Restos / Bars

Le Paris : Nostalgie

Alors que la Métropole s’apprête à accueillir les bonnes tables parisiennes pour son Montréal en lumière, il ne faut pas oublier que si Paris a ses bouillons, Montréal a son Paris!

Connaissez-vous les bouillons, ces vieux restos parigots de la fin du 19e siècle. Avec son charme suranné et ses beautés fanées, Le Paris nous rappelle qu’il est un peu notre bouillon, ouvert à l’aube de la Révolution tranquille, en 1956! Le décor n’a vénérablement pas changé avec ses banquettes de cuir et ses nappes rouges, et ses peintures de Paris achetées dans les rues de Montmartre. Les nouveaux propriétaires – Le Paris a fermé en 2008 avant d’être racheté – ont décidé de ne rien changer, et c’est peut-être mieux comme ça. En tout cas, ça semble plaire à la clientèle archi-habituée des lieux. La moyenne d’âge a celle… du resto. Et parle beaucoup anglais. Le service se fait en chemise blanche et tablier noir et semble d’une efficacité redoutable, malgré quelques errances çà et là. La carte en cuirette aligne des plats d’un classicisme indémodable, tout comme celle des vins avec ses beaujolais indécrottables. Une vraie petite bulle spatiotemporelle.

AU MENU

Que des classiques! Le Paris n’a surtout pas l’intention de réinventer la roue: soupe à l’oignon, au poisson et sa rouille, terrine de lapin, filet de hareng… Et des plats sortis droit de l’ancienne cuisine: foie de veau, cassoulet, bavette, choucroute, lapin chasseur, boudin et tripes à la mode de Caen. Un menu qui oscille entre souvenirs de brasserie parisienne et tables familiales sur les routes des vacances. À Montréal, il incarne le prototype de l’ancien restaurant français installé à l’étranger. Il sert évidemment sa salade de chèvre chaud, une laitue bien assaisonnée débordant de son assiette trop petite, surmontée de deux croûtons de fromage grillé. Exactement ce qu’elle doit être. La soupe du jour, laitue et épinards, réconforte les estomacs troublés. Rien de renversant, mais nous aurions sûrement dû goûter aux calmars au vin ou au boudin!

Impossible d’y couper: le tartare de boeuf de la maison n’a pas échappé à l’oeil vigilant de l’amateur. C’est en général à ce genre de table que l’on en rencontre les meilleurs exemplaires. Nous ne nous sommes pas trompés. Une viande (de boeuf Angus) très finement hachée, moelleuse, parfaitement relevée des condiments habituels: moutarde, oignons, cornichons et consorts. Les frites sont croustillantes, dorées à l’huile fraîche. Et que sort-il d’autre du chapeau parigot? Un lapin chasseur, évidemment. Une recette inusable en forme de mijoté rassurant. La chair, tendre, baigne dans sa sauce savoureuse décorée de champignons. De Paris, vous auriez deviné. Il ne faut pas oublier de demander un à-côté, comme une purée de pommes de terre lisse et beurrée. Un plaisir à chaque bouchée.

AU DESSERT

Certains desserts vieillissent avec peine, surtout s’ils sont mal exécutés. La tarte Tatin, dont les pommes tombent en compote, a été grossièrement caramélisée au chalumeau. Mais il paraît que c’est le dessert-vedette. Le dessert du jour? Une compote de rhubarbe, très sucrée car le fruit est si acide. C’est pour cela qu’on la coupe habituellement avec un autre fruit. Mais pas ici. Ce n’est pas une raison pour vous inquiéter et vous priver d’une crème brûlée ou d’une île flottante, elles ont l’air tellement appétissantes!

EMBALLANT /

C’est si agréable de se sentir étranger dans sa propre ville! Le Paris reste un refuge hors de l’ordinaire, une table hors du temps qui remplit bien ses promesses. On aime sentir autant de flexibilité dans le service. Par exemple, obtenir en entrée des plats de la carte principale. On nous a même proposé un échantillon de l’île flottante en partant!

DÉCEVANT /

Les deux desserts nous ont paru un peu faibles face à la qualité des entrées et des plats servis. Notons aussi quelques petites erreurs lors du service, mais rien de bien grave, franchement.

COMBIEN? /

La table des habitués est proposée à des prix fort raisonnables, autour de 25 $ le trois services. À la carte, idem, et plus encore si affinités.

QUAND? /

Du lundi au vendredi, de 12 h à 15 h et de 17 h à 22 h. Samedi, de 17 h à 22 h. Fermé le dimanche.

OÙ? /

Le Paris
1812, rue Sainte-Catherine Ouest
Réservations: 514 937-4898

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com