Restos / Bars

Poisson d’avril : Plaisir mitigé

Il y a toujours, au Poisson d’avril, un ou deux plats qui retiennent davantage l’attention et dont on garde un agréable souvenir.

Un samedi soir. Sibérien. Décor figé, rues désertes. Les cheminées exhalent une fumée compacte. Nous accédons au restaurant par la porte donnant sur la rue Saint-Paul, entrant de plain-pied dans une ambiance de fête. Un groupe venu célébrer ici un anniversaire occupe deux grandes tables. L’accordéoniste présent agrémente d’un fond sonore le bruit multiple des conversations. Nous traversons la pièce à grands pas pour gagner la salle à manger principale et l’on nous place dans cette partie surélevée donnant vue sur le salon privé, presque bondé. Autour de nous, un groupe, des couples, du vin, de la bière… et un personnel qui s’empresse, les bras chargés, en direction d’une table ou d’une autre. Assiettées de moules, plats hérissés de frites, huîtres gratinées, bols fumants: j’ai faim. À part une grande couronne de Noël accrochée en face de moi, rien n’a changé dans ce décor de pierre familier.

On vient remplir nos verres d’eau glacée… et pleine de glaçons. Me déciderai-je un jour à dire à certains que c’est là une grossière erreur? Je me rabats sur la carte, en quête de quelques nouveautés. Le serveur qui prend en charge notre table nous propose des apéros. J’hésite, puis finis par choisir une Kronenbourg, tandis que mon amie se décide pour un verre de chardonnay, soit un Etchart 2006 figurant sur la carte. Quand il revient avec nos commandes et que je lui demande si le vin est bien un 2006, j’ai droit à cette réponse sublime: "On prend ce que la Régie nous donne." Non, je ne me fâche pas. Je précise, un quart de ton plus haut, que je veux seulement connaître le millésime du vin apporté à notre table. Vérification faite, il s’agit d’un 2008. À vrai dire, c’est le seul accroc de la soirée, car notre serveur se montre par la suite fort courtois. Tant mieux, car mon humeur et mon système digestif lui en auraient voulu! Pour manger? Un choix assez varié: de la "trilogie de poissons fumés de chez Atkins" à l’imposante "assiette du commodore", en passant par les divers apprêts auxquels se soumettent de bon gré les huîtres, les moules, les pétoncles, le crabe, le requin et le vivaneau. Depuis le temps, on ne s’étonne plus de survoler au passage un magret de canard. Quant à la "galette de morue de Ginette", nos "prédécesseurs" en ont abusé et il n’en reste plus. Nos commandes passées, nous sirotons nos boissons tout en prêtant attention aux nouveaux clients qui s’amènent, aux assiettes qui perdent du volume à la table voisine et à celles dont le fumet rôde un bon moment autour de nous.

Mon entrée de calmars frits se révèle encore meilleure que la dernière fois. Les mollusques sont tendres et bien assaisonnés, cuits juste à point. Leur sauce au curry est de très bon goût; on en mangerait à la cuiller. Peu importe; mon plaisir est sans nuage. Mon amie se fait une joie d’y prendre part et se commande un second verre de vin en attendant son plat de résistance – soit "l’assiette du marinier". Cette dernière combine crevettes, pétoncles, moules et poissons avec, comme accompagnement, du riz, des carottes, des rabioles… Les moules valent à elles seules le déplacement. Quant à mes langoustines grillées, elles sont blêmes, à tel point qu’on les croirait cuites à la vapeur. Malgré leur saveur agréable, elles me déçoivent en raison de leur texture un peu "gommeuse". Par contre, la sauce qui les nappe est une pure volupté. On la dit à l’huile de coriandre, mais j’y décèle un petit goût du genre "secret du chef" (cognac?) qui refuse de se laisser identifier. "Sais-tu, dit mon amie, on aurait dû ne prendre que les calmars et les moules…" Je suis du même avis. Nous terminons par un "gâteau au fromage extra java" assorti de crème anglaise, de coulis de framboises, de tranches d’oranges et d’une cerise de terre.

Le temps presse, car nous avons des calories à rattraper. Nous avons à déguster le reste d’un chef-d’oeuvre qui a pour nom "Délice des Fêtes": génoise imbibée de sirop d’érable au Grand Marnier, compote de canneberges au parfum d’orange, tout cela couronné d’une mousse de chocolat blanc. Nous en avons fait provision, quelques heures plus tôt, au musée-boutique Les Délices de l’érable (418 692-4881) de la rue Saint-Jean. Nous en avons mangé avant de quitter la maison, et nous retournons à la maison pour en manger encore…

Le Poisson d’avril
115, quai Saint-André
Québec
Tél.: 418 692-1010
Service de traiteur: 418 692-3444
Table d’hôte: 35 à 80 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 109,49 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com