Restos / Bars

Le Saint-Amour : Amours éternelles

Le Saint-Amour en quelques mots: amour sain de la bonne chère, du bon vin et d’un bien-être dont on se souvient longtemps.

Nous avons pris place dans cette cour intérieure devenue, au fil des ans, une confortable et pimpante salle à manger. D’heureux souvenirs nous éveillent l’appétit. Notre odorat y est aussi pour quelque chose, lui qui n’a pas manqué de resquiller au passage les odeurs en maraude. Il y a foule, clients de tous âges, en couple ou en groupe. Discrets éclats de rire, tintements d’ustensiles encore plus discrets, bruits de voix… Ici, des verres se lèvent; là, quelqu’un s’éponge les lèvres avec sa serviette; là encore, un client accueille avec le sourire ce qui me semble être un dessert… On nous propose bientôt l’apéro; c’est pas de refus. J’opte pour une pilsner; ma compagne penche plutôt pour un rosé d’Alicante (Torre del Reloj, 2007) en murmurant rituellement pour elle-même: "Ça fait vacances!" Le menu du jour commence par un Crécy et s’achève, juste avant la "Gourmandise du Saint-Amour", sur une gigue de cerf accompagnée de lentilles vertes du Puy au bacon de sanglier (poivrade aux baies sauvages). Entre les deux, toutes les raisons de laisser fantasmer nos papilles: élégance d’asperges servie sur jambon de Parme et pétales de tomates confites – délicieuse entrée dont je me suis régalé la dernière fois; terrine de foie gras de canard; pavé de saumon rôti et gâteau de quinoa; pavé de porc en gratin de champignons sauvages; pétoncles de la Gaspésie; cuisse de canard de Barbarie… Je porte mon attention ailleurs pour souffler un peu, et mon regard atterrit justement, à une table proche, sur une cuisse de canard qu’un dîneur ne semble pas avoir l’intention d’épargner. Nous trinquons une fois de plus mon amie et moi en décidant… de nous décider. C’est chose faite. En attendant d’être servis, nous avons tout loisir de consulter et de commenter cette magnifique carte des vins où fraternisent les crus les plus divers et les plus prestigieux – Pétrus, Château-Chalon, Pauillac… Une petite note les résume dès l’abord: "Vins d’amour sélectionnés par des personnes qui les aiment…" Mais voici nos entrées. Un potage Crécy semé de ciboulette ciselée, et notre table embaume déjà. Chaud et non brûlant, velouté on ne peut plus, il nappe la cuiller, il vous nappe la langue de saveurs franches – et subtiles, car celles des aromates n’empiètent en rien sur le goût des carottes. Mon amie a préféré la terrine de foie gras de canard cuite sous vide à l’armagnac. Dans l’assiette, une courte réduction de cassis et de la gelée de zinfandel en tout petits cubes translucides et une tranche de pain brioché. Tout y est attention, jusqu’aux tranches de foie gras poudrées sur leur pourtour de paprika fumé. Ma compagne termine son verre de rosé et en commande tout de suite un de blanc portugais (Casa de Mouraz, 2007). La voilà prête à bien recevoir son assiettée de pétoncles de la Gaspésie grillés, semés de fine gremolata et accompagnés d’une purée de chou-fleur jaune aux épices. Elle m’offre la première bouchée; j’en suis fort aise, comme on ne dit plus. La perfection évolue dans ces eaux-là: goût vrai des mollusques, cuisson juste, texture uniformément moelleuse, sans parler de tout ce qui s’en fait complice et en rehausse le goût – gremolata, émulsion au Noilly Prat, betterave jaune, tranche de courgette… Mon assiette s’impatiente et me fait de l’oeil. Filets de tilapia, gâteau de quinoa (un peu trop poivré à mon goût), vinaigrette vierge (sauce délicieusement huileuse et rosée), bulbe de fenouil confit: aussi simple et aussi extraordinaire que cela, sans parler de cette rare délicatesse qui consiste à peler et à épépiner les tomates. La cuisson du poisson ne souffre aucun reproche et l’on s’étonne de manger encore alors qu’on n’a plus faim du tout. Pour ne pas faire faux bond aux pâtissiers de la maison, je cède néanmoins à la tentation d’une crème brûlée, tandis que ma compagne s’offre une tranche de gâteau étagé (chocolat, pralin, framboise et mangue) parachevé de caramel… et des amours en cage, comme on appelle aussi les cerises de terre.

Le Saint-Amour
48, rue Sainte-Ursule
Québec (Québec)
Téléphone: 418 694-0667
Menu du jour: 14 à 26 $
Plats à la carte: Prix variés
Menu "La Découverte": 110 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 70,55 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com