J’ai une fois de plus la preuve qu’il faut toujours aller au-delà des premières impressions… par exemple, celles que vous laisse un "accueil" téléphonique. Plutôt laconique, la personne qui a pris ma réservation: "Quelle heure?", "Votre prénom?", etc. Tout cela (et ce qui a précédé) sur un ton sec, je dirais même aride, rugueux. Dans ces moments-là, on se demande avec un peu d’inquiétude: "Qu’est-ce que je lui ai fait?" Mon amie m’a dissuadé d’annuler et, pour appuyer moi-même ses arguments, je me suis rappelé les dernières fois que j’ai visité ce resto. L’accueil, le vrai, une fois sur place? Cordial comme d’habitude, avec ces sourires engageants qui ne laissent personne indifférent. On est dimanche, passé midi. Il fait beau et glacial. Aux clients déjà présents à notre arrivée, d’autres viendront peu à peu s’ajouter – des habitués, des touristes. Quelques-uns s’installeront au bar. Des assiettes passent, mais si loin qu’elles nous laissent les narines bredouilles. Mon amie trouve l’image cocasse, pouffe discrètement et lève son verre de vin maison (Miglianico 2007). J’ai décidé de carburer à l’eau pure. Peu de temps après, la lecture des menus aidant, j’ai soif d’une Moretti – qu’on me sert dans les meilleurs délais. Boeuf, poissons, agneau, salades, potages, entrées. Le "Petit menu midi" énumère omelette, filet de sole gaspésienne, club sandwich classique et toutim. Je médite un peu les pennes aux tomates séchées et basilic, la salade du chef au jambon, fromage et volaille, les médaillons de filet mignon, le mijoté de veau. L’inspiration tarde à se manifester. Je la traque jusque dans la table d’hôte – médaillons de lotte, suprême de canard en croûte d’épices, entrecôte de boeuf sur le gril, etc. Mon amie a déjà fait son choix. En attendant que je me décide, elle croque distraitement des gressins (grissini) et regarde passer, de l’autre côté du vitrage, promeneurs, calèches et autobus. La serveuse vient prendre nos commandes et, mise au fait de mon indécision, repart en promettant de revenir dès que nous lui ferons signe. Cela ne tarde pas. Au premier service, j’accueille avec satisfaction un tartare de saumon qui ne saurait être plus réussi. Grossièrement hachée, comme il se doit, la chair du poisson est d’un moelleux qui atteste sa fraîcheur. De l’oignon très finement détaillé en relève le goût déjà exhaussé par un assaisonnement juste et discret. Ce tartare tient bien en bouche; on l’y laisse le plus longtemps possible, quitte à négliger un peu la garniture composée de verdure, d’oignons rouges en rondelles et de pousses de maïs, plus deux fines tranches d’une excellente baguette. En face de moi fume encore un peu la soupe du jour: crème de légumes au curry. D’un beau jaune orangé évoquant le giraumont, elle vous nappe la langue d’onctuosité et y laisse une saveur un peu relevée. "Je suis déjà presque remplie", murmure mon vis-à-vis. Elle réfléchit un peu, puis repousse son bol en expliquant: "Si je veux garder un peu de place pour la suite…" Belle suite, s’il en est. Il s’agit d’un suprême de volaille parmigiana servi avec des pastas au sujet desquelles je demande: "On essaie de les identifier?" Ma question nous fait rire tous les deux (inside joke, comme on dit): en effet, certaines marques appellent spaghetti ce que d’autres proposent sous le nom de spaghettini. Bref, ces… pastas sont cuites juste à point – al dente, et non simplement échaudées. Quant au suprême de poulet, doré sans être brûlé, il n’a rien perdu de sa tendreté à la cuisson. La sauce, les aromates, le parmesan ajouté sur demande par la serveuse, tout concourt à faire de ce plat un petit régal fort bien accueilli par une faim qui battait de l’aile. J’ai, moi aussi, des pastas, mais clairement identifiables: des linguines. Elles sont au basilic et au pesto. On m’avait laissé entendre qu’il y aurait aussi des pignons, mais ce n’est pas le cas. Je n’y ai même pas repensé et ne m’en rendrai compte qu’à la fin du repas. C’est dire à quel point mon assiette s’avère… prenante. Linguines cuites à point, encore une fois; pesto discret, mais bien présent; basilic frais… et un appétit ragaillardi à chaque bouchée. Que demander après ça? Un café bon et chaud. Et aussi, en me forçant un peu, une… disons plutôt deux ou trois bouchées du Reine-Elizabeth auquel j’ai fait de nombreuses allusions de plus en plus précises.
Conti Caffe
32, rue Saint-Louis
Québec (Québec)
Téléphone: 418 692-4191
Petit menu midi: 10,50 à 17,50 $
Table d’hôte: 25 à 30 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 64,06 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com