Nous entrons au son d’un reggae. "On s’tire une bûche?" J’emploie ici l’expression au propre et au figuré: il faut bien s’asseoir quelque part et les sièges sont de grosses bûches dressées autour des tables. Des coussins diversement colorés, unis ou à motifs, se bousculent sur une banquette longeant le mur de gauche, tout blanc, agrémenté d’une imposante peinture de Jean-Pierre Thériault. Ici et là, des clients bavardent, mangent ou boivent. Le mur de droite est de briques rouges, ponctué de lampions rouges semblables à ceux qui brûlent sur les tables. Des louches y sont fixées; on y accroche les manteaux. Au-dessus de nous, six lustres brillent de tous leurs feux. Nous avons rapidement fait des yeux le tour de ce décor avant qu’un joyeux "Bonsoir!" attire notre attention. La chaleur et la spontanéité de l’accueil dérideraient les plus grincheux. Nous prenons place, mon amie et moi, l’un en face de l’autre. J’ai opté pour la banquette. L’apéro? Bien sûr. Un verre de rouge (Two Oceans Shiraz) et, pour moi, une Cheval blanc. Les cocktails, smoothies et jus de fruits, ce sera pour une autre fois. On nous sert aussi de l’eau – avec trop de glaçons – dans des verres à anse du type "pot Masson". Sur la petite carte oblongue, je traque tout ce qui fait allusion à de la viande. Certaines soupes en contiennent, mais je reviens obstinément au tartare de boeuf sur lequel je finis par arrêter mon choix. Ma lecture ne s’arrête cependant pas là. Thon rouge Big Eye, chili con carne, saumon de l’Atlantique, ceviche, gaspacho, mignon tartare à la menthe… Je m’y perds un peu, sans doute parce que cela m’amuse: qu’est-ce qui est soupe et qu’est-ce qui ne l’est pas? À la vérité, on s’y repère très bien parmi les Shabu-Shabu (soupe fondue chinoise), Thom Yum thaïe (aux volvaires), Pho bo (vietnamienne) et autres, dont la Shaurba Djeje libanaise que choisit mon vis-à-vis. Une mexicaine suivra mon tartare – un petit, car j’ai vu la "carrure" des bols de soupe! Mon entrée m’arrive dans un cornet dont le contenu déborderait à la moindre chiquenaude. La viande a été grossièrement hachée dans les règles de l’art, mais les autres ingrédients auraient dû l’être plus finement. Cela ne m’empêche pas d’apprécier la justesse de l’assaisonnement que souligne la saveur doucereuse des échalotes confites. Mon amie n’a pas choisi d’entrée, souhaitant se ménager de la place pour un dessert. Je n’ai pas ce genre de prévoyance. Nos soupes arrivent, précédées de peu par leurs fumets odorants et chauds. Ma mexicaine est de toute beauté, servie dans un grand "petit bol". Dans une base de bouillon de poulet, relevée de coriandre, se prélassent des tomates fraîches grillées, des dés d’avocat, des tranches d’oeufs durs, des morceaux de poulet, des "bancs" de crème sure et des tortillas frites. C’est le coup de foudre dès la première bouchée – suivie de plusieurs autres qui ne me laissent même pas le temps de commenter à haute voix. Mon amie s’en charge, mais elle ne peut parler que pour elle-même, pour sa soupe libanaise au bouillon de poulet parfumé de muscade et garnie de riz, de poulet, de pignons de pin et de persil. Avec un soupçon de cannelle qui vous intrigue les papilles! "Je peux goûter à la tienne, maintenant?" J’acquiesce. Nos bols une fois vidés, c’est moi qui commande la soupe au chocolat, ma compagne n’en pouvant plus. Une véritable caresse, ce dessert onctueux, perlé de tapioca "géant", garni de fraises et de framboises. On en redemanderait!
Soupe et Cie
522, 3e Avenue
Québec (Québec)
Téléphone: 418 948-8996
Plats variés à la carte: 3,99 à 24,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 47,36 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com