Le défunt Sofa est donc complètement transformé. L’ancien bar à porto, ouvert en 1997, suit la tendance en changeant de divan pour passer au bar à vin. La nouvelle équipe n’a pas lésiné sur la déco. À l’extérieur, d’abord, où un éclairage soigné confère beaucoup d’élégance à la façade. À l’intérieur, dans un mélange de nuances de gris et de rose, un coin bar appelle à la dégustation en toute convivialité. De l’autre côté, une salle à manger, équipée de tables hautes ou basses et de banquettes, rappelle de façon plus traditionnelle que nous sommes aussi dans un restaurant. Au mur, une galerie de portraits signés William Notman (1826-1891), aux cadres décadrés, ajoute une touche historique à la fois urbaine et raffinée. La clientèle est aussi un peu comme ça. Jeune et jolie, bien habillée, soignée. Elle apprécie particulièrement savourer un bon petit cru tout en grignotant quelques tapas sortis de la cuisine de Franco Parreira. Le chef exécutif (Parreira traiteur, Le diner) s’est inspiré des nombreuses tables du genre, mêlant en petites portions spécialités portugaises, espagnoles et italiennes.
TAPAS ET RACIONES
Avec un concept axé sur la dégustation de vin au verre, le Chesterfield offre une courte carte d’entrées méditerranéennes, en deux chapitres. Le premier met l’accent sur les tapas, des petites portions à picorer, le deuxième sur les raciones, sorte de demi-plat (somme toute assez généreux), que l’on apprécie seul, avec un peu plus d’égoïsme. Mais rien, rassurez-vous, ne vous empêche de tout partager. Les présentations sont simples et soignées, tout en sobriété. Les rillettes de canard maison, par exemple, un peu grassouillettes, sont tout bonnement servies avec quelques croûtons. Les accras de morue, un classique de la cuisine portugaise, sont de petits beignets de poisson passés dans la friture. Un peu trop gras, encore une fois, surtout une fois trempés dans l’aïoli. Pensez à demander un peu de citron, histoire de relever le tout. Les arancinis, eux, viennent d’Italie. De Sicile, pour être exact. Il s’agit de boules de risotto farcies de fromage nappées de sauce ragù, à la tomate et à la viande, à la manière d’une bolognaise. À l’intérieur, le fromage est coulant, vraiment, et forme des fils qui vous mettront au défi de manger avec distinction! La beauté de la cuisine du Portugal, ce sont aussi les salades de poissons et fruits de mer. Pieuvre, calmars et crevettes ou, maquereau. Présenté dans un grand verre à cocktail, le filet est délicatement assaisonné, joliment acidulé, dans un méli-mélo de pois chiches, tomates et olives, rehaussé de coriandre fraîche. Un petit délice.
Nous avons ensuite demandé les plats les plus populaires. La pâte du jour, d’abord, des pennes en sauce légèrement tomatée avec confit d’agneau, olives et poivrons rouges grillés. Cuisson juste et charmants parfums pour cette assiette servie dans une petite poêle en fonte individuelle. Ensuite, entorse au menu méditerranéen, ce Parmentier tout à fait classique: de la viande de boeuf braisée et émiettée recouverte de purée de pomme de terre passée au grill. Soyeux.
DULCES
Comme il est de bon ton en ce moment, le chef prépare sa version du pot au chocolat: un petit pot de conserve rempli d’une crème riche, dense et monolithique. Et pour faire honneur à l’Espagne, goûtez donc à la crème catalane, la version barcelonaise de la crème brûlée, à la note délicatement citronnée. Très réussie. Et si vous n’avez jamais taté du natas, c’est l’occasion! Cette petite tartelette à l’oeuf typiquement portugaise s’avale habituellement tout rond, avec beaucoup de plaisir.
EMBALLANT /
Nous avons ici tous les ingrédients d’un bar à vin qui remplit sa mission: une carte étoffée avec des choix (une trentaine) au verre, classés selon les caractéristiques gustatives. Une cuisine méditerranéenne généralement bien concoctée et une bien belle ambiance. Les amateurs du genre apprécieront la présence d’un DJ en résidence, enfermé à l’entrée dans sa cage de verre. Et les soirées à thème: mardis champagne, mercredis dégustation et 5 à 7 à prix doux. Objectif premier et rempli: la détente dans une atmosphère conviviale et branchée.
DÉCEVANT /
Cuisine: nous avons trouvé l’ensemble un peu gras, mais est-ce faute d’avoir voulu goûter à un maximum de plats? Vins: malgré une carte étoffée, on n’y distingue pas les vins réguliers des importations privées. Et il en manquait plusieurs, ce soir-là. C’est parfois frustrant.
COMBIEN? /
Comptez une trentaine de dollars par personne pour un repas des plus complets. Évidemment, avec des vins au verre autour de 10 $, la facture monte vite, aussi vite que l’ivresse et la promesse de lendemains difficiles…
QUAND? /
Du mardi au samedi, dès 16 h.
OÙ? /
Chesterfield
451, rue Rachel Est (angle Rivard)
Réservation recommandée au 514 544-5316
www.chesterfieldmtl.com