Le local ayant longtemps abrité le Bazou a été racheté par un jeune chef. Alexandre Duchastel de Montrouge (il préfère se faire appeler simplement Alex) en est à son premier resto en tant que proprio, mais pas à sa première expérience côté cuisine. Il a fait ses classes au Chesterfield et au Pullman avant de se porter acquéreur en mars dernier de ce petit local du Quartier latin.
L’écrin où il exprime son talent a été rénové sobrement mais avec goût. Les teintes neutres de beige, beurre et brun mettent en vedette le rouge du plancher, la couleur vibrante de la grenadine et… de la passion. Celle d’un jeune chef (27 ans), dont on peut apercevoir la bouille sympathique à travers le passe-plat de la micro-cuisine où il officie avec ses acolytes.
À TABLE!
Notre repas débute par un amuse-bouche: mini-bouchées de gravlax, bâtonnets de concombre, mayo et mirin. Fin et délicat. La suite se décline soit par une table d’hôte, soit par un menu dégustation de cinq services. Allons-y pour la table d’hôte.
La table d’hôte (de 27 $ à 42 $) comprend une salade ou un potage, une entrée et un plat principal. En option: l’assiette de fromages québécois (10 $) et le dessert (7 $ ou 8 $). Le potage est aux champignons, un onctueux amalgame de pleurotes, shiitakes et champignons de Paris dont l’arôme boisé est fortement appuyé par le goût de la crème. Très riche et très français! La petite verdure, quant à elle, est un généreux mesclun dont les feuilles sont bien toniques.
En entrée, moyennant un supplément de 5 $, j’opte pour la crème brûlée de foie gras, qui est servie avec une quenelle de confiture de rhubarbe maison et de petits pains briochés, maison également, mais qui à mon avis manquent de moelleux. La fine couche caramélisée qui recouvre le foie gras lui donne son nom de "crème brûlée". Tout cela constitue une intéressante entrée en matière qui nous annonce de quel bois se chauffe notre jeune chef.
Comme plats principaux, nos choix s’orientent vers le saumon grillé et le magret de canard. Dans les deux cas, la cuisson est impeccable, surtout celle du poisson, matière si fragile et si aisée à rater. Le magret est servi sur une purée de courge musquée à l’ail rôti (le goût de l’ail prédomine), tandis que le saumon, cuit sur peau et dont l’intérieur est moelleux et le dessus croustillant, est déposé sur des pommes de terre rissolées. Monsieur le canard est accompagné d’une sauce aux bleuets aigre-douce, alors que Monsieur le saumon est agrémenté d’une vinaigrette citron-caprons. Dans les deux cas, les légumes d’accompagnement sont les mêmes: une demi-pomme de terre, quelques bâtonnets de carotte grillés et des haricots verts et jaunes. Disons que pour le saumon, ça fait pas mal de pommes de terre… et c’est un peu lourd. Hormis ce détail, l’ensemble est assez réussi.
Conclusion: on retient que le chef connaît suffisamment ses bases classiques pour se permettre des incartades contrôlées. Et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.
PETITES DOUCEURS
Le menu desserts est short & sweet. Quatre choix: fondant au choco, parfait glacé, crème brûlée à la fève de Tonka et yogourt aux fruits. Le yogourt a l’air banal, comme ça, mais pourtant, il ne l’est pas. Pourquoi? Parce qu’il est lié à de la crème chantilly à l’aide d’un siphon. Résultat: la texture est aérienne, le goût de la crème, présent mais subtil, et sa teneur en gras est diminuée grâce au yogourt. La mousse, striée par une confiture de cerises, repose sur une riche purée de framboises maison. Et ça se mange à la vitesse de l’éclair tellement c’est bon! Le fondant est riche en goût également, mais les bords sont trop secs et il est trop petit. Bien chaud, il est coiffé par une quenelle de glace vanille qui se liquéfie et se mélange rapidement au chocolat fondant.
EMBALLANT/
Une cuisine d’authenticité réalisée par un jeune chef prometteur dont la passion se traduit par son désir de créer le plus possible de produits maison, comme ses fonds de viande et ses purées de fruits.
DÉCEVANT/
L’exiguïté des lieux. Les tables minuscules, la proximité des convives et l’inconfort des sièges ne donnent pas le goût de s’éterniser. L’idéal, c’est d’avoir un spectacle ou un bon film qui nous attend, dans l’une des salles situées à proximité.
COMBIEN? /
Environ 80 $ pour deux, avant taxes et service. N’oubliez pas d’apporter votre vin!
QUAND? /
Du mardi au samedi, le soir seulement. Dimanche et lundi, ouvert aux groupes.
OÙ? /
Grenadine
2004, avenue de l’Hôtel-de-Ville
514 287-0099; www.grenadine.ca