Restos / Bars

Le Hobbit : Heureuses retrouvailles

Le souvenir que j’avais gardé du café-bistro Le Hobbit m’en a tenu éloigné pendant quelques années. Ma visite de ce soir a les allures d’une belle réconciliation.

Qu’est-ce qui a changé? La cuisine, certainement. Des lieux eux-mêmes, je n’avais presque plus aucune idée. Je les redécouvre donc, ces deux salles à manger – bondées à mon arrivée et archi-bondées moins de 30 minutes plus tard. Il y a foule jusque sur la terrasse, malgré ce petit vent frisquet qui nous rappelle que la canicule n’est pas éternelle. Entre ces murs de pierres grises, la bonne humeur règne parmi le personnel; l’accueil et le service s’en ressentent. Dans la première salle, où nous nous installons, mon amie et moi, de grandes et magnifiques photos en noir et blanc de Michel Dumontier décorent les murs. À gauche du bar, un miroir lui ajoute de la profondeur. Ça bouge et ça jase sur fond de musique klezmer. Pour le moment, le choix d’un apéro s’impose et, sur les conseils de celui qui nous a reçus, mon amie se laisse aller pour un rosé espagnol d’importation privée, Rasgón de María (Vino tierra de Castilla, 2008). Une Boris saura me satisfaire.

Des poissons passent, des burgers aussi, ainsi que des assiettes débordant de frites ou de salades… Je laisse errer mon indécision sur le tableau noir détaillant la table d’hôte: soupe de concombre au yaourt, carpaccio de cerf et copeaux de parmesan, ris de veau aux artichauts (sauce crémeuse au basilic), surlonge de bison au Grand Marnier, fettucine aux calmars, olives et féta… La carte n’est pas moins éloquente: canard confit, burgers, boudin noir, carré d’agneau, tataki de marlin en croûte de sésame et autres tentations se suivent et ne se ressemblent pas. Sans doute influencé par ma Boris, voilà que je me décide soudainement pour une épaule de lapin sauce à la bière. Quant à la suite… euh!… ce sera le perroquet sauce au gingembre. Pas l’oiseau, non; le poisson. Ma compagne hésite, jongle avec des pensées secrètes et s’épanouit enfin d’un grand sourire, comme si sa faim impérieuse commençait déjà à être satisfaite.

Ah, l’épaule de lapin: pas obèse – si l’on peut dire -, nappée de sauce, escortée de grands chips de patate douce et de quelques… feuilles. La première convie toutes mes papilles à festoyer et aucune ne s’abstient. "T’as l’air content…" Oh oui!… La chair est on ne peut plus délicate, fondante même, et la sauce semble être née pour elle. Mon amie y goûte et croit deviner que le chef s’est servi d’une épaule préalablement confite. De son côté, elle se défend assez bien avec l’impressionnante entrée qu’on lui a servie, en l’occurrence une salade betteraves, pommes et carottes. C’est là un savoureux mélange discrètement humidifié de vinaigre de cidre. Comme il pourrait constituer à lui seul un repas, la sagesse commande d’en laisser au moins la moitié.

Notre enthousiasme ne faiblit pas au service suivant – bien que je ronchonne contre l’exiguïté des tables chaque fois qu’un de mes ustensiles manque de tomber. Des cannelloni au canard et aux épinards, sauce aux champignons et au Douanier. La pâte des cannelloni est cuite juste à point; l’illusion d’un manque de sel se trouve vite balayée par la saveur franche du fromage. Un petit régal! Accompagné de salade, si je me souviens bien… À vrai dire, ce n’est pas mon assiette. Mon amie, patiente, m’a laissé y prendre mes aises, puis m’a gentiment signalé que mon poisson allait refroidir. J’allais l’oublier, celui-là! La sauce au gingembre et aux tomates, rouge et appétissante, s’étale en partie sur le filet de perroquet reposant, de biais, sur un lit de couscous judicieusement assaisonné (semoule et pois chiches imprégnés de sauce). La cuisson du poisson se révèle, comme pour le reste, parfaite. Et il m’arrive une chose tout de même rare: je vide toute mon assiette. Sans aucun remords, d’ailleurs: pour nous rendre à l’auto, nous devrons nous taper environ trois ou quatre coins de rue. Je veux même me rendre jusqu’au dessert, mais ce n’est là qu’un fantasme passager. Un café me suffit. Ma compagne idem.

Café Hobbit
700, rue Saint-Jean
Québec
Tél.: 418 647-2677
Menu du jour: 13 à 14,95 $
Table d’hôte: 15 à 22 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 86,91 $

LÉGENDE

Grande table:
Très bonne table, constante :
Bonne table :
Petite table sympathique :
Correcte mais inégale :

Pour d’autres critiques, consultez le site www.guiderestos.com