Il était une fois un chef qui cherchait un endroit de charme pour installer son restaurant. Il parcourait la région de Québec, en quête du lieu idéal. Un jour, alors qu’il se promenait en auto sur les routes vallonnées du comté de Portneuf, il s’arrêta à Saint-Raymond, juste devant une maison patrimoniale de caractère qui avait jadis appartenu au notaire du village. Il décida d’y installer son auberge qu’il appela la Bastide, en référence aux places fortifiées qu’on retrouve parfois dans le Sud de la France, son pays d’origine. C’était il y a dix ans.
Aujourd’hui, Pascal Cothet, le chef de notre histoire, est devenu une référence gastronomique dans le comté de Portneuf et avoue lui-même s’être "attaché à la terre", comme en témoigne ce livre de recettes qu’il a rédigé il y a quelques années pour rendre hommage et mettre en valeur les produits du terroir qu’il accommode avec art dans son restaurant: fromage de chèvre de la Ferme Tourilli, fraises de l’île d’Orléans, wapiti de la ferme de Jean-Luc Bédard à Saint-Raymond… et bien d’autres trésors gourmands. "Ici, j’ai retrouvé l’esprit de village et la campagne de mon enfance", raconte le chef qui a grandi dans la région du Poitou, dans les environs de la ville de Poitiers, en France. Venu au Québec à la suite de recherches généalogiques, certains de ses ancêtres (les Plourde et les Pinard) ayant immigré au Québec dans la région de Rimouski, Pascal Cothet a d’abord travaillé comme gérant d’une pourvoirie avant de revenir à son amour de jeunesse, la cuisine, qu’il avait délaissée pour la gestion hôtelière.
ÂME D’ARTISTE
S’il se décrit lui-même comme un entrepreneur, Pascal Cothet est avant tout un artiste. Il faut le voir intercaler avec art fines tranches de pain d’épices et lamelles de fraises pour former un délicat dessert stratifié ou l’accompagner au jardin où il fait pousser avec amour oseille, mélisse, origan, menthe, ciboulette et fleurs comestibles tout autour de la maison pour s’en convaincre. "J’aime me laisser guider par mes papilles, à l’instinct, pour cuisiner. J’aime créer de nouveaux plats, réfléchir aux présentations, utiliser les meilleurs produits pour élaborer des assiettes colorées, appétissantes, pleines de vie…" raconte-t-il avec passion.
Les murs de son restaurant sont ornés de ses peintures, dont beaucoup représentent des paysages du comté de Portneuf. Il faut dire que le coin est particulièrement inspirant avec ses collines verdoyantes. Derrière la maison, le cap Rond surplombe le paysage tel un canot renversé, et au bout du jardin, parmi les roseaux, glougloute une charmante rivière.
UN DIMANCHE À LA CAMPAGNE
Tandis qu’il s’exécute sous l’oeil attentif de la caméra dans sa cuisine lumineuse, Pascal Cothet nous raconte les charmes de la vie dans une auberge champêtre. "Là où je suis né, après le repas du midi, le dimanche, on fait la sieste… la p’tite poule, comme on l’appelle! Et quand on se réveille, c’est l’heure du goûter au jardin. Mes parents avaient des tonnes de fraises sur leur terrain… je me suis inspiré de ce souvenir pour créer cette recette de soupe glacée aux fraises, que vous pourrez découvrir sur le site recettesdechefs.ca." Tout en élaborant d’autres délices, il nous parle de sa grand-mère Alice qui faisait de si bons petits gâteaux et pâtisseries qu’il a nommé un des desserts-vedettes de son resto, la crème brûlée au sucre d’érable au caramel d’espresso, "Tentations d’Alice", en son honneur. Avec patience, il nous explique ses recettes avec force détails, comme si nous étions des amis invités à partager un repas à la bonne franquette sur la petite véranda de sa maison centenaire. "Récemment, j’ai développé un service de chef à domicile car je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup partager ces moments de convivialité avec les gens, faire l’épicerie avec eux, les aider à choisir les meilleurs produits, cuisiner pour eux dans leur maison, leur montrer quelques recettes et tours de main s’ils en ont envie. Recevoir, c’est tout un art de vivre", ajoute-t-il en disposant assiettes et ustensiles sur une nappe blanche et nous invitant à déguster le beau souper qu’il nous a concocté: tartare de wapiti au Bastidou (un fromage qu’il a développé pour son restaurant avec la Ferme Tourilli) et pesto basilic-romarin; filet de doré fondant en croûte d’arachides croquantes; et étagé de fraises "Barbare" au pain d’épices.
Bon appétit!
La Bastide
567, rue Saint-Joseph, Saint-Raymond
418 337-3796
www.bastide.ca
Pascal Cothet propose aussi un service de chef à domicile.
RECETTE /
Voir la vidéo sur recettesdechefs.ca.
Filet de doré en croûte d’arachides
Pour 4 personnes
Temps de préparation: 15 minutes
Temps de cuisson: 8 minutes
Degré de difficulté: facile
Pascal Cothet: "Un incontournable au restaurant. Le poisson doit être cuit délicatement pour rester tendre et juteux à l’intérieur."
Ingrédients /
4 filets de doré (peut aussi se faire avec du mérou ou du turbot)
1 c. à soupe de sel de Guérande
3 c. à soupe d’arachides non salées
3 c. à soupe de panure
1 beau bouquet de persil
Quelques feuilles d’origan
2 oeufs entiers
75 ml de lait
2 pincées de sel de Guérande (on veut le goût de sel dans la recette)
Préparation /
– Tailler le filet en 2 ou 3 morceaux en gardant la peau.
– Mixer au mélangeur les herbes (origan et persil), la panure et les arachides. Ajouter le sel de Guérande.
– Fouetter le lait avec les oeufs pour préparer un mélange de panure à l’anglaise.
– Tremper les filets de doré dans le mélange oeufs-lait puis dans la chapelure.
– Enrober abondamment les filets de doré du mélange aux arachides et poêler en commençant à feu vif avec un peu de beurre.
– Cuire des deux côtés, au total de 6 à 8 minutes, doucement (à feu doux et à couvert) pour s’assurer qu’ils restent tendres. Tourner à mi-cuisson. Saler et poivrer.
– Servir avec une purée de chou-fleur ou des petits légumes verts de saison ou une ratatouille niçoise.