Restos / Bars

Choco-là : Alléluia chocolat

Ils font ce dont ils ont envie et comme bon leur semble. Ils font du Choco-là.

"Il y avait plein de gens qui nous disaient: "Êtes-vous fous? Ouvrir une chocolaterie au centre-ville, ça ne fonctionnera jamais!"", se rappelle Jouhaïnna Lebel, copropriétaire de Choco-là, alors qu’elle détaille du regard les nouveaux locaux de la boutique, rue Wellington Nord, avec la bouille d’une fille fière d’avoir fait à sa tête. Une Mafalda a une fois de plus fait taire un adulte à l’esprit étriqué.

Inauguré d’abord rue Frontenac, le projet Choco-là répondait, sur le plan personnel, à une quête de liberté pour Lebel et son chum, François Paradis, qui avaient étudié dans des domaines considérablement éloignés de celui de la bouffe. "Moi, je dis que ce n’est pas vrai que dans la vie tu es confiné à faire seulement une chose. Nous, on fait ce qu’on veut. On est un petit peu rebelles", avoue l’entrepreneuse.

SUCRÉE POSTMODERNITÉ

La chocolatière ne semble pas démontée par les expressions dubitatives du journaliste qui s’apprête à goûter au Bizarroïde, une ganache à l’infusion de basilic frais et de citron confit. Force est d’admettre, à lire les noms dont les propriétaires ont affublé leurs chocolats, que leur anticonformisme s’exprime aussi aux fourneaux. "On voulait triper et faire de drôles de mélanges", lance-t-elle.

Au rayon des idées saugrenues, signalons le bien nommé Excentrique, renfermant une réduction de vinaigre balsamique, ou le fruité Maringouin, empli d’une compote de mûres à l’infusion de romarin frais. "On a beaucoup de clients qui ont voyagé et qui sont surpris de retrouver certains types de chocolats comme l’Assoiffé, très piquant, au chipotle et au paprika fumé", nous apprend Lebel.

En plus des nombreuses déclinaisons de produits du cacao offerts à la nouvelle adresse de Choco-là, il est désormais possible d’y déguster les pâtisseries de leur recrue, Yann Gereec, boulanger breton. On songe également à bientôt mitonner des pains spécialisés et des crêpes.

Pour la petite histoire, le verdict du journaliste en ce qui concerne le Bizarroïde s’est manifesté en un long sourire repu, ainsi qu’en un sourire satisfait de son hôtesse qui, telle une Björk, aurait encore une fois repoussé les frontières de la pop… du chocolat.

Choco-là
64, rue Wellington Nord
819 822-1771
www.1chocolat.ca

ooo

D.I.Y.

Lebel et Paradis planchent présentement sur un projet d’ateliers qui procureraient aux volontaires une sorte d’autosuffisance chocolatière. Pas inquiets pour deux sous de répandre leurs recettes aux quatre vents, les principaux intéressés savent qu’on ne triomphe pas facilement de l’indocile mixture brune. "Ça nous a pris presque deux ans juste pour maîtriser le tempérage du chocolat, pour le mettre beau et luisant", prévient Madame. Puis quand tous les Sherbrookois seront passés maîtres chocolatiers, il ne restera plus à Choco-là qu’à conquérir le monde. "On veut monter un projet de franchise d’ici cinq ans. Nos chocolats voyagent déjà d’ailleurs. Il y a quelqu’un qui en a apporté au Rwanda." Le chocolat pour faire cesser la guerre? "On pourrait en nommer un Jésus", blague l’experte. Amen.