En mars dernier, le Naked Lunch à Verdun est arrivé à la croisée des chemins: alors que la conserverie gastronomique poursuivait son aventure, le resto était vendu. Deux fidèles employés, Manuel Morasse et Simon Martin, l’ont racheté. Le premier est en salle, tandis que le second officie en cuisine. Une cuisine ouverte à la vue, derrière un comptoir pouvant accueillir quatre convives. Dans la salle, neuf tables noires ou rouges sont déposées sur des carreaux de prélart rouges et noirs, façon échiquier ou cartes à jouer.
Sur l’ardoise, se décline un menu d’inspiration bistro français, avec une pointe du Sud-Ouest – salade de gésiers de canard, foie gras, cuisse de canard confite, tartare de boeuf et de saumon, boudin noir, salade de chèvre chaud -, réactualisé par le jeune chef. Quelques bières fraîches, une douzaine de vins au verre ou en bouteille, et vous avez là une offre bistronomique tout à fait convenable, appréciable, et ce, à prix d’ami.
À TABLE!
En entrée, mon invité opte pour du boudin noir. Trois tronçons sont déposés sur une purée de patates douces, accompagnés de petits cubes de lardons et de pommes caramélisés, ainsi que d’une sauce au cidre. Vérification faite auprès de Manuel: le boudin n’est pas fait maison mais fourni par un boucher de LaSalle, puis apprêté par Simon. Un vrai régal.
Pour ma part, je choisis une salade de papaye verte aux fruits de mer, en portion entrée (il est également possible de la commander en plat principal). Les filaments sont assez robustes et offrent une bonne résistance sous la dent. Elle est accompagnée de deux mini-pétoncles et de deux petites crevettes. Le tout, très relevé, laisse en bouche une sensation de feu pas du tout désagréable. Même si les fruits de mer sont correctement cuits et goûteux, l’offre est par contre peu généreuse. Du moins, il y a un déséquilibre entre la quantité de fruits de mer et celle de la papaye. N’étant pas végétarienne, je serais restée sur ma faim s’il s’était agi de mon plat principal.
Comme plats de résistance: le tartare de saumon et la salade de gésiers de canard. Déposé sur une rondelle de purée d’avocat, le tartare, taillé très fin, est bien assaisonné par des câpres et des oignons verts finement hachés, mais manque un peu de structure. On aurait préféré de plus gros morceaux de poisson. Hormis ce détail, l’ensemble est très réussi. Comme compagne: une petite verdure saupoudrée de graines de sésame. C’est bien réalisé, convenable et bien apprêté.
La salade de gésiers est réellement savoureuse. Les gésiers sont souples et tendres. Ils jouent à cache-cache, enfouis dans un mesclun de verdures fraîches. Des petits copeaux de fromage de chèvre Champagnole (de la Fromagerie Chaput) se laissent découvrir ici et là, tout comme des noix de Grenoble en meringue. Enduites de blanc d’oeuf et d’épices, les noix sont ensuite cuites au four. Apprêtées de cette façon, elles perdent leur densité et deviennent aussi poreuses et légères que de la meringue! Étonnant et réjouissant! Même si la description du plat annonce une vinaigrette à l’anis étoilé, le goût particulier de cette épice se fait un peu trop discret. Mais j’ai bien fait de choisir la portion entrée. En plat principal, la salade aurait été trop abondante. Ça laisse de la place pour les desserts, qui s’annoncent inspirants.
PETITES DOUCEURS
Nous succombons au fondant au chocolat et au nougat glacé. Le coeur du fondant est coulant et chaud comme il se doit. Il est accompagné de deux déclinaisons de pamplemousse, coulis et zeste confit. Le nougat est crémeux à souhait. Il est surmonté d’un bonnet de crème fouettée et servi dans un petit contenant de verre au couvercle à clip. Les deux desserts sont "numéro 1".
EMBALLANT /
La convivialité et la personnalité des plats, jumelées à des prix plus que raisonnables. Les conserves du Naked Lunch, toujours vendues sur place – smoked meat de magret de canard, joue de veau braisée, cassoulet, etc. -, sont à emporter à la maison, pour prolonger le plaisir.
DÉCEVANT /
Un frigo vide dans un coin. Un éclairage jaune et cru. Une vitrine quasi vide. Le bruit de fond d’un autre frigo, celui-ci en fonctionnement, que la musique de fond essaie difficilement de camoufler… Il y aurait plusieurs détails à corriger pour que le décor soit à la hauteur des plats. Allez, les gars, un p’tit effort!
COMBIEN? /
Le soir: 60 $ pour deux, avant vin, taxes et service. Le midi: 50 $. Le prix des bouteilles de vin oscille entre 24 $ et 48 $, et certaines sont des importations privées.
QUAND? /
Du mardi au samedi, de 11 h à 21 h
OÙ? /
Bistronomie Terre Ferme
4816, rue Wellington, Verdun
514 767-9981
www.bistroterreferme.com