Restos / Bars

Arlequino : Pizzas en série

Au royaume de la pizza, les fous sont rois. Heureusement qu’Arlequino est un bon gardien des traditions.

À Chicago ou à New York, à Rome ou à Naples, à Paris ou à Montréal, elle est généralement ronde et bien fournie. Une pâte parfois mince, parfois épaisse, molle ou croustillante, de la tomate, du fromage et des condiments divers, mesdames, messieurs, voici la pizza. Plat national aux États-Unis, repas préféré du président Obama, symbole des Italiens et des communautés italiennes, la pizza, oui, est un très grand classique. Respect. On la prépare partout, de toutes les façons. Barouettée, bardassée, tellement déformée qu’elle ne ressemble plus à l’originale. Mais connaissez-vous seulement l’originale? De nombreux voyageurs m’en ont rapporté toutes sortes de pénibles expériences. Au coeur même de la mère patrie! Bref, adorée mais maltraitée, la pizza traverse désormais de grands malaises d’identité, tout en cultivant l’image de la convivialité et du plaisir.

OUI MAIS…

Tout comme le Canadien, me direz-vous. Certes, mais je n’y connais rien. Tout ce que je sais? Pas facile, d’être une vedette. C’est pourtant cette équipe, tout aussi mythique que la pizza, elle aussi barouettée et bardassée, qui attire le quidam à l’Arlequino. Menu spécial Centre Bell, garanti express et respectant scrupuleusement l’heure de la prière. Arrivez à 18 h 30, et vous verrez! À peine une heure plus tard, plus personne en salle, tout le monde dans les gradins.

Devant le bruit assourdissant, nous sommes restés quelques instants au bas des marches pour admirer le cellier. Un mur entier, tout de verre vêtu, qui laisse rêveur. Une volée de marches plus tard, voici la salle. Sobre, de pierres blanches, toute en longueur, elle attire bien du monde. Sûr qu’ici, la pizza est meilleure qu’au Centre Bell.

Ce soir, Montréal affronte Ottawa. Affublés de leurs t-shirts Kovalev, deux gamins s’impatientent. Leurs parents jasent tardivement avec le patron. Ça sent la loge. Nous, on a déjà commandé les entrées, mais on attend aussi que ça se calme. Laissez-nous déguster en paix ces délicieux calmars frits! Car ils sont excellents: panure généreuse et croustillante, chair fondante, ils se classent rapidement dans le top 5 montréalais. La mayonnaise, maison, est relevée à la sauce tomate et à la pâte de piment. On roucoule.

La salade César, rendons à César ce qui appartient à César, n’a rien d’italien. Même si la laitue est romaine. Légère, elle est tout de même rafraîchissante, telle la glace d’une patinoire. Manque un peu d’anchois, mais les tranches de pancetta grillées sont tellement fines qu’elles en sont transparentes. Joli.

L’assiette de crevettes? Un peu tristounette, avec ses trois petites bêtes noyées dans la sauce tomate. À 12 $, c’est une mise en échec.

Voici le moment venu des pizzas. Une bonne douzaine comme choix, sans tambour ni trompette. Trois ingrédients, maximum. Cuites dans le grand four à 700 degrés, qui vous sort 8 pizzas toutes chaudes en moins de deux minutes. Parlez-moi d’une efficacité! La pâte est fine mais gonflée, croustillante. Impeccable. Sur l’une d’entre elles, de la sauce tomate, du fromage frais mozzarella et un oeuf bien coulant: c’est la Cosenza. Une autre, la Firenze, aux champignons sauvages, se présente sans coulis de tomate. Oui, ça arrive, même dans les meilleurs restaurants. Du fromage fondu, par contre, il en abonde. Et il ne sèche pas, reste fondant. Une simplicité désarmante, et excellente.

Autre chose que de la pizza? Des antipasti (saumon mariné, bocconcini frits…), quelques salades-repas pour dames attentives, et voilà tout. La lasagne, fortement tomatée et manquant de viande, était franchement fade. Sans intérêt. C’est officiel: ici, c’est bien une pizzeria.

AU DESSERT

Attention aux pénuries! Ce soir-là, point de pâtissière! Mais quelques restes: une charlotte aux poires juste sympathique et des truffes un peu grassouillettes. Il paraît cependant que le pouding-chômeur est un incontournable. Vous validerez. Et pour les amateurs de sport extrême: la pizza au Nutella, préalablement nappée de crème 35 %. Allez donc patiner pour perdre ces calories.

EMBALLANT /

La pizza. C’est la seule raison de venir ici, à part, c’est vrai, les calmars frits, un moment mémorable. Ne vous attendez donc à rien d’autre qu’à une bonne pizzeria (enfin!), au centre-ville. L’ambiance est électrique, et le service, d’une redoutable efficacité, en plus d’être fort sympathique.

DÉCEVANT /

Bon, les oreilles sensibles n’apprécieront pas le chahut. D’autres seront déçus de ne point y trouver d’autres plats typiques, comme un tout bête osso bucco. Mais non, Arlequino, je le répète, est d’abord une pizzeria. La carte des vins n’est pas à la hauteur du cellier. Le choix était somme toute réduit, et la serveuse n’était pas en mesure de nous signaler les importations privées.

COMBIEN? /

Comptez tout de même un minimum de 25 $ pour un trois services habituel. Les pizzas s’offrent à des prix décents, de 12 à 18 $. C’est franchement honnête.

QUAND? /

Simple: tous les jours, de midi à la fermeture.

OÙ? /

Arlequino
1218, rue Drummond
On réserve absolument, même le midi, au 514 868-1666.