En le découvrant, je le crois nouveau dans le coin, mais ce n’est pas le cas. Pourquoi n’ai-je jamais remarqué son enseigne, pourtant bien visible? Je l’aurais peut-être ignoré encore longtemps si une amie ne m’avait signalé son existence par courriel. Aussitôt su, aussitôt tenté d’en tâter. Le quartier est des plus calmes en ce lundi soir. Frustré d’avoir si peu de victimes, le petit vent plus que frisquet se déchaîne sur les rares personnes en vue. Nous en sommes. Et nous hâtons le pas… Pour y être venus au temps d’un autre resto, nous connaissons ce local, mon amie et moi. Le décor n’est plus le même, évidemment. Clair, aéré, dépouillé, il se révèle accueillant. Une flamme joyeuse danse dans un foyer, des tableaux décorent les murs, des assiettes peintes se succèdent sur une étagère. Au-delà du comptoir délimitant les cuisines, des piments d’un rouge vif s’empilent dans un énorme bocal. Dès notre arrivée, la jeune serveuse nous a lancé un "bonsoir" des plus joyeux et nous a invités à prendre place. Dispersés dans la salle à manger, quelques clients mangent en silence. Non loin de nous, un autre attend d’être servi. Sur le mur qui me fait face, un tableau noir énumère des boissons, alcools divers, digestifs, etc. "Tu sais que la région de Charlevoix s’est séparée du Canada?" Mon amie ouvre de grands yeux et semble se demander ce qui m’arrive. Je lui désigne du doigt le tableau noir, où la Vache folle (noire ou rousse), de la Microbrasserie Charlevoix, figure en bonne place parmi les bières importées! Elle rit de "moins bon coeur" que quand elle n’a pas faim. Mais voici bientôt, sous nos yeux, le napperon de papier détaillant les spécialités de la maison – du smoked meat, évidemment, mais diversement présenté. Cela commence par les sandwiches (simple, en assiette garnie ou en assiette grecque); puis ce sont les pizzas (au smoked meat ou végétarienne), le "Spécial Joe sous-marin" pour appétits costauds (oignons, piments, smoked meat, steak, pepperoni, fromage, salade, tomates…). Les "à-côtés" suivent la rubrique des pâtes (combo spaghetti) et salades (grecque ou au thon). Je repère d’avance les desserts (tarte au sucre et gâteaux). Nous avons trinqué, à la Grolsch et au Pepsi, avant de passer commande. L’attente n’est pas bien longue. J’ai choisi "La grande assiette": quatre tranches de pain; et la viande à part, abondante comme tout smoked meat qui se respecte, mais pas très chaude. J’en "enfile" une tranche, vite fait, par curiosité, par gourmandise ou pour toutes les raisons qui ne me sont pas encore venues à l’esprit. C’est du vrai! Avec, autour, la croûte d’assaisonnement coussinée d’une couche de gras moelleux et de bon goût. Un gros tube de moutarde forte se tient prêt à intervenir, non loin des énormes cornichons qui, au dire de la serveuse, ne sont pas les plus gros qu’on puisse vous servir. J’entreprends de confectionner mes sandwichs avec la patience d’un orfèvre. L’un après l’autre, mangeant le premier en préparant le deuxième et ainsi de suite. Dans l’assiette qui me fait face, j’ai d’abord vu une montagne de smoked meat déchiqueté. Un coup de fourchette de mon amie a révélé, dessous, une abondante sauce à spaghetti répandue sur les pâtes. "Comment c’est?" C’est un grand sourire qui me répond, puis: "Goûte!" N’ayant jamais eu d’attirance particulière pour la sauce à spaghetti (ou ce qui prétend l’être), je m’aventure sans enthousiasme. Force m’est d’avouer que ce genre de petite préparation vous bouscule un brin les convictions. Pas du tout acide, ni surchargée d’épices ou d’aromates… et sans aucun de ces petits "noeuds" de viande crispés évoquant des billes de caoutchouc. Les morceaux de smoked meat, déjà savoureux par eux-mêmes, en nuancent agréablement le goût. Ma Grolsch n’est plus, vive mon dernier sandwich! Je le molletonne de moutarde et le leste d’une bonne ration de cornichons. Et c’est parti!… "Le smoked meat à son meilleur", clame l’en-tête du menu. P’têt’ ben qu’oui! De son côté, mon amie a déclaré forfait. Quand je lui propose de choisir un dessert, elle se rebiffe comme si je l’avais menacée. Je me tape donc tout seul (ou presque-presque) l’indécent gâteau choco-caramel passementé de sauce. La pâte, le glaçage, le caramel, la sauce au chocolat… chacun essaie de me prouver qu’il est plus sucré que les autres!
Joe Smoked Meat
275, rue Saint-Vallier Est
Québec (Québec)
Téléphone: 418 523-4545
Mets à la carte: 7,45 à 11,95 $
Desserts: 3,75 et 4,25 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 37,80 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com