Restos / Bars

Soñar : Accent espagnol

Parmi vos résolutions du Nouvel An, n’hésitez pas à inclure une "redécouverte" du Soñar, l’un des rares restaurants de la région qui puissent encore se dire espagnols.

Les transformations se sont poursuivies, depuis ma dernière visite. C’est aujourd’hui dans un décor tout blanc – immaculé, dépouillé – que nous nous retrouvons, une fois le seuil franchi. Des menus cartonnés s’empilent sur une petite table. Sous certains angles, les grands miroirs de l’entrée ajoutent à la pièce d’étranges dimensions. Sur la droite, des chaises hautes s’alignent devant le bar et, du côté opposé, une interminable banquette capitonnée court le long des murs. Tout cela baigne dans un éclairage tamisé où le rouge domine. L’endroit est plutôt calme, ce midi. L’unique serveur présent nous a accueillis d’un petit air solennel qui n’exclut pas la courtoisie, puis nous a placés au fond de la salle à manger, près du poste de DJ pour le moment inoccupé. Il remplit nos verres d’eau glacée et encombrée de glaçons (!) et prend note de ce qui nous tiendra lieu d’apéros: une Sapporo et un verre de Viña Sol 2007. Sur l’immense carte détaillant les menus, les tapas occupent naturellement la vedette. Cela commence par les tapas amigos (combinant verdaduras, carnes et mariscos) et se poursuit avec des spécialités dont on a vu la liste s’allonger au fil des ans. Anchoas fritos sur mesclun, pâtes, légumes grillés, salade de pamplemousse au fromage bleu, tortilla española, berenjenas fritas (aubergines frites), croquettes de jambon, dattes farcies, gratin de Séville: autant de petites gourmandises parmi lesquelles nos appétits tentent de se trouver une raison d’être. Notre faim se montre encore un peu timide. Un peu plus loin, sur la carte, ce sont les croquettes de morue, la marinade de crevettes, le filet d’agneau, l’osso buco, les côtes levées, le poivron farci et autres – sans parler du verso et de ses mets plus élaborés: notamment le steak frites (bistec con patatas fritas), l’aumônière de saumon et les paëllas. Nous trinquons, mon amie et moi, tout en échangeant quelques commentaires sur notre difficulté à choisir. Je prends brusquement conscience d’un petit détail qui me chipote en sourdine depuis le début: j’ai encore du mal à "digérer" cette mode qui consiste à vous faire manger sur des tables sans nappe et sans même un napperon!… Nos commandes passées, j’éprouve la vague impression d’avoir eu les yeux plus gros que la panse. On verra bien. Le repas commence pour moi par un huevo flamenca – oeuf poché, sauce tomate, poivrons et jambon serrano. Sans pain. J’en demande; on nous en apporte des tranches grillées. Ce tapa me plaît bien, mais je l’aurais apprécié davantage si l’on avait pris soin d’épépiner les tomates (eh oui, cela se fait!). Pour sa part, mon amie fait ses délices d’une petite assiettée d’anchois frits, couchés sur mesclun et servis avec mayonnaise. Bons… et très salés. Elle passe ensuite à ses linguines accommodées de chorizo flambé au xérès, de fromage de chèvre et de tomates séchées, le tout lié d’une bonne huile d’olive et garni d’une feuille d’endive. J’attaque en même temps mon portobella farci de fromage de chèvre… et le traite avec toute l’attention due à sa délicatesse et à son bon goût. Quand vient pour moi le moment de m’intéresser à mes champiñones mixto, je regarde avec inquiétude le bol de moules que j’avais aussi commandé et qui attend encore sur un coin de la table. Délicatement assaisonnés, sautés au vin blanc et recouverts de parmesan, ces champignons cuits juste à point s’avèrent savoureux et se mangent donc avec… ardeur. Il y a là des portobellas, des champignons de couche et des pleurotes – dont on n’aurait pas dû garder les pieds pour le moins coriaces. Je me rafraîchis les papilles d’une bonne gorgée d’eau fraîche (les glaçons ayant fondu depuis longtemps) et rapproche de moi les moules grandes ouvertes et pommadées de rouge. Elles ont beaucoup refroidi et je le déplore. Leur sauce est aux tomates, à l’ail et à la coriandre. J’y décèle une amertume que je ne m’explique pas, mais qui évoque pour moi (à tort ou à raison) certaines pâtes de tomate en conserve. Je persiste pendant encore deux ou trois minutes et finis par déclarer forfait. "Nous avons mangé trop de pain…" conclut mon amie. À peine si nous avons un peu de place pour deux cafés allongés, que nous avons du mal à terminer.

Soñar
Restaurant et bar à tapas
1147, avenue Cartier
Québec (Québec)
Téléphone: 418 640-7333
Menu du jour à partir de 10 $
Plats à partir de 11,50 $
Dîner (incluant boissons et taxes): 48,33 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com