Restos / Bars

Art contemporain et gastronomie : Toiles à déguster

Le chef David Ferguson et l’artiste Simon Bilodeau nous invitent à explorer les rapports entre art contemporain et gastronomie. Un mariage explosif.

Sur la toile, la vision d’un monde fracturé: une voiture luxueuse accidentée, une femme dénudée qui s’empiffre de diamants, des maisons détruites et de grands espaces blancs interpellent le spectateur. À côté, une sculpture en forme de trophée de chasse représentant la tête d’un cervidé trône sur un paquet de vrais os rouge sang. Dans l’assiette blanche, un tartare de cerf bien relevé fait face à une portion d’huîtres au foie gras, séparée par une mince ligne rouge de sauce aux piments. Une confrontation propre à éveiller le spectateur comme le dégustateur.

Les 24 et 25 février, le restaurant Jolifou devient le théâtre d’une exposition-dégustation-conférence mettant en scène les oeuvres du jeune artiste Simon Bilodeau et la cuisine du chef David Ferguson. Six toiles seront présentées avec leur pendant gastronomique. "Chaque plat, spécialement conçu pour l’évènement, offrira une interprétation autour de la technique utilisée, de la philosophie de l’oeuvre ou de l’esthétique de celle-ci. Les convives seront invités à déguster, à observer les oeuvres et à partager s’ils le souhaitent leurs perceptions avec l’artiste et l’ensemble de la tablée, une vingtaine de personnes en tout. Des experts en art contemporain seront également là pour présenter les oeuvres et répondre aux questions", explique le chef David Ferguson.

SOUPER-PERFORMANCE

Étoile montante de l’art contemporain au Québec, Simon Bilodeau travaille aussi comme serveur au Jolifou, un restaurant où une grande partie du staff poursuit en parallèle une carrière artistique. "Un restaurant peut être une scène idéale pour observer les tensions et les dissensions sociales que je décris dans mes toiles. Ici, d’ordinaire je suis un simple serveur; ces soirs-là je jouerai le rôle de l’artiste invité. J’aime l’idée de travailler avec David, d’organiser une performance avec lui, qui soit en même temps un repas", explique l’artiste.

"C’est rare de voir l’art contemporain rencontrer la gastronomie", commente pour sa part le chef du Jolifou. "Pour moi, le travail d’un chef est très différent de celui d’un artiste. C’est inhabituel d’imaginer qu’un plat peut avoir un sens à interpréter comme si c’était une oeuvre. Ce que nous créons en cuisine est éphémère: on anticipe une bouchée, on s’en souvient, mais il suffit d’un instant pour l’avaler! Les oeuvres de Simon sont très lisibles, elles parlent de notre réalité sociale; certaines images sont faites pour choquer le spectateur… Mais les plats que je crée sont faits pour être mangés; les gens les mettent dans leur bouche… Puis-je me permettre de les choquer de la même manière?"

Art et gastronomie
Les 24 et 25 février à 18 h 30
Au restaurant Jolifou
1840, rue Beaubien Est, 514 722-2175
www.jolifou.com