Restos / Bars

Chuan Xiang Qing : Dans le ventre du dragon

Ouvert depuis quatre mois, le Chuan Xiang Qing se distingue des autres restaurants du Quartier chinois par sa cuisine paysanne issue de la région du Hunan. Attention: chaud devant!

Pas évident à trouver, ce resto blotti dans le sous-sol d’une boutique de cadeaux porte-bonheur… Deux confrères gourmets m’avaient aiguillée: "C’est à l’angle de Clark et de La Gauchetière. Tu verras, c’est différent." Le fait que tous deux ont séjourné en Chine a fini par me convaincre d’y aller. Juste pour nous mélanger, l’adresse civique est affichée rue Clark, mais l’entrée donne sur de La Gauchetière. Indices: le resto se trouve en face du kiosque Bonbons à la barbe de dragon et dans l’édifice qui abrite le Centre du délicieux fast-food chinois. Ah! Le voilà!

Une fois les marches descendues, on atterrit dans une salle assez dépouillée, au décor factice composé de fleurs de plastique et d’un mobilier en mélamine et cuirette. Le plancher et les tuiles acoustiques au plafond laissent entrevoir quelques cernes. Suspendues, des lampes de papier en forme de masques comme ceux que l’on retrouve dans Tintin au Tibet nous jettent un regard peinturluré.

Un conseil: ne vous attardez pas trop au décor. Gardez toute votre attention sur le menu. C’est là que ça se passe.

À TABLE!

Le menu se parcourt comme un album photo. Chaque plat, représenté par un cliché, occupe une case avec, en dessous, une courte description en français et en anglais approximatifs. Il y a des mets pour les aventuriers, pour les douillets, et pour les moitié-moitié. Laissons aux aventuriers le soin d’explorer les plats de gros intestin de porc sauté, d’estomac sauté au piment, de rein (on n’indique pas de quoi), de cubes de sang de porc ou encore de têtes de poisson vapeur. Les douillets opteront pour les côtes levées sucrées et le poulet aux ananas. Les moitié-moitié (et nous en sommes!) choisiront des mets country style de crevettes, poulet, porc ou boeuf, bien épicés, généreux et baignant dans des sauces savoureuses.

À la manière des Chinois, nous commandons plusieurs mets à partager, en oubliant la notion d’"entrées-plats principaux-desserts": porc braisé, boeuf double-cooked, aubergines frites, pousses de bambou et riz collant. Par curiosité, nous commandons aussi la soupe d’alcool de riz.

Le porc braisé se présente sous la forme de gros cubes de lardon épais dont on distingue bien les parties couenne, gras et viande (comme dans une tranche de bacon). Dans un bol creux, ils sont entourés de petits pak-choïs et baignent dans une sauce rougeâtre, riche et savoureuse. Le boeuf, double-cooked, a subi, tel que son nom l’indique, deux étapes de cuisson. Les tranches émincées de viande sont mélangées à des morceaux d’oignon, de poivron vert, de piment lanterne et de Cayenne. Le tout est assez relevé et les saveurs, inhabituelles.

Côté légumes: les aubergines frites sont de variété chinoise. Fumantes et tendres, elles baignent dans l’huile chaude. Il faut faire attention de ne pas se brûler! Les pousses de bambou sont tranchées minces et mélangées à des lamelles d’oignon et de la peau de porc grillée. Un brûleur situé sous le plat en forme de petit wok garde la nourriture bien au chaud.

La soupe à l’alcool de riz est une curiosité en soi. Translucide, elle a une texture gélatineuse qui provient de l’amidon du riz. Des boules blanches façonnées avec de la farine de riz et qui évoquent des cocons de vers à soie nous donnent la sensation de croquer dans des jujubes moelleux. Malgré son apparence inhabituelle pour un Occidental, elle est savoureuse. Et comme elle a un goût légèrement sucré, elle peut à la fois ouvrir ou terminer le repas.

On arrose le tout de thé bien chaud que la serveuse s’empresse de nous servir dès notre arrivée.

Ces plats relevés, fumants et réconfortants sont bienvenus en ce début d’automne. Et ils resteront pertinents tout au long de l’hiver qui s’en vient.

PETITES DOUCEURS

Ne cherchez pas les desserts, il n’y en a pas. Vous persistez? Optez pour la soupe à l’alcool de riz décrite plus haut.

EMBALLANT /

Une cuisine paysanne issue de la région du Hunan, très épicée et différente de ce que l’on trouve habituellement dans le Quartier chinois.

DÉCEVANT /

Le service unilingue anglais. Mais le sourire et l’amabilité de Li, la serveuse, nous font accepter plus aisément cet inconvénient.

COMBIEN? /

Les plats varient entre 5,99 $ et 18,99 $. Ce qui veut dire qu’à deux, vous vous en tirerez facilement pour une trentaine de dollars, si vous choisissez un plat chacun. Une aubaine. Et si vous ne finissez pas vos assiettes (ce qui est fort probable), de petits contenants en styromousse vous permettront de rapporter les restes à la maison.

QUAND? /

Tous les jours de la semaine midi et soir, sauf le mardi.

OÙ? /

Chuan Xiang Qing
51-A, rue de La Gauchetière Ouest (en demi-sous-sol), Montréal
514 875-5390