Il fait un temps radieux qui ensoleille l’humeur. Nul n’y échappe, ni les clients qui dînent là, nombreux et loquaces, ni celle qui nous reçoit avec un large sourire et nous conduit à la table que nous avions pris soin de réserver. Les seules places encore libres seront bientôt occupées par deux jeunes clientes très… animées. Installé au fond de la pièce, je tourne le dos au mur de brique sur lequel un tableau noir détaille le menu du jour. Je n’ai qu’une vue partielle des grandes peintures de Sylvain Roberge accrochées à quelques mètres de moi, près de l’entrée. D’une visite à l’autre, je note quelques changements apportés à ce décor qui demeure agréable, coquet, sans fioritures.
En nous apportant les cartes, celle des menus et celle des vins, on nous propose Le Bonheur comme apéro. Le nom de ce blanc sud-africain (Simonsberg-Stellenbosch, chardonnay, 2008) s’accorde si bien avec cette journée que mon amie renonce au verre de rouge qu’elle se promettait. Je m’en tiens à l’eau, mais nous trinquons tout de même. Et nous mangerons quoi? "Crème de courgettes, baguette de jambon au romarin avec frites ou salade, pizza…" Mon vis-à-vis me fait ainsi la lecture pour m’éviter un torticolis. L’inspiration tarde à se manifester. Sous mes yeux, de grandes pages plastifiées proposent comme à l’habitude leurs burgers de gourmet (en ciabatta), dont "Le Mignon" au boeuf Angus, migneron, pommes et oignons au sirop d’érable. Puis ce sont les salades (chèvre, "Pomm’ crevettes", etc.), les pâtes (Coco crevettes, L’Olivier…), la poutine gourmande (sauce whisky), la cuisse de canard de Charlevoix, les pizzas (végé, cajun, deux tomates). Notre commande passée, nous feuilletons distraitement quelques publications empilées près de la fenêtre – revues de décoration ou de mode, bottin du quartier Saint-Sauveur.
Ayant choisi les linguine sauce aux fruits de mer, je m’inquiète un peu quand je vois servir à une table voisine une assiette gigantesque où s’empilent des crevettes dans un véritable jardin de laitues. Je me dis déjà que je ne serai pas capable d’affronter ça… Le potage arrive, pour nous deux. J’ai omis de dire que je n’en voulais pas. "Tu as tort, murmure mon amie: c’est délicieux!" Pour une cuillerée ou deux, je ne dis pas non. Un peu poivrée, mais tolérable, cette crème de courgettes a le velouté et le goût du "fait maison". Je reprends ma lecture et la poursuis jusqu’au moment où s’amènent nos plats de résistance. Non, mon assiette n’a rien à voir avec celle qui m’effrayait. Les linguine paressent dans une abondante sauce tomatée, très goûteuse, mais un peu trop acidulée. Dessus, dessous, partout, des crevettes de taille respectable se mêlent à des légumes finement détaillés (courgettes, poivrons rouges, carottes, oignons rouges…). De gros pétoncles moelleux et savoureux retiennent particulièrement l’attention… et l’appétit. Mon amie savoure lentement sa pizza: croûte mince et délicate garnie de saucisse et de légumes grillés (champignons, poivrons rouges et toutim). De temps à autre, d’un geste sûr, elle la mouille d’huile aux piments et aromates. Elle choisit le plus souvent ici l’une des principales spécialités de la maison: pizza ou burger. La salle s’est vidée peu à peu. Il ne reste plus que deux couples, dont nous-mêmes. Nous concluons d’un café filtre et je me laisse tenter par une tranche du dernier-né de la pâtisserie maison, en l’occurrence un gâteau au chocolat et au fromage. Nous sommes, paraît-il, les premiers à en manger. Eh bien, il passe le test.
Le Fin Gourmet
774, rue Raoul-Jobin
Québec
Tél.: 418 682-5849
Menu du jour: 10,95 à 13,95 $
Table d’hôte à partir de 24 $
Dîner pour deux (incluant boisson et taxes): 45,04 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com