Au chaud? Certes, mais, de l’extérieur, nous avons amené avec nous quelques frissons qui tardent encore à s’évanouir. Soudain, derrière nous, de grandes flammes reflétées par les vitres et une grande bouffée de chaleur: les pâtes à la Mario. Notre serveuse arrive à ce moment-là avec nos apéros et, répondant à nos questions, nous explique qu’il s’agit de penne. Au prosciutto ou au saumon fumé. Sauce tomate ou sauce rosée, plus quelques ingrédients du genre "secret du chef". Pour le moins tentant… Nous choquons nos verres, pinot gris (Folonari, 2007) et Moretti. La première page de la carte rappelle le menu du midi: tartare de saumon et mesclun, pizza porchetta et… un apatride poulet du général Tao! La dernière page, elle, décrit la table d’hôte, son choix d’entrées (aussi appétissantes les unes que les autres), la pizza au homard (pommes vertes et oignons caramélisés), les penne aux têtes-de-violon (frondes de fougère), la côte de veau de lait sur le gril, le médaillon de bison poêlé. Entre les deux, les rubriques habituelles d’antipasti (gnocchi, tartares et autres), les "classiques" plats de viande (escalope de veau, paillarde de foie de veau…), les fruits de mer, les pastas, les pizzas… et les dolci. Nous accordons le temps qu’il faut aux tergiversations rituelles, puis nous nous décidons. Pour mon amie, aucun problème: une salade César et des penne à la Mario. En ce qui me concerne, ce sacré Murphy – vous connaissez? – se mêle encore une fois de ce qui ne le regarde pas: il ne reste plus de "cannelloni de la mer au citron et gratiné de Friulano" (bisque de homard). "On peut vous en faire au canard…", suggère la serveuse. Je promets d’y réfléchir en attendant mon entrée, en l’occurrence une crème brûlée de crabe des neiges à la fleur de sel de Guérande. Deux, trois minutes plus tard, j’apprends que la crème brûlée en question n’est plus, mais on peut m’en servir une au homard. J’acquiesce dans un soupir. Nos premiers plats arrivent assez vite. Cesare Cardini n’aurait absolument pas reconnu son invention et se serait entre autres demandé ce que les tomates et les jeunes pousses viennent faire là-dedans, mais cette salade a le mérite de la fraîcheur et du goût. J’en ai à peine pris une bouchée que l’assiette est déjà vide. Ma crème brûlée se mange plus lentement, à petites cuillerées mesurées. Je m’accorde le temps d’apprécier le dosage subtil de la fine croûte salée-sucrée, de mâcher sans hâte les morceaux de homard, tassant de mon mieux les jeunes pousses vertes et m’interrogeant sur le sort que je ferai à la cerise de terre posée à côté du ramequin. De nouveau, un peu derrière nous, sur la droite, le spectacle flamboyant et la bouffée de chaleur qui réconforte. Ma compagne veut-elle ses penne relevés? Sur une échelle de 1 à 6, elle choisit 5 et accueille bientôt son plat avec un grand sourire. Les yeux brillants, elle y plante une fourchette optimiste. "Pas très relevés, dit-elle, mais vraiment bons!" Devant moi, une grande assiette creuse qui me rappelle ma dernière visite dans ce resto, à la différence que, ce soir, les cannelloni ne sont pas dressés sur un lit de courge spaghetti… et que notre serveuse, déjà peu enjouée, ne m’a pas offert de parmesan. Les pâtes, al dente (un peu trop, comme d’habitude), sont généreusement farcies d’un veau haché dont le goût vient atténuer l’acidité de la sauce tomate. Ma plus grande et agréable surprise? Les légumes grillés servis dans la même assiette: carotte entière, asperge géante, courgettes, poivron rouge, etc. Cuisson parfaite, assaisonnement équilibré, tout y est… et tout y passe. Une bouchée de plus, et je me proclamerais végé! Nous terminons par de délicieuses profiteroles au chocolat fourrées de glace à la vanille.
Ristorante Momento
1144, avenue Cartier
Québec (Québec)
Téléphone: 418 647-1313
Menu du jour: 12 à 18 $
Tables d’hôte: 23 à 38 $
Souper pour deux (boissons et taxes): 94,42 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com