Première visite: l’ancien local de La Papaye verte, récemment récupéré par un couple thaïlandais, n’a pas beaucoup changé. Toujours aussi sobre, voire simple. Il ne remportera sûrement pas un prix de design. Mais quelle importance? On y mange si bien! Et avec un accueil aussi sympathique, je vous jure qu’on a déjà envie d’y revenir. Même vide, ce resto est chaleureux, sûrement grâce aux petits bouddhas qui nous font des clins d’oeil du mur. Notre serveur, un Chinois de Madagascar (!), connaît à fond la grande carte qui étale toutes sortes de plats alléchants. Deux pages bien remplies: entrées, soupes, salades, à-côtés, grillades, plats végétariens, poissons et fruits de mer, caris de viande, sautés au wok et desserts. Ouf! Un bon 15 minutes de réflexion, le temps d’une bière. Parfait.
LE TOUR DE L’ASSIETTE
Rien de mieux, pour commencer, que l’assiette Maï Thaï, une vitrine pour mieux goûter à plusieurs entrées sans défoncer le portefeuille. Elle arrive rapidement, puisque les différents éléments sont déjà prêts et ne nécessitent qu’une friture ou une cuisson à la vapeur. Élégantes crevettes en tempura, à la pâte frite légère, moelleuses croquettes de poisson, poulet satay en brochette (que l’on trempe dans une ravissante et croquante sauce à l’arachide), dumplings (une influence de la cuisine chinoise), et un croustillant rouleau impérial. On s’amuse comme des petits fous à mordre dans l’un, puis dans l’autre, en gardant un petit morceau pour plus tard. Dans quel ordre dégusterez-vous ces entrées? Parce qu’on voulait vraiment tout essayer, on a aussi commandé la salade yum nuea, composée de tranches de surlonge de boeuf grillées au charbon de bois avec chili, concombre, céleri thaïlandais, tomates et oignons. Beaucoup de fraîcheur: tout à fait recommandable. Pour se réchauffer, la soupe: un exquis bouillon avec quelques morceaux de poulet et de champignons, velouté à la crème de coco et parfumé au galanga. Un régal.
Attaquons les plats: des portions généreuses très bien présentées dans de vastes assiettes blanches carrées. La lotte, un poisson "viandeux" que j’adore, est cuite à point dans son cari vert agrémenté de pousses de bambou et de cubes d’aubergine. Le traditionnel poulet aux arachides est surprenant tant sa sauce est subtile. Des arachides broyées dans une sauce soyeuse légèrement pimentée et relevée d’une pointe de gingembre et de citronnelle. Les épinards frits ne sont pas sucrés (contrairement aux plats d’autres restos de la sorte) et légers. Le boeuf en cari, aux légumes croquants (maïs nain, pousses de bambou), présente des arômes étranges: celui du krachaï, une racine différente du galanga qui dégage une saveur de lavande acide et piquante. Et celui du basilic sacré, qui tient son nom des moines bouddhistes qui le plantent près des temples. Ça fait rêver.
UN GOÛT DE REVENEZ-Y
Alors nous n’avons pu nous empêcher de revenir. À quatre, cette fois, et avec bébé Oscar, 9 mois. Jamais vu un accueil comme ça. Notre serveur du jour, Mac, l’a immédiatement adopté et pris dans ses bras pour le balader jusqu’en cuisine, où il a pu s’amuser avec la clochette et sourire à la cuisinière. Une nouvelle attaque dans l’assiette Maï thaï, aussi bonne que la dernière fois, et une visite chez le pad thaï, un mets traditionnel incontournable. Une montagne de pâtes, de poulet, de fèves de soya, de tofu frit et d’oeuf, le tout relevé à la ciboule et au tamarin, décoré d’arachides et chili broyés. Un festin. Le vivaneau me regardait d’un drôle d’oeil présenté ainsi, entier, debout, sur le côté. Il est frit mais sa chair est douce sans être trop cuite, sur une salade froide de mangue fraîche, de noix de cajou, de chili, de lime et de citronnelle. Cependant, le must est sans aucun doute ce sauté de pétoncles et lotte servi dans un cari rouge épicé mais adouci d’une touche de noix de coco. Une petite merveille.
ALORS, UN DESSERT?
Pas vraiment, après un repas pareil! Si vous avez pris la table d’hôte, choisissez l’habituel beignet de banane ou d’ananas, tout à fait agréable. Mais ne vous privez surtout pas d’une dégustation gargantuesque en pensant trop au dessert!
EMBALLANT /
Un accueil et un service vraiment inoubliables. C’est ce que nous retiendrons longtemps de ces deux charmantes soirées. Et, bien sûr, une cuisine fine, bien agencée, à la fraîcheur irréprochable. On ne s’ennuie jamais au Maï Thaï.
DÉCEVANT /
Vraiment, pas grand-chose. Le chauffage n’est pas tout à fait adéquat, car les clients collés au mur crèvent de chaud et, comme il arrive souvent dans ces restaurants, on prend un coup de froid près de la vitrine. M’enfin, ce sont des détails qui ne devraient pas vous empêcher d’aller y faire votre tour.
COMBIEN? /
Tout dépend de votre degré de faim, mais disons une trentaine de dollars par personne en soirée. Ce sera largement suffisant.
QUAND? /
Tous les jours, de 17 h à 22 h.
OÙ? /
Maï Thaï
365, avenue Bernard Ouest (angle avenue du Parc) à Montréal
514 279-6888