Restos / Bars

La Scala : Escale italienne

Les changements apportés au décor n’ont en rien affecté l’atmosphère chaleureuse de La Scala, où l’on retrouve une carte immuable, semée de tentations.

Il y a toujours, après les périodes de festivités, ce qu’il faut bien appeler un "creux": restos plutôt tranquilles et portefeuilles en convalescence. On observe bien quelques sursauts le vendredi et le samedi, mais le dimanche est calme. Comme ce soir. Nous sommes seuls dans cet établissement qui a tant "chauffé" au cours de semaines précédentes et même la veille. Le lieu est à nous, le temps nous appartient, rien ne presse – même pas la faim qui, pour le moment, se ramasse sur elle-même et se tient prête à bondir. Le décor a beaucoup changé depuis notre dernière visite. Sur l’un des murs entièrement refaits, une peinture nous donne à voir la salle de La Scala de Milan. Des poissons de toutes tailles et diversement colorés s’ébattent dans l’aquarium vivement illuminé. Plus près de nous se dresse le piano noir familier avec, posé dessus, un gramophone sur lequel s’éternise, immobile, un vieux disque RCA Victor de 78 tours.

Le serveur nous avait accueillis avec déférence et nous avait, bien entendu, laissé le choix des places. Après quelques considérations sur le temps qu’il fait, les éventuelles nouveautés du menu, le départ de l’ancien chef et l’arrivée d’un autre, j’avais accepté l’offre d’un apéro. Pour l’heure, je déguste seul mon Henkell Trocken (qui m’a été servi avec un peu trop de brusquerie, au point de verser un peu sur la table). Mon amie s’en tient à l’eau jusqu’ici, bien qu’elle accorde toute son attention à la carte des vins, bières, portos et alcools divers. Cantonné depuis de longues minutes dans la rubrique des viandes – tendre escalope de veau à l’estragon, filet de veau citron et câpres, foie de veau à l’anglaise, etc. -, je dérive en direction des pizzas et, juste à ce moment, notre serveur nous amène un amuse-gueule: quatre tranches d’une fine pizza aux tomates et fines herbes. Elles sont délicieuses, comme elles le sont toujours ici, et tirent doucement notre appétit de sa somnolence. Du coup, nous avons hâte. Zuppa del giorno (crème de poireaux), pizza pesto et crevettes, arrivage de la mer, ris de veau… "Les ris de veau, c’est ce que tu as pris la dernière fois", rappelle mon amie. Le serveur a entendu et nous propose immédiatement, en entrée, le feuilleté de ris de veau. Bonne idée. Pour la suite, nous tergiversons tant et plus. Sur le point de me laisser tenter par le filet mignon de boeuf (sauce au fromage bleu), j’opte pour les gnocchis maison et me ravise aussitôt.

Mon amie a fait son choix; moi de même. Elle se fait servir du chianti Ruffino (2007) et soupire d’aise. C’est une grande assiette jaune, saupoudrée de fines herbes et zébrée d’une réduction de vinaigre balsamique, qu’on vient poser au milieu de la table, avec, pour chacun de nous, une petite assiette – que nous utiliserons peu, préférant nous servir directement. Le feuilleté s’avère léger. Des noix de ris de veau moelleux se mêlent à des champignons de couche, à peine croquants, dans une sauce onctueuse et de très bon goût. La réduction balsamique est un peu plus acide qu’à l’ordinaire, mais ne gâche nullement notre plaisir. La grande assiette repart donc vite et nous souhaitons déjà l’arrivée des suivantes. Mon mousseux n’est plus qu’un souvenir. En commanderai-je un autre? Non. Une gorgée de chianti sera la bienvenue. Et voici le Spaghetti del Gladiator choisi par mon vis-à-vis: poivrons rouges et verts, piments, calabrese, herbes et sauce tomate y font bon ménage et vous laissent sur la langue une certaine… ardeur que n’apaisent ni l’eau ni le vin. Mais on en redemande!… Je quitte à regret ce plat qui n’est pas le mien. Devant moi, le Vitello Fine Champagne, soit des escalopes de veau nappées d’une sauce à base de crème, de cognac, de vin blanc et d’échalotes. Véritable délice carné qui me console un peu de mes linguine évadés trop vite de leur eau de cuisson. "Tes pâtes sont mieux cuites que les miennes", dis-je. "Je ne trouve pas", répond distraitement celle qui, le sourire aux lèvres, donne le coup de grâce à son Gladiator. Joli coup de fourchette, en vérité! Elle émet un long soupir de satisfaction et fait déjà allusion aux desserts. "Nous en partagerons un", lance-t-elle à mon peu d’enthousiasme. Nous concluons donc par un savoureux tiramisu léger, pas trop sucré, et particulièrement chocolaté – accompagné de deux cafés pour le moins faiblards. La maison nous offre le sambuca.

La Trattoria Scala
31, boul. René-Lévesque Ouest
Québec
Tél.: 418 529-8457
Menu du jour: 8,95 à 18,95 $
Table d’hôte: 20,95 à 37,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 86,43 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com