à la florentine… Escalope de veau à l’orange et Grand Marnier… "C’est ce que je vais prendre!" décide-t-elle, sans aucune intention de changer d’idée. Je poursuis mon tour d’horizon du côté de l’entrecôte grillée, de la trilogie de veau, du feuilleté de ris de veau au calvados et des tartares de boeuf ou de saumon. "Sole de Douvres et ses cavaliers de la mer": voilà qui nous change un peu des "demoiselles du Mékong"… Les plats de pasta sont tout aussi fidèles au rendez-vous: medaglioni aux fruits de mer, fettucine Alfredo ou al pesto, penne al arrabiata, spaghettinis aux crevettes à l’ail… Nos commandes passées, nous n’attendons pas bien longtemps nos premiers plats. En raison de mes précisions quant au tartare de saumon, le chef lui-même vient m’en faire goûter une petite portion pour s’assurer que cela répond à mes attentes. Oui! Nos entrées arrivent pour de bon. Pour celle qui m’accompagne, une délicieuse salade d’endives, feuilles entières ou non, délicatement nappées d’une vinaigrette au goût fin. Petit délice conforme à mes attentes, mon tartare se présente en petits îlots disposés sur des chips de taro, dans un environnement de verdure (laitue, luzerne, fines tranches de concombre, etc.). Ma Moretti terminée, je me demande si j’ai envie de boire autre chose… Sans se poser de question semblable, mon amie se fait servir un verre de vin rouge (Medoro Sangiovese, 2007). Minces, tendres, savoureuses, les escalopes servies ensuite à mon amie sont nappées de sauce à l’orange et au Grand Marnier – une sauce pas trop sucrée, délicieuse, qui vous pommade un peu la langue. Les accompagnements sont les mêmes dans nos deux assiettes: gratin dauphinois (qui n’aurait rien perdu à cuire un tout petit peu plus), "crème" d’épinards, betteraves, haricots verts, chou-fleur, chips de taro… Le principal, pour moi, rapproche deux mondes: des ris de veau à la pizzaïola (sauce brune, corsée, qui vous mobilise toutes les papilles d’un coup); des langoustines enrobées d’une sauce à la nantua – la sauce étant plutôt une homardine veloutée, suave, subtile. Entre les deux, ma fourchette balance. C’est ainsi avant chaque bouchée. Et, quelle que soit la bouchée, c’est elle que je préfère. Cette belle inconstance m’accompagne jusqu’à la fin, jusqu’à la dernière crevette que je fais semblant d’oublier… Une feinte, comme au soccer. Puis je la gobe. Je ne m’applaudis pas, mais je me récompense un peu plus tard d’une bonne part du gâteau choisi par mon amie. À l’orange et au Grand Marnier: eh oui, comme les escalopes! Voilà ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées. Pour finir, deux petits verres de limoncello pour affronter la bise frigorifiante qui nous attend dehors.

La Perla
1274, avenue Chanoine-Morel
Sillery (Québec)
Téléphone: 418 688-6060
Menu du jour: 11,75 à 16,95 $
Table d’hôte: 25,50 à 33,50 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 134,15 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com