Restos / Bars

Oh! Pino : Quand l'appétit va, tout va

Sur fond de chansons et de chansonnettes françaises, Oh! Pino propose une carte pavée de bonnes tentations, façon bistro.

La faim vient de me jouer un de ses tours: j’avais cru lire "tartare aux trois fromages", mais il s’agit de farfale. "Il est temps que tu manges…" D’où l’urgence de commander, d’où la corbeille de pain que je vais finir par vider tandis que mes doigts fébriles parcourent les différentes rubriques de la carte. Je saute des entrées aux plats de viandes, aux poissons, aux salades… Un signe de notre part, et la jeune serveuse souriante s’amène pour la troisième fois jusqu’à nous. "Vos calmars sont-ils vraiment bons?" Ce n’est pas à la réponse qu’on doit se fier, mais au ton de la réponse. Convaincu, j’en commande une entrée que je partagerai avec ma compagne, laquelle a déjà choisi son plat de résistance après s’être fait décrire quelques spécialités – tout en sirotant son chardonnay argentin (Rio de Plata, 2008). Nous sommes donc au fait du pavé de saumon (sauce au fromage de chèvre et saumon fumé), de la poêlée de pétoncles rôtis (sauce aux poires et tombée de poireaux) et du boudin noir sur compote à la mistelle de pomme. Cependant, j’hésite toujours. De l’autre côté de la table, on me soupçonne de faire exprès pour pouvoir me taper une autre tranche de cette excellente baguette, et une autre encore, beurrée à souhait. Je suis sur le point de m’arrêter à un plat de pasta – fettucine aux fruits de mer ou alla carbonara – quand je me fais distraire par la rubrique des tartares (boeuf, thon rouge ou saumon et crevettes au pamplemousse). Et, soudain, j’opte pour les ris de veau.

Quelques minutes d’attente, alors que les haut-parleurs nous chantent Mademoiselle de Paris, et nos calmars frits se pointent – débordant presque d’un énorme bol blanc et juchés d’un petit pot métallique plein de crème sure aux herbes. J’attaque sans prévenir. Pour un peu, la première rondelle grésillerait sur ma langue. Chauds, les calmars! Mais bons, tendres, pas trop cuits. Il leur manque les quelques gouttes de citron et la pincée de sel que nous y ajoutons. Et ils ont une fâcheuse tendance à disparaître trop vite. Pour les apaiser, je chantonne tout bas, entre deux bouchées. En vain. Le bol repart bientôt. C’est le moment de reporter notre attention sur notre carafon de vin blanc. Une, deux gorgées, puis on nous sert le principal. Pour moi, une saisie de ris de veau dans une sauce forestière si serrée qu’elle en est presque noire. Il suffit d’y goûter pour se sentir bien. Les champignons y sont… magiques, cela dit sans aucune hallucination. Les ris de veau ont le moelleux que j’en attendais, sauf une ou deux noix qui résistent un peu pour la forme et se révèlent un peu "farineuses" en bouche. La sauce absout tout. Je découvre enfin les pommes de terre rôties servies à côté et semées de poivrons rouges et verts dont elles ont pris le goût. Je fais aussi honneur aux légumes – brocoli et jeune carotte – avant de revenir aux ris de veau. Puis, je me risque à goûter aux frites escortant le bol de moules servi à mon amie – dorées, tendres sous leur croûte craquante. Et voici que la satiété s’impose avec une brusquerie impardonnable. Ça vous alourdit et vous endort. Je n’ai même pas envie de goûter aux moules matanaises qui se dégustent avec le sourire de l’autre côté de la table. "Ah, mais quelle sauce!" Cette invitation indirecte me laisse de marbre, bien qu’elle s’accompagne de détails du genre "… à base de calmars et de crevettes de Matane". Je me laisse raconter tout cela sans quitter des yeux mon assiette où quelques ris de veau restés en plan ont l’air de me dire "Et alors?". Le clafoutis aux cerises noires que je me promettais, je le mangerai à la maison.

Oh! Pino
1019, avenue Cartier
Québec
Tél.: 418 525-3535
Menu du jour: 13 à 18 $
Table d’hôte allégée: 19 à 31 $
Table d’hôte complète: 26 à 38 $
Souper pour deux (incluant boisson et taxes): 70,85 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com