De dimensions respectables pour un petit établissement, la salle à manger se révèle beaucoup plus large que profonde. Elle semble s’étirer, une fois la porte franchie, autant sur la gauche que sur la droite. Derrière le grand comptoir qui nous fait immédiatement face, un personnel s’affaire à noter ou à livrer des commandes. Déjà mes narines tentent de décrypter les odeurs en maraude. Nous prenons place sur des chaises "un peu" rembourrées mais confortables. Un abondant vitrage laisse entrer le jour à profusion. Au plafond brillent malgré tout des lanternes blanches et de petits luminaires encastrés. À quelque distance au-dessus des tables, des lampes tubulaires pendent au bout d’un long fil. Les murs passent du saumon au jaune clair. À ma droite, dehors, sur le chemin Sainte-Foy, la pluie remet ça de plus belle, avec violence, mais son regain ne dure pas. Et, loin devant moi, sur le mur du fond, de grandes photographies encadrées donnent un peu à rêver: cultures en plateaux, Hué, la baie de Ha Long…
Des dépliants illustrés proposent des mets typiques de ce genre de cuisine. Ils s’ouvrent sur le poulet laqué au soja accompagné de riz "aromatisé". Suivent les grillades et l’incontournable poulet du général Tao. On passe nonchalamment au boeuf Luc Lac (mariné, sauté au wok), aux nouilles croustillantes, au pad thaï (poulet, boeuf ou crevettes)… "Tiens! Ils ont des sous-marins vietnamiens!" s’étonne mon amie. Une fois passé le trio soupe-boisson-rouleau impérial, on tombe sur les… entrées: salades, rouleaux, wontons frits, salade vietnamienne… Quelqu’un qui semble être le chef apporte lui-même un plat à une cliente installée à quelques pas de nous. Solennel derrière son comptoir, le visage avenant, l’un des employés nous regarde discuter sur les mérites probables de l’un ou l’autre plat. Quatre clients entrent en discutant ferme. Tels des habitués, adressent un geste de la main aux employés et s’en vont prendre place à l’autre bout de la salle. Je reporte mon attention sur le dépliant dont toutes les promesses me tentent. Au moment de me décider pour des crevettes tempura, je me ravise et opte pour une soupe tonkinoise; mon amie aussi, mais pas la même (soupe). Ensuite? Am stram gram… J’y suis. Il était temps, je sais.
On nous apporte d’abord une petite salade avec un peu de sauce hoisin. Puis arrive un bol presque impressionnant où fument bouillon, nouilles et poulet. "Une chance que j’ai demandé une petite!" s’esclaffe mon amie. On m’apporte également un bol, tout aussi imposant: mon plat principal. "Et mon entrée?" On me répond qu’elle s’en vient. En effet, mon bol de soupe wonton se pose peu après devant moi. Modeste par rapport à l’autre, il sent bon et le goût est à l’avenant. Des nouilles frites et de fines rondelles d’oignons verts y surnagent. La farce des wontons est fine, assaisonnée sans excès. La pâte ne "colle" pas, comme cela arrive parfois. Quant à mon amie, elle a rougi sa soupe de sambal oelek, l’a garnie de fèves de soja… la déguste avec passion. J’en prends une cuillerée pour lui faire plaisir et pour dire, en toute sincérité, que cette tonkinoise en surpasse bien d’autres. Elle attaque ensuite ses rouleaux impériaux. Elle s’apprête à m’en offrir une bouchée, mais s’aperçoit que j’en ai un en pénitence à côté de moi. De retour à mes oignons… ou plutôt, à ma grillade, car c’est bien cela, le plat de résistance qu’on m’a servi trop tôt. Il s’agit de fines lanières de boeuf, d’aspect caramélisé, posées sur un épais coussin de nouilles. Je crains, avant d’y goûter, qu’elles ne soient froides et coriaces. Oui et non: elles ont refroidi, certes, mais elles ne résistent pas trop sous la dent. Un peu, quand même, c’est pas du beurre! Pas trop sucrée non plus, cette viande, et pas trop parfumée de citronnelle. À ton tour, rouleau impérial!… Il devait commencer à désespérer, celui-là! Juste un peu craquant, léger, pas gras, bien garni. En un mot, savoureux. Trois bouchées et il n’est plus. J’ai également droit à des carottes râpées et autres fantaisies écolo.
Bon. Je n’ai plus faim, maintenant, mais j’ai faim pour plus tard. Et j’ai aussi envie d’un dessert. Entre le tapioca et le beignet de banane, je choisis ce dernier. J’en profite pour commander des wontons frits "à emporter". Ils sont là, déjà emballés à côté de moi, alors que j’entaille mon beignet pour le faire refroidir plus vite. Je ne me brûlerai pas la langue deux fois de suite.
Phô tonkinoise
Restaurant vietnamien express
2383, chemin Sainte-Foy
Québec
Tél.: 418 657-3335
Prix variés à la carte
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 30,76 $
LÉGENDE
Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :
Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com