Pour vivre heureux, dînons cachés! Voici le mantra à adopter pour une vie sociale conforme à la tendance de l’automne 2009. Que les amateurs des pizzas-télé (ou repas de Ian Perreault "prêt à manger"-télé pour les plus gourmets) du vendredi soir ne s’enthousiasment pas trop vite. Il ne s’agit pas ici de procrastiner dans son petit chez-soi, même devant de la bouffe de luxe. Au contraire. Pour découvrir les dîners les plus courus en ville, il faut désormais faire des recherches poussées, pressurer son réseau Facebook et rester les yeux rivés sur son Twitter avec concentration. Le but? Décrocher une invitation à un souper secret.
MONDANITÉS SECRÈTES
Comme les 1000 convives veinards de la première montréalaise du Dîner en blanc, le pique-nique le plus branché de la saison qui s’est déroulé sur les quais du Vieux-Port le 20 août dernier. Pour faire partie des heureux participants, il fallait compter parmi les premiers à s’inscrire sur le site www.dinerenblanc.info, se munir de sa plus belle robe ou de son plus beau costume blanc et d’un panier de victuailles bien garni et accepter de faire confiance aux organisateurs de la fête, les seuls à connaître le lieu du rendez-vous jusqu’au tout dernier moment. Même la police n’avait pas été mise au courant de l’évènement et c’est grâce à Facebook que les participants se sont passé le mot. Tenus informés par courriels, les convives tout de blanc vêtus se sont donné rendez-vous aux quatre coins de la ville avant d’être menés en bus jusqu’au lieu du pique-nique secret où ils ont mangé sur des tables nappées de blanc avec de la vraie vaisselle et des serviettes en tissu avant de danser parmi les fleurs et les ballons blancs jusqu’au coup de trompe final à 23 h. Pour y participer à votre tour, il va falloir faire ami-ami Facebook avec l’un des participants de l’édition 2009; il faut être coopté pour être inscrit sur la liste blanche.
RESTAURANT CLANDESTIN
Venue de France, cette tradition du Dîner en blanc apparaît à Montréal presque en même temps que la mode des restaurants clandestins qui fait également des ravages à Paris. On parle ici de restos n’ayant pas pignon sur rue et dont l’adresse n’est divulguée qu’aux clients promettant de garder le secret le plus strict. À New York, à Buenos Aires ou à Paris, certains chefs ouvrent ainsi des établissements cachés (le plus souvent dans leur propre domicile), réunissant autour de leurs tables des convives triés sur le volet pour leur passion pour la gastronomie, l’adresse de leur site Internet ou de leur adresse courriel se transmettant grâce au bouche-à-oreille. À Montréal, nous avons nous aussi notre resto clandestin. Son nom? Hidden Market. Son adresse? Mystère et boule de gomme! Sur le site www.hiddenmarket.com, on apprend en revanche que "ce repaire gastronomique secret" se situe à quelques pas du Marché Jean-Talon, dans la coquette résidence de l’hôte, le chef et sommelier François. Chaque jeudi et vendredi soir, huit convives prennent place autour de sa table pour déguster un repas cinq services avec accord mets et vins. Le menu, inspiré du marché tout proche, change chaque semaine et est posté à l’avance sur le site www.hidden-market.blogspot.com, mais le lieu du rendez-vous n’est communiqué que trois jours avant le souper. Jeudi et vendredi 27 et 28 août, les participants pourront déguster une lasagne aux aubergines et fiore di latte; salade fève verte, oeuf de caille minute, huile de truffe et croustille de baguette, côte de cochonnet bio avec compote de pêche, gelée de cèdre, pelures de patates avec labneh et bacon; crêpes ginette aux bleuets flambées. Connaissant un succès grandissant, la table est de moins en moins secrète et affiche complet presque toutes les semaines jusqu’en octobre.
ANTI-RESTAURANT
Ces réjouissances secrètes ne font cependant pas le poids dans la hype-balance mondiale. Chers "sorteux" montréalais, j’ai même le regret de vous apprendre que les Torontois sont beaucoup plus doués que nous quand il s’agit de garder un secret. Allez faire un tour sur le site www.charliesburgers.ca pour découvrir le phénomène qui fait jaser les gastronomes du monde entier. L’anti-restaurant itinérant de Charlie accueille des chefs-stars dont la présence est tenue cachée jusqu’au dernier moment, proposant des menus de rêve, dans des lieux différents chaque fois. En remplissant le questionnaire sur le site, vous pourrez courir la chance d’être invités… ou pas… à l’un de ces dîners évènements pour la modique somme de 110 $. Munis de votre mot de passe, vous rencontrerez un des organisateurs au coin d’une rue de Toronto, avant d’être menés au lieu de la fête. Mais vous ne rencontrerez jamais Charlie… l’agent gastronomique tenant à garder l’anonymat.